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Paris champion, merci Diané
Il ne manquait qu'un seul joueur sur le bus à impériale sur Paris SG pour rendre la fête parfaite. Ce mec, c'est Amara Diané. Un type qui a planté un doublé à Sochaux en 2008. Un simple fait d'armes qui le canonise à tout jamais dans l'histoire d'un club pas vraiment comme les autres.
Quelque part dans un appartement cossu d’Abou Dabi, Amara Diané, 30 piges, va passer un samedi soir tranquille, à savourer devant sa télé sur son canapé cuir d’un designer local à la mode. Sa vie est simple : appart-centre d’entraînement-sieste-télévision. Pourtant, à plusieurs milliers de bornes de là, le Paris SG va rencontrer le Stade Brestois et fêter un troisième titre de champion de France. Quelque part, le boulon géant que représente cette horreur d’Hexagoal revient un peu à l’Ivoirien. Jérémy Ménez a claqué le but du titre. Amaradinho, lui, a planté un doublé salvateur un soir de mai 2008 sur la pelouse de Bonal. Un combo tout aussi important. Et dont tout le monde se souvient…
Cinq ans ont passé depuis cette soirée où le PSG devait sauver sa peau dans l’élite. Un match couperet où le président sochalien de l’époque, Jean-Claude Plessis, avait promis une prime de 3500 euros par tête à ses joueurs en cas de victoire face au PSG. Un peu parce qu’il s’agissait de son dernier match comme patron des Lionceaux. Beaucoup parce qu’il voulait aider le RC Lens de son pote Gervais Martel, lui aussi en position délicate au classement. Ce PSG-là, c’est celui de Michel Moulin, venu faire le Yannick Noah de base pendant quelques semaines durant ce printemps 2008. A l’avant-match, le chauve à l’accent trop prononcé s’emboucane d’ailleurs avec Plessis au sujet de la fameuse prime. Le ton monte.
Mais tout ça, Diané s’en fout. Il est dans son monde. Les paupières à moitié fermées. On a souvent l’impression qu’il dort debout, Amara. C’est son style, quoi. Forcément, il ne voit pas l’union sacrée décrétée par tous les dirigeants du club quelques semaines auparavant, quand le PSG était relégable en plein mois de mars. Dans le parcage de Bonal, les supporters parisiens sont venus en masse pour soutenir les leurs. A l’époque, on bâchait encore. Authentiks, Supras Auteuil, Lutece Falco, PSG Clubs, etc. C’était l’ancienne école. Le mec au méga avait un bob jaune. Comme le Ricard. Les calicots avaient de la tronche. Ça se donnait des torgnoles avant le match comme à chaque dernier déplacement de la saison, parce qu’il « fallait régler les comptes » . Le PSG ne se déplaçait jamais seul. C’était comme ça. Ni mieux, ni pire. Juste différent.
Un but au ralenti
Mais on ne retiendra pas cette image de Bonal. Pas cette fois. Le match ? Un cauchemar. Diané ouvre le score à la 22e. Tout baigne, le PSG se maintient. Sauf que Landreau encaisse un caramel à quinze minutes de la fin. Encore un but et c’est la fin pour le club de capitale. Direction l’étage inférieur. Les mâchoires se crispent. C’est tendu. Les poings sont serrés et les chants se font moins soutenus. A cette époque, les déplacements étaient des épreuves. Un investissement pour voir l’ennui sur le terrain. Quand on aime, on ne compte pas.
Il reste moins de dix minutes. Grégory Bourillon prend la gonfle et tente une folie : une passe en profondeur. Sur le côté droit de la surface, l’Ivoirien glisse et tente un tir croisé complètement improbable. Autant que la sortie aux fraises de Richert, en tout cas. Le ballon passe. Roule le long de la ligne de but. Lentement. Très lentement. Il termine sa course dans les ficelles. Un but dégueulasse mais ô combien précieux. Il est synonyme de maintien.
à regarder en coupant cette dégueulasserie de son
Honnêtement, quand on aime le PSG, on se souvient exactement où l’on était le 17 mai 2008 lors du but du numéro 11 du Paris SG. Parce que ce but en bois est une madeleine de Proust. Un caramel qui rappelle ce qu’était le club avant l’arrivée du Qatar et le Plan Leproux. Pas question de cracher sur l’évolution du club. C’est ainsi. C’est la vie. Bien ou pas, le débat est ailleurs. Le fait est que ce PSG-là savait se faire aimer parce qu’il souffrait avec ceux qui le suivaient. Il ne maîtrisait rien. Ne prévoyait rien. Et surtout, il nous ressemblait. Il était imparfait. Amara Diané n’a pas été un joueur exceptionnel. Loin de là. 16 buts en championnat en 71 matches. Pas certain qu’il ait vendu beaucoup de maillots à son blase d’ailleurs. A cette époque, la star c’était Pauleta. Un vieux briscard que l’on laissait sur le banc les soirs de matches à l’extérieur à la fin de son règne dans la capitale. Diané était un type comme le PSG en a eu des tonnes. Les Séchet, Calderaro, Leroy, Madar, Reinaldo, Ateba. Des noms que chaque amoureux du Parc des Princes a au moins scandés une fois dans sa vie.
Diané, ce black qui a sauvé un club gangréné depuis vingt piges par des problèmes de racisme entre supporters.
Diané, ce mec que le club a préféré lourder au Qatar contre un gros chèque de 6 millions d’Euros.
Diané, ce joueur qui a sauvé le PSG de l’humiliation en 2008.
Diané, ce joueur tout à fait banal qu’une partie du Parc a pris plaisir à idolâtrer à chaque accélération balle au pied depuis un but fou contre Rennes.
Alors oui, on l’a encore vu au Trocadéro, le PSG n’est définitivement pas un club comme les autres. Alors autant rendre hommage à une histoire pas tout à fait comme les autres. Celle de Diané. Un soir de mai 2008. Dans le Doubs. Parce que le PSG, c’est aussi ça.
Par Mathieu Faure