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Peyraud-Magnin et Restes : « Les Jeux olympiques sont notre vitrine »

Propos recueillis par Alexandre Plumey, à Clairefontaine

Ils ne se connaissent pas et auront pour tâche de protéger les Français. On ne parle pas des milliers de policiers venus des quatre coins de l’Hexagone pour ces Jeux olympiques à Paris mais plutôt de Pauline Peyraud-Magnin (32 ans) et de Guillaume Restes (19 ans). La gardienne et le gardien des équipes de France olympiques garderont les buts tricolores, jusqu'à, ils l’espèrent, une finale à Paris les 9 et 10 août.

Peyraud-Magnin et Restes : « Les JO sont notre vitrine »

Après les polémiques autour de la liste des garçons U23 et du départ annoncé d’Hervé Renard quoiqu’il advienne, la sérénité se diffuse désormais chez les Bleus. Le 27 juin dernier, au lendemain du match France-Pologne des A à l’Euro, qui avait vu Mike Maignan se faire malmener sur penalty par Robert Lewandowski et avant leur entrée en compétition (24 juillet pour les garçons, 25 juillet pour les filles), les deux portiers ont accepté cet entretien commun durant leur seule semaine de préparation ensemble au « Château ». Félins dans leurs réponses comme sur leurs lignes, ils ont évoqué cette préparation, leur carrière voire leur passé tennistique. Il y a neuf mois, peu d’éléments pouvaient laisser penser que Pauline Peyraud-Magnin et Guillaume Restes seraient assis côte à côte avant ces JO. L’une était rétrogradée sur le banc et l’autre n’avait jamais encore joué en U23 mais c’est bien eux, forts de leur saisons respectives, qui seront les anges gardiens bleus. Jusqu’à l’or ?


Est-ce que l’esprit olympique commence à se forger lors de cette semaine à Clairefontaine ? Guillaume Restes : On a dîné ensemble devant le match des A (France-Pologne 1-1). C’était la première fois que je les rencontrais, donc on a pu échanger, se découvrir. On n’a pas forcément parlé des Jeux encore car elles ont des matchs éliminatoires pour l’Euro avant (victoire 2-1 contre la Suède, défaite 3-1 en Irlande et première place du groupe, NDLR). Mais on a bien rigolé.

Pauline Peyraud-Magnin : C’est un peu notre village olympique à nous vu qu’on ne va pas l’intégrer pour les Jeux (camp de base à Lyon pour les filles et Aix-en-Provence pour les garçons). C’est toujours intéressant de se côtoyer entre sportifs qui préparent en plus une même compétition.

Spontanément vous êtes-vous retrouvés entre gardiens ?

PPM : Bizarrement je n’étais pas à côté de Guillaume (rires). J’étais avec Lacazette et Cherki, entre Lyonnais. On a parlé avant tout de foot mais pas spécialement des gardiens. Pour une fois.

Est-ce que dans vos clubs, vous vous retrouvez souvent entre garçons et filles ?

PPM : On a justement parlé de ça. J’étais à la table des Lyonnais donc on a parlé de nos parcours avec les mêmes coachs, les mêmes terrains d’entraînement, les mêmes écoles. On a croisé nos expériences et on s’est rendu compte qu’à Lyon, on avait eu la même formation.

GR : Au Téfécé, on n’a jamais eu ce genre d’interactions. Ça fait plaisir de rencontrer de nouvelles personnes et d’échanger sur le foot avec des avis différents.

Justement le penalty de Lewandowski, comment l’avez-vous vécu ?

PPM : On est d’accord que c’est abusé, non ?

GR : C’est compliqué car il s’arrête deux fois dans sa course. Mike Maignan sort de sa ligne mais c’est naturel, il ne le fait pas exprès. C’est parce que Lewandowski s’arrête deux fois.

PPM : Les feintes sont très très limites.

Ça devient mission impossible pour les gardiens…

GR : Un pied sur la ligne, ça ne me pose pas de problème. Il faut juste se synchroniser avec la course du tireur. Après c’est quand lui s’arrête que c’est différent.

