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Pari est magique ?

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Pari est magique ?

Moins d'une semaine après la publication dans le Journal Officiel de la loi autorisant la concurrence des opérateurs de paris en ligne, l'Autorité de régulation des jeux en ligne (Arjel) a déjà fait retirer des paris et eu recours à une mise en demeure. Entretien avec Jérôme Falcon, directeur du développement et du site chez Igaming.

Qu’est-ce que la loi sur la concurrence dans les paris en ligne va changer, concrètement, dans l’industrie du pari en ligne?

Ça va changer pas mal de choses. Premièrement, un certain nombre d’opérateurs qui opéraient depuis l’étranger vers le territoire français n’auront pas de licence parce qu’elle leur sera refusée ou alors décideront carrément de ne pas y aller parce qu’effectivement, les conditions qui ont été dressées par le gouvernement et la loi, qui vont être faites appliquer par l’Arjel sont assez restrictives, assez lourdes. Et les opérateurs qui voudront opérer sur le marché français, non seulement devront justifier d’une licence mais également s’acquitter de taxes relativement importantes. On peut donc considérer qu’à terme, le nombre d’opérateurs se réduira après, on va dire, deux années de lutte acharnée pour des parts de marché.

Et pour les joueurs? Parce qu’ils étaient quand même 2 millions à déjà jouer illégalement.

Oui, illégalement, effectivement. Mais avant que cette nouvelle loi française soit votée et appliquée – cette loi qui met fin à un monopole de l’Etat de 471 ans -, il y avait, de fait, des opérateurs qui proposaient leurs services. Concrètement, ni les opérateurs, ni les joueurs ne risquaient grand chose. Un, parce que les opérateurs opéraient depuis l’étranger et souvent depuis des pays qui eux-mêmes autorisaient les jeux en ligne et leur avaient attribué des licences et deux, parce que sur les montants joués, l’Etat ne pouvait pas se permettre d’aller embêter des joueurs qui, pour une grande majorité d’entre eux, prennent ça pour un loisir.

Il y a quand même de nouveaux dispositifs qui ont été mis en place concernant l’identité des joueurs. Ils ont un mois pour la justifier après ouverture d’un compte.

Oui, c’est à ce niveau-là que ça va changer pour le joueur. Ça va être plus contraignant pour lui. Prenons un exemple : le joueur qui jouait au poker sur chilipoker.com, lorsqu’il souhaitera le faire sur chilipoker.fr, il va devoir se désinscrire, se faire rembourser par la room et rouvrir un nouveau compte sur un site uniquement accessible aux Français où les joueurs ne pourront jouer qu’entre Français. C’est contraignant pour le joueur qui a des marges supplémentaires à faire, les rooms étant beaucoup plus taxées et puis sa possibilité de jeu va être dans un premier temps restreinte puisqu’il ne pourra jouer qu’avec des Français. C’est le gros point noir. Les opérateurs espèrent que la loi sera revue dans 18 mois.

Ce « point noir » va-t-il jouer en la défaveur de certains opérateurs ?

Non parce que tous les opérateurs qui auront obtenu leur agrément et qui proposeront leurs services seront tous contraints de respecter les mêmes règles. Tous seront obligés de dupliquer leur site en « .com » sur un « .fr » et, sur ce « .fr » , de n’accueillir que des Français.

On parle souvent des dangers de l’addiction. Y a-t-il des dispositifs mis en place pour ça ?

Les mises vont être parfois limitées. Mais quand vous faites référence à l’addiction, c’est un phénomène important, c’est une des raisons pour lesquelles c’est une industrie un petit peu spécifique qui attrait aussi au domaine de la santé. C’est un sujet que les opérateurs ont pris au sérieux depuis très longtemps. Bien avant les opérateurs historiques d’Etat et donc tous, aujourd’hui, ont des systèmes pour détecter l’addiction. Une fois qu’elle est constatée, il faut faire en sorte que les joueurs puissent être pris en charge par des organismes indépendants. Il y a notamment un système qui permet au joueur de s’autocontrôler en limitant sa mise ou sa régularité de jeu.

Avec la nouvelle loi, le pari en ligne va devenir de plus en plus populaire. N’y a-t-il pas aussi un risque de matches truqués, de pression sur les sportifs par de gros parieurs, etc ?

