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- Liverpool-PSG (3-2)
Paris, caractère amer
En s'inclinant au buzzer face à Liverpool, le PSG va encore une fois alimenter la bile de ceux qui lancent, à raison, que la bande à Silva manque d'un mental. Un bel arbre qui cache la forêt.
Point positif : on y a presque cru, c’est mieux que d’habitude. Il fallait se pincer bien fort avec les ongles pour y croire, peut-être, mais l’amateur de football aurait eu raison de céder à la tentation de penser, l’espace de sept minutes, que c’était la bonne. Ça y est, Paris s’est acheté un mental. La prestation parisienne était brouillonne, sans enseignements, d’une pauvreté technique et tactique assez effrayante, oui, mais la seule vérité étant celle du résultat, on pouvait légitimement considérer à 2-2 que le travail était bien fait.
C’était compter sans un foutu briseur d’espoirs, un bonhomme-cyclope dont l’œil gauche n’avait pas pu lui permettre de commencer la rencontre, histoire de mieux faire basculer la rétine des supporters parisiens en fin de match. Un crochet, une frappe du droit entre une forêt de jambes, et voilà que Firmino offrait la victoire aux Reds.
C’est donc la troisième fois que Thomas Tuchel perd dans les arrêts de jeu contre Jürgen Klopp : – 24/09/2011 : Mayence 1-2 Dortmund (Piszczek)- 14/06/2016 : Liverpool 4-3 Dortmund (Lovren)Et ce soir, donc. #LIVPSG
— Ali Farhat (@derpariser) 18 septembre 2018
La force mentale, pour ne pas parler d’autre chose
C’est une constante depuis plusieurs saisons, un sujet d’inquiétude et de discussion latent entre spécialistes qui cherchent souvent quoi raconter après un match raté du PSG, tant l’offre tactique fut parfois pauvre à décrypter. Paris a-t-il la mentalité pour être un champion ? Paris y a-t-il seulement cru contre le Real, l’an passé ? Paris a-t-il des gagneurs dans son effectif ? Au-delà des gros titres des émissions sportives du soir et des manchettes de journaux, la question de la force mentale du PSG est en réalité démonstratrice d’un tout autre problème. Que propose Paris tactiquement ? Quels ressorts étaient les mauvais ? Lesquels étaient les bons ? Comme trop souvent ces dernières saisons, on ressort d’un match du PSG sans y avoir compris grand-chose, seulement capables d’argumenter que cette fois, les Parisiens ont montré une force de caractère suffisante pour arracher le nul, ou ne pas perdre trop lourdement.
Il faut le souligner, on attendait une rouste. Thomas Meunier l’a d’ailleurs souligné en fin de rencontre, Liverpool s’avançait sur ses terres en position de finaliste de l’édition précédente, avec les certitudes collectives qui vont avec. Il disait même plus, en l’écoutant encore un peu : « Manquer d’ambition ? Je ne pense pas, non, pas du tout.(…)On a joué un peu trop défensif. Mais on a montré que l’on avait du caractère dans les moments difficiles. » En craquant à une minute trente de la fin, Paris a en effet montré que son mental, à défaut d’être imperméable, avait le mérite d’exister. Le mérite d’avoir retourné une situation présumée perdue en un match nul plus que positif, au regard de l’opposant et du lieu. On était presque tenté de glisser qu’il était là, le premier effet Tuchel. On attendra pour les leçons de football, le caractère fait le travail en attendant.
« L’expérience forte » comme facteur de progression »
Thiago Silva avait d’ailleurs atterri en terre anglaise en appuyant sur ce fait, conscient du passif d’une équipe qui ne s’est que trop rarement imposé contre un poids lourd en C1 : « À part à Chelsea, on n’a jamais gagné contre les grosses équipes » , disait-il. Vrai. Voilà qui tombe bien, Tuchel est un homme qui marche au déclic. « Il faut chercher une victoire dans un match très important pour gagner de la confiance, glissait-il lundi dernier en conférence de presse. À mon avis, pour aller loin dans le sport, il faut vivre une expérience forte. »
Paris s’avançait à Liverpool avec l’humilité d’un club en recherche d’apprentissage, bien trop tôt dans sa saison pour pouvoir offrir quoi que ce soit de réellement digeste en comparaison des délices de Klopp. Et en ce sens, le nul que l’on croyait arraché par Mbappé entrait en plein dans les lignes de ce que souhaitait Tuchel, le scénario en plus. Presque une raison de s’en féliciter, tiens. Le PSG arrache le nul sans fonds de jeu, voilà qui promet pour la suite. Reste que Paris a craqué. Paris est revenu, mais Paris a craqué. Alors quoi ? Cet enseignement : pour la première fois depuis un moment, peut-être, le PSG avait le mental pour faire quelque chose de grand. Dommage d’avoir de si petits pieds.
Par Théo Denmat