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Paris a gagné à Istanbul, mais a encore du chemin à faire

Par Andrea Chazy
5 minutes
Paris a gagné à Istanbul, mais a encore du chemin à faire

Sorti vainqueur de son déplacement à Istanbul (0-2), Paris n’a pourtant pas rassuré dans le jeu. Une constante depuis la fin du Final 8 qui pose certaines interrogations sur le niveau actuel de cette équipe.

Ce serait trop facile de dire tout et son contraire en l’espace d’une semaine. Trop facile d’avoir appelé au calme au lendemain d’une défaite méritée face à Manchester United pour tirer la sonnette d’alarme, sept jours plus tard à peine, après une victoire à l’extérieur en Ligue des champions. Sur le papier, ça n’a d’ailleurs strictement aucun sens. Pourtant, le PSG ne va pas bien. C’est une réalité que ses récentes victoires sur Dijon, lanterne rouge de Ligue 1, et contre une faible équipe d’Istanbul Başakşehir ne réussiront pas à indéfiniment masquer. Même Thomas Tuchel après la rencontre de ce mercredi soir ne se voilait pas (totalement) la face : « On a gagné, c’est ce qu’on voulait faire. Après, dans le jeu, il va falloir qu’on s’améliore. Des choses ont été bonnes, d’autres moins. On joue tous les trois jours, donc on aura le temps de travailler ça pour les prochains matchs. » Dans un monde normal, il ne fait aucun doute que l’Allemand aurait rejoint la rive asiatique d’Istanbul à la nage pour aller s’envoyer deux-trois Long Island dans le quartier de Kadıköy avant de rentrer à Paris. Pour oublier le cauchemar qu’a été la première période de son équipe, pour oublier la blessure de Neymar, pour oublier les désaccords avec Leonardo et, le temps d’une soirée, ne plus penser à l’animation collective d’une équipe qui en est dépourvue.

Un plan de jeu trop pauvre

Passons rapidement en revue les rares bonnes nouvelles : Keylor Navas est toujours aussi impeccable, et ce n’est pas rien. Moise Kean est effectivement une bonne pioche pour concurrencer Icardi, on s’en rapproche. Il faut également donner raison à Thomas Tuchel, qui s’agaçait encore qu’on lui pose des questions à ce sujet en conférence de presse : la lecture du jeu de Danilo Pereira fait du Portugais une solution viable en charnière centrale. Pour le reste en revanche, l’avenir est beaucoup plus sombre, car face aux Turcs ce mercredi, Paris a donné l’impression de ressembler à une équipe qui démarre un nouveau cycle plus qu’à un vice-champion d’Europe en titre bien déterminé à ne pas se faire avoir lors de la scène finale.

Dans le jeu parisien ce mercredi à Istanbul, il n’y avait pas de cohérence, pas de repères et d’automatismes entre les différents protagonistes. Pas de dépassement de fonction non plus, comme l’avait pourtant si bien fait Ander Herrera en août dernier à Lisbonne. Ça ne s’est pas arrangé quand Neymar est sorti sur blessure, touché à la cuisse gauche au bout de vingt minutes, puisque Paris a perdu le seul relais et le peu de liant offensif qu’il avait jusqu’alors. Il a même dû se résoudre à espérer un exploit saupoudré de passements de jambes de Kylian Mbappé pour s’en sortir. Finalement, il n’y a pas eu d’exploit, mais bien deux actions gagnantes dans lequel l’ancien Monégasque est directement impliqué. Sans oublier cette remise, au retour des vestiaires, qu’aurait dû convertir Pablo Sarabia et ainsi alléger le scénario de cette seconde période. Un loupé qui vient s’ajouter à la longue liste à oublier énumérée plus haut, mais qui est finalement sans conséquence. Tant mieux pour cette fois, tant mieux pour Paris.

Le replacement, c’est maintenant

Ce qui ne change pas en revanche, match après match, c’est la fébrilité défensive dont fait preuve Paris depuis le début de la saison. Il n’y a qu’à se pencher sur les trois derniers matchs des Rouge et Bleu pour tomber sur une stat’ terrible : 14 tirs concédés contre Manchester United, 16 contre Dijon et même 17 face à Başakşehir ! De quoi faire naître des rêves fous dans la tête des Nantais, prochains adversaires du PSG en championnat ce samedi, mais surtout des interrogations sur l’équilibre de cette équipe parisienne. Outre les absences pénalisantes de cadres comme Juan Bernat ou Marco Verratti, peut-être que Leonardo a sous-estimé le départ de Thiago Silva que Tuchel voulait garder à tout prix.

Peut-être qu’il va falloir un jour aussi se pencher sur la faiblesse abyssale du replacement défensif de Kylian Mbappé, d’Ángel Di María et des autres joueurs offensifs parisiens à la perte du ballon. Face à Liverpool au Parc des Princes il y a deux ans, à la même période, c’est pourtant cette unité et ces efforts de tous les instants qui avaient permis à Paris de renverser le futur champion d’Europe. Un exemple bien isolé qui interroge sur la réelle progression dans ce domaine, pourtant inhérent à toutes les grandes équipes européennes. Mais peut-être que ce club a besoin de ça. De se retrouver au pied du mur, comme face à Dortmund la saison passée, ou de regoûter à une crise de novembre qu’il n’a plus connue depuis quelques années maintenant. En attendant, Tuchel continue de protéger son groupe vent debout et lance : « En Italie, la Juventus est première ? En Angleterre, City ou Liverpool ? En Espagne, le Real ou le Barça ? La LDC en août a laissé des traces. Nous, on est premiers en L1, et on ne voit que le négatif autour de l’équipe. On sait qu’on peut mieux jouer, mais on doit accepter qu’on ne peut pas le faire en ce moment. C’est plus difficile, mais je veux protéger mes joueurs, car je pense qu’ils font le maximum. » Et c’est bien là le problème : sans préparation estivale, avec un calendrier qui ne se désengorgera probablement jamais, sans oublier qu’il possède un effectif moins fourni que celui de l’an passé, Paris a-t-il vraiment les moyens de faire mieux ?

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