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Paris et l’impossible régime d’été
Comme l'été dernier, le PSG doit vendre et galère à refourguer les joueurs dont il ne veut plus. Pas évident quand on a amassé une pelletée de boulets dont pas grand monde ne veut.
« Ta ta taaaa, tatatata ! » Ça y est. Amélie, dermatologue à Dax, vient de déboiter Bastien, responsable d’une société d’électro-ménager de la région de Colmar, dans l’épreuve finale du Face-à-face. Les trompettes vrombissent, le générique de Questions pour un champion fait trembler les murs, et Samuel Étienne n’a plus qu’à boucler l’émission avec les formalités habituelles. Le sympathique Bastien rentrera dans le Haut-Rhin avec un dictionnaire amoureux des oiseaux sous le bras. Quant à Amélie, elle se retrouve dans la même situation que Néo face aux pilules de Morpheus : deux possibilités, un seul choix à faire. Et comme la championne du jour n’est pas du genre à trembler, elle assène d’une voix assurée : « Je reste. » Deux mots plutôt simples à prononcer, qui ne nécessitent pas de séances chez l’orthophoniste, mais que Neymar a quand même eu un mal fou à aligner.
Clairement, on ne peut pas dire que le Brésilien soit allé vite en besogne pour calmer les rumeurs de transferts autour de sa petite personne, et il a fallu attendre le 19 juillet dernier pour l’entendre dire distinctement : « Je reste à Paris. » Ça a été long, mais au moins, la galaxie du PSG en est sortie soulagée. En revanche, les dirigeants parisiens se frottent beaucoup moins les mains quand ce sont Jesé, Bahebeck ou encore Di María qui rechignent à hisser les voiles. Car pour tout un tas de raisons – fair-play financier, logique sportive, etc. -, le PSG doit vendre. Et alors que le chassé-croisé en juilletistes et aoûtiens a déjà eu lieu sur l’autoroute A6, le club parisien n’a pas encore mis grand monde à la porte.
Poussière sous le tapis
En plus, Nasser et son staff ont tout fait pour se mettre des bâtons dans les roues en recrutant mal, trop, et trop cher. Conséquence, au moment de dégraisser, il faut vendre beaucoup et bien. La saison dernière, après avoir chopé Neymar au Barça et Mbappé à Monaco, Paris n’avait réussi à vendre que Aurier, Matuidi, Augustin, Sabaly, et Lucas au mercato hivernal. Des opérations qui avaient fait entrer à peine plus de 100 millions d’euros dans les caisses. Soit à peu près le prix de Neymar s’il était un homme-tronc. Et un an plus tard, Paris a toujours autant de boulets sur les bras. Après des mois d’atermoiements, Javier Pastore (Roma) a enfin trouvé preneur, et le dossier Berchiche (Bilbao) a été rapidement expédié en début de mercato. Mais à part ça, la capacité du PSG à bazarder ses indésirables est proche du néant.
Pire, les patrons de la boutique ont enchaîné les mauvais calculs ces dernières années en envoyant des joueurs en prêt comme on met de la poussière sous un tapis, Jesé et Bahebeck par exemple. Deux garçons qui n’ont convaincu personne de les acheter, et qui reviennent aujourd’hui à Paris comme des boomerangs qu’on prend en pleine gueule. Autre erreur : espérer de la Coupe du monde qu’elle permettrait à des joueurs de faire grimper leur valeur marchande. Krychowiak a été affreux et Guedes n’a pas été le monstre annoncé. Résultat, le premier vient d’être prêté au Lokomotiv Moscou tandis que le second n’a pas vu son option d’achat levée par Valence. Le Portugais voulait rester en Espagne, le club parisien veut le vendre mais en demande trop, bref, le sac de nœuds est solide.
Druckérite
Depuis qu’on a retrouvé le cadavre d’Hatem Ben Arfa dans un placard du Parc des Princes, tout le monde sait que le PSG n’a aucun souci à martyriser ses joueurs en leur offrant une saison blanche s’ils ne partent pas quand on le leur demande. Guedes ou d’autres joueurs du PSG sont-ils susceptibles de se retrouver dans la même situation ? Autre cas de figure, celui de ces joueurs à fort potentiel commercial avec lesquels Paris ne sait plus sur quel pied danser. Ángel Di María est sur la liste des partants potentiels depuis des lustres, mais pourrait décider de continuer son aventure parisienne. Adrien Rabiot reçoit des déclarations d’amour de Thomas Tuchel toutes les semaines, mais fait toujours miroiter un départ au Barça. Areola veut être titulaire et n’a aucune garantie sur son temps de jeu avec l’arrivée de Buffon, mais Paris souhaite le garder. Kevin Trapp voulait partir il y a six mois, et semble avoir changé d’avis depuis.
Et comme Thomas Tuchel a l’air d’être un très gentil monsieur, bien éduqué et plein de bonnes intentions, il n’a toujours pas haussé publiquement le ton pour faire dégager quelques joueurs parasites. Le nouveau coach du PSG semble aimer tout le monde et c’est tout à son honneur, mais ce n’est pas en étant atteint de druckérite qu’on parvient à faire le ménage dans un vestiaire surchargé. Et alors que les derniers joueurs encore en vacances rentreront juste après le Trophée des champions, Paris a encore un mois pour mettre ceux dont il n’a plus besoin sur Le Bon Coin. Où se trouve sans doute le dictionnaire amoureux des oiseaux de Bastien.
Par Alexandre Doskov