Le risque existe toujours. C’est un vrai problème. La majorité des opérateurs de paris sportifs se sont réunis il y a de nombreuses années déjà au sein de l’ESFA et de l’EGBA qui sont deux organismes de surveillance et de contrôle. Quand une cote définie paraît suspecte, l’opérateur s’engage à prévenir tous les autres opérateurs, poursuivre les clients et annuler le pari. Après, on est à l’abri de rien, le passé nous l’a démontré. Mais là encore, ce n’est absolument pas dans l’intérêt du bookmaker, qui est le payeur, de laisser faire ce genre de pratiques.

La France a-t-elle déjà eu affaire à ce genre de cas ?

A ma connaissance, les dernières suspicions concernaient des matches de tennis à Roland Garros. Sur un Russe. Je n’ai pas connaissance exacte du dossier mais il avait été soupçonné d’avoir volontairement perdu le match pour le compte de joueurs mal intentionnés dans les pays de l’Est. La France, dans le domaine sportif comme dans l’industrie des jeux, se donne les moyens de se protéger.

Pour la Coupe du monde, il y aura sûrement une plus grande affluence sur les sites. Savez-vous combien de joueurs sont attendus ?

Logiquement, il devrait y avoir une augmentation. C’est vrai qu’il y a quatre ans de ça, la Coupe du monde avait eu un effet bénéfique pour les opérateurs qui proposaient leurs services aux Français déjà. Mais à ce moment-là, les joueurs pouvaient jouer librement, même si c’était considéré comme illégal. Et tous les opérateurs le proposaient. Aujourd’hui, un certain nombre d’entre eux n’ont pas encore leur licence sur le pari sportif, ils ne sont que 11 à l’avoir obtenue et tous ne sont pas prêts en ce qui concerne les éléments techniques imposés par l’Arjel et la loi. C’est là tout le paradoxe. Donc les joueurs qui abordaient la Coupe du monde en se disant qu’ils pourraient faire des paris en plus, avoir un plaisir supplémentaire, beaucoup ne pourront pas le faire parce que les sites ne sont pas prêts. Donc, logiquement, il y aurait dû avoir une augmentation mais concrètement, je ne suis pas sûr que ce soit le cas.

En règle générale quels sont la mise et le gain moyen ?

Il faudrait voir avec les opérateurs directement mais avant je travaillais pour un gros d’entre eux et la mise moyenne est plutôt de 2-3€, c’est ce que mise un joueur sur un match. Et le gain moyen, sachant que les cotes pour des matches de football – qui est le sport leader sur le marché du pari sportif – dépassent rarement 2, vous multipliez 3 par 2, ça vous rapporte 6€. Il s’agit vraiment d’un loisir, d’un amusement. C’est plus pour le plaisir d’avoir raison entre amis autour d’une pizza et d’un match télé que pour s’enrichir. D’ailleurs, beaucoup d’opérateurs ont fait la promesse, pour signer l’agrément, de ne pas communiquer auprès des Français sur la thématique du moyen de s’enrichir. Parce que ce n’est absolument pas le cas.

Les opérateurs eux-mêmes prennent-ils des bénéfices sur les gains des joueurs ?

Il y a deux systèmes. Le système mutuel fait que, dans la mesure où c’est le nombre de joueurs qui détermine le gain, plus ils sont nombreux à parier, plus le gain va être important. Tout le monde mise dans le même « récipient » , on va dire. Dans le système de cote fixe, c’est un joueur qui joue contre le bookmaker. Donc, en fait, si le joueur gagne, le bookmaker perd et si le joueur perd, le bookmaker gagne. Là, il ne peut pas y avoir de bénéfices pris sur le gain du joueur. Alors que dans le système mutuel, l’organisateur – ce n’est même plus un bookmaker mais un organisateur – se sert sur la recette globale.

Etes-vous vous-même un parieur ?

Pas du tout. Je ne parie pas, je ne joue pas. J’ai l’habitude de dire que, par exemple, le directeur marketing de Renault n’est pas forcément un pilote de formule 1. C’est pareil dans notre industrie. Elle grandit, se développe, se démocratise et les entreprises, les opérateurs ne cherchent pas forcément du personnel qui vient du milieu des joueurs.

Vous qui vivez en Angleterre, comment le début de la Coupe du monde y est-il vécu ?

En Angleterre, le pari fait partie de la culture depuis très longtemps. C’est surtout réglementé depuis des années et donc les gens parient naturellement. Evidemment, le plus souvent sur leur équipe nationale. A Londres, d’ailleurs, il y a déjà depuis une bonne semaine des petits drapeaux sur les automobiles. Après, il y a cette espèce de vieille rivalité franco-anglaise. Déjà qu’on n’est pas favori en France, les Anglais adorent nous enfoncer un petit peu plus en ce moment.

Propos recueillis par Noémie Pennacino

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