PPM : Peut-être qu’on va nous demander de se bander les yeux, d’être de dos au moment du coup de sifflet.

Dès le début de saison, on a eu une discussion avec le président Comoli, il m’a dit que s’il pouvait, il m’emmènerait aux JO en voiture.

Guillaume Restes, sur le blocage des clubs

Comment jugez-vous votre saison, Guillaume à Toulouse, Pauline à la Juventus ?

GR : J’ai fait une bonne première saison. La Ligue Europa y a fait pour beaucoup avec une très belle aventure européenne. Ensuite, on a connu des moments plus compliqués personnellement et collectivement mais on a bien redressé la barre pour bien terminer.

PPM : Je ne vais pas vous mentir : je ne suis pas totalement satisfaite. On a terminé deuxièmes. On a fait des gros matches à certains moments mais on a surtout loupé la Ligue des champions en début de saison. Le bon point : ça m’a permis de me remettre à zéro pour repartir sur de bonnes bases.

Comment avez-vous vécu l’agitation autour de la sélection U23 ?

GR : C’est la décision des clubs. Il faut la respecter. Maintenant, c’est en France donc on aurait aimé avoir la meilleure équipe possible. On a quand même une équipe très compétitive, des joueurs n’ont pas pu venir c’est comme ça. Il faut s’adapter. Les clubs les paient, donc libres à eux.

PPM : C’est la décision des clubs, donc difficile de la remettre en question. C’est dommage. Nous, c’est différent, on a notre équipe habituelle. On va tout faire pour se retrouver à Paris au Parc des Princes (où se jouent les finales olympiques, NDLR).

Guillaume, tu aurais compris que Toulouse dise non ?

GR : J’aurais pu comprendre. Mais je suis très heureux de leur réponse et de comment ça c’est fait. Dès le début de saison, on a eu une discussion avec le président Comoli, il m’a dit que s’il pouvait, il m’emmènerait en voiture. J’ai rien demandé, c’est le club qui m’a dit OK après ma première sélection. Ça me fait extrêmement plaisir de jouer cette compétition.

Ce sont vos premiers JO : qu’est-ce que ça représente pour vous ?

PPM : Chez les femmes, c’est une compétition majeure. Ça fait partie de notre vitrine. C’est important d’avoir une grande équipe pour y être bien représenté. C’est beaucoup d’émotions de représenter la France et pas seulement le football, surtout ici à Paris. En 2012, j’étais avec une de mes meilleures amies et je lui ai dit : « Un jour je serai là ». Je ne sais pas pourquoi mais je le sentais. D’ailleurs, il y avait Wendie Renard sur le terrain donc ça m’avait fait sourire de lui dire « Ah mais t’étais dans ma télé », une des premières fois où on s’est vu pour jouer ensemble.

GR : Chez les garçons, les JO ne sont pas la première compét’ à laquelle on pense. C’est surtout la Coupe du monde et l’Euro. Maintenant, les JO en France, c’est quelque chose de grand. J’ai beaucoup de fierté donc l’objectif est clair : remporter la médaille d’or. On a une équipe quand même très compétitive.

Comment les abordez-vous, ces Jeux ? Et vous Pauline, avez-vous en tête votre Coupe du Monde 2019 en France ?

PPM : Déjà, je n’avais pas le même statut en 2019 (remplaçante) puis, on est à Clairf’, donc on ne se rend pas vraiment compte. C’est quand on joue les matchs, qu’on sort, qu’on réalise vraiment. Mais on est sereines. On connaît nos forces.

GR : Avec beaucoup d’envie et d’ambition. Beaucoup de fans sont derrière nous. Le Vélodrome sera quasiment plein. Ça montre l’engouement pour les Jeux, pour le football, pour nous.

Il y a neuf mois, le binôme de titulaires n’aurait pas été le même chez les garçons et les filles…

GR : C’est vrai. C’est allé vite. Avec Lucas (Chevalier), on s’est rencontrés le mois dernier. On était dans une petite compétition saine mais je pense que c’est bien à l’entraînement. Ça nous pousse à être encore meilleur. Je n’ai pas de souci avec la concurrence, ça fait partie du poste. Malheureusement, il s’est blessé.

