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Paris FC-Lens : ces barrages qui protègent la Ligue 1
Ce soir, le Paris FC et Lens vont tenter de poser un quart de pied en Ligue 1. Ces pré-barrages ou play-offs, selon votre degré de « modernité », font partie du parcours du combattant que doivent franchir les prétendants de Ligue 2 pour avoir l’insigne honneur d’affronter le 18e de Ligue 1. Avec au minimum un match de plus dans les pattes. Vous avez dit inégalité des chances ?
Sur le principe, tout le monde partage plutôt un a priori favorable envers le concept des barrages. Cela prolonge les championnats, offre l’occasion de regarder 90 minutes à enjeu, et rajoute du piquant à un mois de mai de plus en plus ennuyeux. Enfin, de facto, ce système insuffle normalement un peu de la magie de la Coupe dans un exercice qui consiste basiquement, malgré tout, soit à sauver sa peau, soit à sauver sa saison. Des remords ou des regrets, la poésie du football ne change guère. Telle est la promesse ! Seulement, le rétablissement de ces matchs couperets n’a évidemment en rien répondu à une quelconque volonté de réenchanter notre football tricolore, d’écrire de nouvelles légendes, de ressusciter ces moments magiques (survie miraculeuse dans l’élite de l’OM en 1952 face à Valenciennes à… Bauer, remontada niçoise de 1990, etc.) qui ont laissé des traces impérissables dans les annales françaises du ballon rond. L’injustice pouvait être cruelle, elle avait du sens.
Ligue fermée ?
Si prompts à dénoncer la fermeture des portes en Ligue des champions, la LFP et ses honorables membres, en tout cas les plus puissants, s’avèrent de fait les premiers à rêver à domicile d’établir une ligue fermée. Le contexte général, où le gap entre Ligue 1 et Ligue 2, notamment sur le plan économique et même de la visibilité médiatique, favorise déjà les pensionnaires « habitués » au plus haut niveau de notre football. Cela ne suffisait apparemment pas. En instaurant, non pas par exemple une simple confrontation aller-retour entre le 3e de L2 et le 18e de L1, mais d’abord une série d’obstacles à surmonter, surtout pour des équipes épuisées par le rush final et parfois les dernières rencontres décisives, le choix a clairement été fait de favoriser « la famille » . Même parmi les prétendants, ceux qui ont connu l’ivresse des chocs contre le PSG ou l’OM seront forcément mieux armés que les novices qui multiplieront les confrontations avant de venir, s’ils le peuvent, regarder dans les yeux le capitaine, peut-être, de Monaco, Caen, Amiens ou Dijon.
Parcours du combattant
C’est donc peu dire que le Paris FC n’est pas structurellement le favori pour décrocher le précieux sésame. Pourtant, les arguments en sa faveur ne se comptent plus. Un grand club formateur, le potentiel et enfin second club dans la capitale, qui plus est inattendu à cette place. Sauf qu’après avoir dû cravacher durant 38 longues journées, il va d’abord se frotter à un RC Lens qui se doit – et doit à son public et ses supporters – de renouer avec l’élite, et qui a malgré tout, sans manquer de respect à personne, une plus longue et récente histoire avec la Ligue 1. Et si après ce premier choc, ils sont toujours vivants, les petits gars de Paname iront se coltiner Troyes, même profil et peut-être un des fonds de jeu les plus attrayants de la Ligue 2 version 2018-2019. Et s’ils y survivent, un « gros » , peut-être même un princier avec un budget de 215 millions (12 pour le PFC) les attendra tranquillement reposés, avec le retour à domicile.
Toutes les hypocrisies sont possibles dans le foot, on l’a encore vu avec le port ou non d’un brassard arc-en-ciel, mais il faudra beaucoup de langue de bois pour essayer de nous faire croire que désormais, il est devenu plus simple et plus ouvert de découvrir le bonheur ultime sous les auspices des magasins d’ameublement et des droits télé en milliards d’euros. L’an dernier fut un coup pour rien, avec l’offense absolue faite aux Havrais, et ensuite la punition assénée aux Ajacciens, pendant que les Toulousains soufflaient d’aise. On doute beaucoup de vivre une autre issue cette saison, sinon avec moins de violence.
Par Nicolas Kssis-Martov