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Paris, ces écrans géants qui ne passent pas
C'est désormais une certitude, il n'y aura pas d'écrans géants en plein air mis à la disposition des Parisiens désireux de suivre les trois premiers matchs des Bleus lors du Mondial brésilien. Une décision qui pourrait évoluer selon le parcours des Bleus. En attendant, c'est donc depuis les bistrots ou les canapés que les Parisiens devront suivre la bande à Didier Deschamps.
L’annonce en a déçu plus d’un. D’ordinaire, l’un des bons côtés d’un Mondial de football, c’est de pouvoir suivre les matchs de la sélection nationale sur écrans géants, entourés d’une foule d’inconnus, tous unis durant une heure et demie pour vibrer derrière les Bleus. Et oui, même si, pour la concentration, il est plutôt conseillé de visser son cul sur son canap’, rien ne vaut l’ivresse de la foule au moment où le ballon franchit la ligne de but de l’équipe adverse. Pendant une fraction de seconde, le temps se fige, tout s’arrête. Puis vient l’explosion. À ce moment précis, plus rien ne compte ou presque. Et peu importe si votre voisin de match ressemble à la caricature parfaite du footix, vous lui sautez dans les bras et lui écrasez la cage thoracique aussi fort que si c’était votre pote de vadrouille. Si tout au long de l’année, vous avez regardé vos pieds dans les transports en commun, n’osant pas croiser le regard des quidams de peur d’être embarrassé, tout cela disparaît autour d’un match de foot sur écran géant. Le football a ça de beau qu’il permet l’espace d’un instant de mettre de côté tous ses a priori pour célébrer ensemble un but de Giroud, Benzema ou Valbuena.
Les démons du passé resurgissent
Pourtant en cette nouvelle année de Coupe du monde, les Parisiens qui resteront bloqués dans la capitale n’auront pas ce plaisir. La préfecture de police de Paris a décidé que rien ne serait organisé pour permettre aux supporters français de regarder les trois premiers matchs de l’équipe de France. Contacté par So Foot, la mairie de Paris a d’abord évoqué une question budgétaire. Les caisses ne débordant pas de cash, les dépenses de la municipalité parisienne sont sévèrement contrôlées. Surtout, la décision de ne rien organiser à Paris durant les matchs de poule des Bleus a été justifiée par des expériences passées (2010 et 2012) jugées trop peu convaincantes. « Lorsque de tels évènements ont été organisés ces dernières années, l’affluence a été très faible » , nous explique cet employé de la mairie de Paris. Il faut dire que depuis maintenant 4 ans, le divorce entre la sélection française et le public est bien consommé. L’image, que certains jugent négative, dégagée par les Bleus, conjuguée à leurs résultats en dents de scie, n’a certainement pas aidé à tisser des liens solides avec la population française. La donne paraît pourtant avoir changé depuis peu. Il semble en effet que les Français soient plutôt enthousiastes à l’idée de voir jouer l’équipe de France au Brésil. Les derniers résultats probants (victoire contre l’Ukraine 3-0 et la Norvège 4-0) ainsi que le jeu proposé sur le terrain y sont sûrement pour quelque chose.
« Si les Bleus vont en quarts… »
Cependant, cette décision n’est pas irrévocable, comme on nous l’a précisé à l’hôtel de ville : « Si les Bleus se qualifient pour un quart de finale, peut-être même pour un huitième, ce qu’on leur souhaite de tout cœur, peut-être que nous songerons alors à organiser une projection sur écran géant dans Paris. » Selon Le Parisien, la raison budgétaire invoquée n’est pas forcément celle qui a pesé dans la balance à l’heure de prendre une décision. Les incidents ayant émaillé la célébration du titre de champion de France du PSG au Trocadéro en 2013 auraient fortement dissuadé la préfecture de police de Paris. Joint par téléphone, celle-ci a confirmé cette information à demi-mots : « Oui, il y a des questions évidentes de maintien de l’ordre public. » Au-delà de ce simple élément de langage, il est clair que « les expériences passées » (comprendre : les débordements du Trocadéro), n’ont pas joué en faveur d’un dispositif d’écrans géants.
Le « fan park » de Hyundai tombe à l’eau
Si les autorités publiques ont fait leur choix, rien n’empêchait cependant les entreprises privées de proposer de tels évènements publics. C’est d’ailleurs ce qu’a fait Hyundai, le constructeur automobile coréen, en demandant l’autorisation de mettre sur pied ce qu’il appelle un « fan park » , afin que toutes celles et tous ceux voulant regarder des matchs du Mondial en plein air puissent y trouver leur compte. Ce phénomène n’est pas nouveau puisque la marque avait déjà organisé un rassemblement similaire lors des précédentes compétitions de football (Mondial 2010, Euro 2012). Pourquoi alors la préfecture a-t-elle refusée cette année ? « Hyundai voulait installer son « fan park » au Trocadéro. Mais avec les célébrations du 14 juillet à venir, cela devenait très compliqué » , nous a-t-on répondu. Finalement, malgré la possibilité qui était donnée par les autorités au groupe étranger de choisir un autre lieu d’installation, celui-ci a finalement décidé de laisser tomber le projet. Non sans un certain regret : « C’est dommage pour la France, lâche le chargé de presse. Ce projet verra le jour dans de nombreuses villes comme Turin, Londres ou Madrid. Mais pas Paris… » Il faut dire aussi que le choix du Trocadéro n’était pas anodin pour la marque automobile. En terme d’image, la carte postale avec la tour Eiffel en fond, ça en jette certainement plus qu’une installation au bord du périph parisien. Si vous aviez en tête d’aller faire la fiesta à Paris devant un bon match des Bleus sur écran géant, il faudra donc patienter un peu en croisant les doigts pour que les hommes de Didier Deschamps passent les phases de qualification. Ce sont les barmans parisiens qui doivent déjà se frotter les mains.
Par Aymeric Le Gall