- Ligue des champions
- 1/4 de finale
- PSG/Chelsea (3-1)
Paris chante le blues
En s'imposant 3-1 grâce à ses Argentins Lavezzi et Pastore, le PSG aborde le retour à Stamford Bridge dans une situation plus que favorable. Il faudra tout de même ne pas regretter ce but encaissé sur pénalty. En attendant, le rêve.
PSG – Chelsea (3–1) E. Lavezzi (4′), D. Luiz (61′ csc), J. Pastore (91′) pour PSG , E. Hazard (26′) pour Chelsea. Comme l’a dit un jour Gianluca Vialli : « C’est quand le jeu devient dur que les durs deviennent bons. » C’est peut-être pourquoi Lavezzi a été aligné, et non Pastore ou Lucas. Grand bien en a pris Laurent Blanc. L’Argentin, comme à son habitude, a couru partout comme un beau diable. Et surtout, il a été décisif, avec un but magnifique et un coup franc dévié dans ses buts par David Luiz. Autre bonne surprise, Christophe Jallet. L’ancien Chamois, annoncé comme le maillon faible parisien et à qui on promettait l’enfer Hazard, s’est baladé dans son jardin en forme d’Eden, labourant son côté avec la ferveur de l’amoureux de la terre qu’il est. En face, Chelsea s’est contenté d’être rigoureux en défense et de jouer les contres à fond. Un plan de win ugly presque aussi moche que le pull de Mourinho, déguisé en mannequin Celio pour l’occasion, qui aurait pu marcher, comme il l’a souvent fait par le passé. Mais Hazard, après avoir marqué sur pénalty, a seulement trouvé le poteau sur une belle volée.
Lavezzi fait rugir le Parc
Dès le début du match, Marco Verratti, contrairement à ses habitudes, frappe. Mais fidèle à ses principes, le PSG confisque le ballon et doit subir le pressing tout-terrain de Chelsea. À la technique parisienne, les Blues opposent leur engagement physique, à l’image de David Luiz. Heureusement, nous vivons dans un monde parfait, où la beauté est récompensée. Matuidi déborde et envoie un ballon que Terry repousse maladroitement de la tête plein axe. Lavezzi contrôle de la poitrine et met une mine sous la barre. Čech est trop court, le Parc peut vibrer. Un but qui ne change pas fondamentalement la physionomie du match, même s’il oblige Chelsea à faire un minimum de jeu. Et quand on a le ballon et des joueurs de la qualité d’Hazard, on est dangereux. Irrémédiablement. Sauf que Thiago Silva et son masque de super-héros volent trop haut et qu’Alex a déjà régné sur la perfide Albion. Le match est haché, disputé, indécis. Un match d’hommes, pour les hommes, où les tacles sont à la mesure de la pluviométrie outre-Manche. Dans ces conditions, Chelsea reprend le contrôle des opérations. L’arbitre finit par siffler pénalty pour un tacle de Thiago Silva sur Oscar dans l’angle de la surface. Hazard transforme la sentence, d’une frappe limpide qui prend Sirigu à contre-pied. Il faut se rendre à l’évidence : les Parisiens perdent trop de ballons pour espérer mieux. Et sur coups de pied arrêtés, difficile d’aller chercher les colosses de Londres. Paris passe tout près de la punition lorsque Hazard reprend de volée un centre venu de la droite. Sa frappe heurte le poteau. La rédemption n’est pas loin non plus quand Cavani s’effondre de la surface, apparemment écrasé par Cahill, mais l’arbitre n’est pas de cet avis. Et montre le chemin des vestiaires.
Le football, et Javier Pastore
La rencontre reprend doucement. Il n’y a guère que la folie de Verratti dans la relance pour apporter un peu de piment. Ça, et les chevauchées chaussettes hautes de Christophe Jallet. Et puis cette tête de Lavezzi, absolument seul dans la surface adverse, qui passe juste au-dessus des cages de Čech. Chelsea ferme le jeu, trop content de ce but à l’extérieur, et gère tranquillement les longs ballons du milieu de terrain parisien, incapable de trouver un Zlatan complètement transparent. Transparent, comme André Schürrle, qui rejoint la longue liste des Allemands ayant disparu et cède sa place à Fernando Torres. Transparent, c’est ce qu’aurait aimé devenir David Luiz, qui dévie un bon coup franc de Lavezzi dans ses propres filets. Et le match s’emballe. Ibra frappe après un centre en retrait de Jallet, décidément intenable, mais sa frappe est contrée. Sur le contre, c’est celle d’Hazard qui subit le même sort. On voit plus de dribbles, de courses, d’appels. Plus de football tout simplement. Une situation propice à Lucas, remplaçant au pied levé d’un Zlatan claqué. Mourinho réplique en faisant entrer Lampard. La jeunesse contre l’expérience. C’est la première qui est tout près de se montrer décisive, avec un slalom digne d’Isola 2000, mais Cavani gâche l’offrande. Comme à peu près tout ce qu’il entreprend ce soir. D’ailleurs, l’Uruguayen a le but de la qualification au bout de son pied, mais sa frappe enroulée fuit le cadre. Dommage, parce que Paris domine nettement cette fin de match, et que les contres londoniens sont tués dans l’œuf. Laurent Blanc offre un peu de spectacle en faisant entrer Javier Pastore. Ce que l’Argentin offre avec plaisir. Contrôles orientés, passes de l’extérieur, Javier régale. Et puis la magie… dans la dernière minute des arrêts de jeu. Un, deux, trois, quatre joueurs effacés sur le côté droit. Une frappe limpide au ras du poteau dans un angle impossible. L’histoire.
Par Charles Alf Lafon