- France
- Ligue 1
- 16e journée
- ETG/PSG (2-0)
Paris boit la tasse d’Evian
Impuissant dans le froid savoyard, Paris est tombé pour la première fois depuis 36 matchs et dit au revoir au record d'invincibilité. Face à une équipe d'Evian ultra motivée et offensive, les partenaires de Zlatan Ibrahimovic laissent échapper des points précieux dans la lutte pour le titre. Un séisme.
ETG – PSG (2–0) C. Nsikulu (75′), M. Sougou (88′) pour Evian-Thonon-Gaillard 36 matchs. 36 rencontres que le PSG ne perd plus. Alors à l’heure d’égaler le record d’invincibilité du club, forcément, Evian apparaît comme une victime expiatoire parfaite. Battus la semaine passée par Bastia (2-0), les hommes de Dupraz n’ont plus gagné depuis trois rencontres et s’enfoncent inexorablement vers les bas-fonds du championnat. Idéal pour Paris qui se présentait ce soir avec sa « French connection » . Au coup d’envoi, le drapeau tricolore retrouve des couleurs au sein de cette écurie internationale : Jallet, Digne, Matuidi, Rabiot et même Menez sont de la partie. Tout ça pour venir se les geler sur une pelouse d’Annecy au parfum de patinoire. Une fois les gants enfilés, il ne fait aucun doute qu’Ibrahimovic et consorts vont se la couler douce du côté d’Evian. C’était sans compter sur le coup de mou inhérent à toute période hivernale.
Paris bousculé
A l’heure où Mr Jaffredo siffle le début de cette partie, ça glisse. Et ça caille. Avec -5 degrés au thermomètre, les Parisiens mettent du temps à se chauffer. Bien que maîtres du ballon, les joueurs de Laurent Blanc ne retrouvent pas la fluidité qui a contribué à leur belle série et aux éloges qui font suite depuis quelques mois à chacune de leurs sorties. Verratti et Rabiot, malgré leurs 15 centimètres d’écart, font la démonstration d’une technique sans faille pendant que Matuidi ratisse. Mais face à une défense savoyarde placée très haut, le PSG peine à trouver les ouvertures dans les 15 premières minutes. Le trident Cavani-Ibra-Menez reçoit quelques bons ballons de l’arrière sans arriver à les exploiter et se fait souvent prendre au piège du hors-jeu. Finalement, c’est des latéraux plus habitués au rôle de coiffeurs que le danger vient. Digne délivre quelques bons centres et est même proche de l’ouverture du score sur un tir croisé au ras du poteau (13e). Mais Paris ne dégage pas autant de puissance que lors de ses dernières sorties. En témoigne cette 11e minute où à la suite d’un corner mal négocié, Koné et Dja Djedje se retrouvent au duel avec le seul Lucas Digne avant de mal négocier le coup. Un avertissement. Car si Moudou Sougou est toujours aussi maladroit de la tête (15e), le PSG rate le coche à plusieurs reprises. Sur une tête mal smashée par Cavani à la suite d’un centre de Jallet (25e) ou encore sur une nouvelle bizarrerie signée Menez (36e). Une reprise de volée de l’international français envoyée dans le ciel savoyard plus tard (41e), c’est le moment de partir se caler à côté du radiateur du vestiaire. Paris domine mais n’écrase pas. Paris conserve mais n’enflamme pas. Et ça, Paris le regrettera.
Paris assassiné
Dans les 10 premières minutes du second acte, Evian montre encore les crocs. Car finalement, Dupraz l’a compris, il faut jouer pour déstabiliser l’armada parisienne. Sougou et Dja Djedje provoquent, parfois avec succès, mais rappellent également que la finition n’est pas leur qualité première (quoique). Les corners sont facilement repoussés et les offensives maîtrisées par la charnière Marquinhos-Silva. Une période de creux dont le PSG se remet peu à peu en retrouvant un soupçon d’allant. Quelques coups de pied de coin ne suffisent toutefois pas à contenter ce Paris qui peine. Ibra peste, Menez vendange et même Verratti commence à perdre des ballons. Une hérésie. Et à force de contrôler a minima, Paris va se faire punir a maxima. Les transversales savoyardes touchent enfin les ailes parisiennes et la capitale sent le vent tourner. Sirigu repousse une première fois l’inexorable sur une frappe de Dja Djedje (73e) avant le coup de poignard asséné dans une peau déjà bien entamée. A la suite d’un corner encore infructueux, Evian part à l’assaut en contre-attaque. Sougou enrhume presque Marquinhos avant de servir involontairement (sur un tir contré) l’entrant, Clark N’Sikuku. Muni de sa cape, ce dernier trompe le portier italien d’un plat du pied gauche. 1-0, Paris est sonné. Mais Paris ne peut pas perdre. Paris ne doit pas perdre. Mais même avec ses nouvelles gâchettes, Paris n’y arrive pas. Pastore a la balle d’égalisation au bout de sa tête mais adresse une simple passe à Hansen (86e). Comme un symbole. A la 87e minute, Sougou part dans un tour de passe-passe dont il a le secret, crucifie la défense parisienne et pour une fois, trouve le cadre aux 8 mètres. 2-0, le PSG est à terre. Impensable mais vrai, le leader, le favori d’une Ligue 1 toute acquise à sa gloire programmée vient de mettre un genou sur le verglas. Face à plus offensif, plus hargneux. Face à Moudou Sougou surtout. Et ça, c’est dur à avaler.
Par Raphael Gaftarnik