PPM : On a une vraie complicité, voire amitié avec Solène (Durand) et Constance (Picaud). C’est rare et naturel. Ce n’est pas réfléchi pour les caméras ou pour qu’on diffuse des belles photos sur les réseaux. C’est pas du fake. On se connait depuis trois ans. Même quand la hiérarchie a changé, rien n’a changé entre nous.

J’étais dans mon cocon à Lyon, ce qui ne me permettait pas de m’exprimer. C’est à partir du moment où je suis partie que j’ai pris de la maturité et de l’expérience.

Pauline Peyraud-Magnin

Vous étiez repassée numéro 2, comment avez-vous géré cette situation avec cet objectif en tête ?

PPM : Ça me parait tellement loin. Neuf mois en arrière, c’est une éternité. On vit au jour le jour dans le sport. Quand je suis repassée numéro deux, je ne pensais pas aux JO. Je pensais à ce que je pouvais faire demain pour revenir. Sans savoir que je pourrais récupérer cette place de numéro une.

On vous sent plus mature et libérée…

PPM : J’ai mis plus de temps que Guillaume pour arriver au très très haut niveau. J’ai pris mon temps, j’ai voyagé et joué dans plusieurs équipes. Pendant longtemps, j’étais à Lyon et je n’ai pas pu montrer de quoi j’étais capable. Puis sur un coup de tête, je suis partie et c’est là que j’ai pris de l’expérience véritablement. J’étais dans mon cocon à Lyon, ce qui ne me permettait pas de m’exprimer. C’est à partir du moment où je suis partie sur Paris (Issy-les-Moulineaux) que j’ai pris de la maturité et de l’expérience.

Guillaume, au-delà de cette sérénité apparente, vous sentez-vous déjà totalement mature ou il existe encore des étapes à franchir ?

GR : On prend en maturité et en expérience tout le temps. J’ai commencé mon premier match, je ne peux pas dire que j’étais un bébé, mais il y a des choses que je ne fais plus dans la préparation et l’approche du match. C’est normal après avoir joué Benfica, Liverpool ou le PSG. Ces matchs font passer des caps et te transforment.

Vous avez un point commun dans votre enfance, c’est le tennis…

GR : J’ai commencé par le tennis à 3 ans. Je jouais quotidiennement jusqu’à 11 ans et puis il a fallu faire un choix avec le foot. Ce n’était plus possible de faire tennis le midi et foot le soir. Donc j’ai choisi le foot parce que le tennis ça devenait compliqué.

Pourquoi ? GR : Au niveau nervosité, je cassais beaucoup de raquettes. Mon père était prof de tennis à Toulouse, donc ça lui venait aux oreilles. Il n’était pas content donc il m’a dit d’arrêter (rires). PPM : Moi, je n’ai pas joué autant que Guillaume. J’ai joué pendant 4 ans. Je me dis que ce n’est pas anodin qu’on soit devenus gardiens. Pour les réflexes et le fait de maîtriser sa folie. Parce que moi aussi j’ai cassé quelques raquettes (rires).

Quel est le principal apport du tennis ?

GR : C’est un sport individuel comme ce poste l’est très souvent. L’aspect mental est important quand t’es tout seul après des erreurs mais aussi après un bon point ou un bel arrêt. C’est une belle école pour garder la maîtrise de soi. Sportivement, à la volée c’est surtout le travail de réflexes et les appuis. Ça m’a fait progresser.

Ce que vous prendriez dans le jeu de l’autre ?

PPM : Ses réflexes.

GR : (Longue hésitation…)

PPM : (Elle le coupe) Ouais, mais moi je regarde tes matchs (rires).

GR : C’est compliqué parce que vos matchs à la Juve ne sont pas diffusés, si ? Mais promis je réponds à cette question après les JO !

Alain Parny, les Bleu(e)s dans la peau

Propos recueillis par Alexandre Plumey, à Clairefontaine

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