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Paris, enfin le grand huit

Par Théo Denmat
5 minutes
Paris, enfin le grand huit

Titré à la faveur du match nul entre Lille et Toulouse, le PSG décroche son huitième titre de champion de France. Une saison française encore une fois maîtrisée à la quasi-perfection, mais que les résultats récents du club auront presque réussi à draper d'un voile noir. Fort.

Attention, Christophe Galtier agite le drapeau à damier en bikini : voilà la folle embardée stoppée un 21 avril, date d’anniversaire de la reine d’Angleterre. Une femme qui s’y connaît plutôt pas mal en hégémonie. À la faveur du match nul 0-0 entre Lille et Toulouse, le PSG est titré ce dimanche comme il le méritait depuis deux semaines. Sans jouer. Et en ayant presque réussi l’exploit de faire oublier qu’il avait survolé le championnat. Car la mémoire à court terme placée de côté, il faut se rendre à l’évidence : le grand huit de Paris aura été cette année une attraction plus ébouriffante pour ceux qui en étaient témoins depuis la file d’attente que pour les veinards qui y avaient embarqué. Peu de turbulences, peu de hurlements. Blessures exceptées, Paris aura traversé ce championnat comme un lamantin dans la mer de Béring, tranquillement.

Habituelle décompression

Explications : huit donc, comme le nombre de championnats de France désormais remportés par Paris, soit autant que l’AS Monaco et le FC Nantes. Huit aussi comme le nombre de tentacules de la pieuvre ou de pattes de l’araignée, deux bêtes qui se posent là en matière de mainmise sur leurs congénères. Huit, comme le nombre de salopards représentés dans un film de Tarantino injustement descendu, ou comme les côtés de l’octogone dans lequel les Parisiens ont boxé leurs adversaires français cette saison. K.O, étranglement, arrêt de l’arbitre, c’est au choix. Huit, enfin, comme le nombre de planètes dans le système solaire, façon de dire qu’il aurait fallu qu’un bon nombre d’entre elles s’alignent pour offrir l’Hexagoal à quelqu’un d’autre. Lille, en l’occurrence.

La vérité, c’est que cette fin de saison ressemble furieusement à ce qu’est le PSG d’aujourd’hui : lorsque l’occasion de briller pointe le bout de son nez, Paris trouve souvent le moyen de fermer les volets. Initialement, le couperet aurait dû tomber au moment de la défaite surprise des Nordistes à Reims, au Parc, contre Strasbourg. Malheureusement pour le scénario, Thierry Laurey traînait par là, lui et ses index mouillés devenus spécialistes dans le sabotage des feux d’artifice. À défaut, aller chercher son titre en découpant la dorsale de son dauphin, à la régulière, aurait eu de la gueule : là encore, mission échouée. Puis est venu Nantes dans l’anonymat d’une soirée de Ligue des champions, énième et « pire » revers depuis l’arrivée de Thomas Tuchel.

Canapé confortable, mais peu esthétique

C’est donc de manière fort logique, dans leur canapé, que Verratti et ses potes se voient offrir ce dimanche après-midi le fast pass de la paresse, la garantie de passer une fin de saison reposante dont la finale de Coupe de France, le 27 avril prochain contre Rennes, sera la seule sucrerie. Une période toujours compliquée pour un club dont le toit du stade pourrait être frappé du slogan : « Qui peut le plus peut le moins » une fois les enjeux évanouis, comme, par exemple, l’an dernier. Les Parisiens n’avaient alors récolté que trois points sur leurs quatre derniers matchs, au grand bonheur de Caen qui louchera cette saison sur le déplacement du PSG à Dijon lors de l’avant-dernière étape.

L’essentiel : le club de la capitale a passé un cap cette saison en se trouvant un entraîneur. Un coach qui devrait prolonger jusqu’en 2021 d’ici quelques semaines, même s’il réfute dans un sourire en être certain, mais qui a surtout su aplanir les ego pour élever les niveaux. Un gars qui aura su faire beaucoup avec un effectif réduit à peau de chagrin et infiniment disparate d’un point de vue sportif, et dont les essayages tactiques auront filé quelques céphalées régulières à ses homologues de Ligue 1. On ne compte plus les fois où il s’est plaint de ne pouvoir aligner sept remplaçants sur ses feuilles de match, ne serait-ce que mercredi dernier à Nantes, où ils étaient cinq. Un chiffre : sur les 38 journées de championnat, le PSG aura été 37 fois à la première place. La seule exception, c’était au soir de la première, le 12 août dernier, où le 3-0 collé à… Caen n’était devancé que par le 4-0 de Marseille contre Toulouse. Mieux, si l’on compte la saison dernière, Paris aura occupé le fauteuil de leader à 73 reprises sur 76 possibilités. La Ligue 1 est décidément une ruelle à sens unique, où le PSG conduit un Hummer.

Un octobre déterminant

Difficile cette saison de capter l’instant où le titre est devenu une certitude. Menacé d’un crampon sous la gorge, on le daterait probablement à ce mois d’octobre qui aura vu Paris successivement coucher l’OL (5-0), Amiens (5-0), Marseille (2-0) et Lille (2-1). Le tout avec une impression de tranquillité nouvelle et rarement remise en question, sauf à Strasbourg en décembre et avril (1-1 puis 2-2 après avoir été mené), au Groupama Stadium début février (2-1) et Lille et Nantes plus récemment, pour les trois seules défaites de la saison en championnat. En étant sacré au soir de la 33e journée, Paris échoue à égaler son propre record de précocité, celui de la saison 2015-2016, ère Laurent Blanc. Il y en a d’autres à aller chercher en consolation, et ce sera là tout l’objet des enjeux à venir : record de points (96), buts (118), victoires (30), écart avec son dauphin (31)… En attendant, l’entraîneur allemand n’a lui parlé que d’une seule chose : les « trois ou quatre recrues » qu’il souhaite pour l’an prochain. L’avantage, c’est que Metehan Güclü pourra dire qu’il compte un titre de champion de France de plus que Florian Thauvin.

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