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Parejo, la revanche du bon vivant

Par Antoine Donnarieix
Parejo, la revanche du bon vivant

Contre Barcelone, Valence va donner les clés du camion à son chef d'orchestre : Dani Parejo. Aujourd'hui adulé au Mestalla, le joueur a pourtant dû se battre pour en arriver là.

C’est un objectif depuis le début de la saison, Valence souhaite que l’année 2014-2015 soit celle de la résurrection en Liga. Avec l’arrivée d’un nouveau propriétaire singapourien et une première affiche remportée face à l’Atlético Madrid à la maison, Valence était encore dans le rythme imprimé par le Barça et le Real. Jusqu’à la semaine dernière, en fait. En prévision du choc contre le Barça, l’entraîneur et ami de Jorge Mendes, Nuno Espirito Santo, décide de faire souffler son atout offensif majeur : Daniel Parejo. Une bien mauvaise idée. Malgré son entrée en jeu tardive et un but inscrit pour les siens, Valence perd le match contre son voisin Levante. De quoi donner quelques remords aux choix tactiques, mais aussi comprendre à quel point ce Valence compte sur son meneur de jeu pour faire la différence.

Un « bijou » dans la caverne d’Ali Baba

Pour comprendre le profil de Parejo, il faut passer par la Fabrica, le centre de formation du Real Madrid. Natif de la municipalité de Coslada, le gamin tape dans l’œil des émissaires merengues à partir de la catégorie cadets. Dès 2006, il intègre la Castilla et joue ses premières minutes avec la tunique blanche. Une belle opportunité pour progresser, mais au bout de deux ans de réserve, le joueur de 19 ans en veut déjà plus. Malheureusement pour lui, les joueurs qui sortent de la Segunda pour directement jouer avec l’équipe première se comptent sur les doigts d’une main. Entraîneur de la sélection des moins de 21 ans championne d’Europe en 2011, Luis Milla connaît bien le joueur pour l’avoir vu évoluer sous ses ordres. « Au Real, il existe une exigence de niveau très forte. Je crois d’ailleurs que le milieu de terrain est le secteur de jeu le plus difficile pour se faire une place au sein de ce club, car c’est l’endroit même où l’on recherche l’excellence technique. Personnellement, c’est un joueur sur lequel je mise beaucoup. Quand je le voyais aux rassemblements, je l’appréciais beaucoup, car il ne comptait pas ses efforts. » Dani a faim de temps de jeu et, durant trois ans, il enchaînera les cessions. De quoi rendre fou de rage le grand Alfredo Di Stéfano, spectateur d’honneur de la réserve madrilène et pour lequel Parejo était « le bijou de la Castilla » . Au contraire, les Queens Park Rangers et Getafe, où il passera deux ans, se frottent les mains. Venu du FC Nantes pour découvrir la Liga, Franck Signorino était coéquipier de Parejo durant une saison. « La première saison où il arrive à Getafe, le club finit européen. C’était lui le régulateur, le meneur de jeu de l’équipe. Il est très juste techniquement, il imprime le tempo de l’équipe. Ce n’est pas un joueur agressif pour aller récupérer des ballons, ce n’est pas son style. Lui, c’est l’orientation, l’organisation avec un toucher de balle très élégant. » Du charisme, mais aussi du tempérament. Lors de la victoire du Real Madrid à Getafe en mars 2010 (4-2), Dani Parejo souhaite montrer à son ancien club qu’il méritait une meilleure prise en considération. Volontaire, il s’engage d’un tacle propre sur Casillas avant de marquer dans le but vide.

Vidéo

Touché dans son orgueil, le gardien ne souhaite pas serrer la main de son ancien camarade au moment de faire la paix. Après la rencontre, le portier viendra faire son mea culpa : « Parejo n’est pas fautif, il n’a rien fait de mal. J’ai perdu le ballon et il n’y a rien à lui reprocher. J’ai très mal réagi et c’était un très mauvais geste de ma part. Tout est déjà oublié et je n’ai aucun problème avec Parejo. » L’intervention de Casillas avait pour but de calmer les tensions importantes entre les deux clubs, notamment après l’agression du psychopathe Pepe sur Casquero un an auparavant. « Quand on jouait le Real, il y avait toujours de la tension parce qu’on leur posait problème à ce moment-là, explique Signorino. Pour Parejo, je pense qu’il avait très faim, il voulait prouver qu’il avait le niveau parce qu’on ne lui avait pas donné sa chance. »

Ping-pong, alcoolémie et renaissance

À l’aise dans le club de la banlieue madrilène et conforté dans la position où il peut exprimer tout son potentiel, Parejo fait le show chez les Azulones. Et pas seulement sur les terrains de football. « J’étais dans sa chambre avec lui quand on était en stage de préparation aux Pays-Bas, raconte Signorino. Je peux vous dire que c’est autant un farceur qu’un chambreur ! Je me souviens bien des parties de ping-pong où il était très taquin. Et attention, c’est un joueur avec une énorme confiance en lui… Il sait qu’il a du talent. Mais par contre, il reste très sympa et accessible. Dani, c’est un bon vivant. » Dani s’éclate, dans le football comme dans la vie, où il fait la rencontre de la belle Aroa Martinez. Dès l’été 2011, Valence saute sur le prodige récent champion d’Europe avec la Rojita pour en faire un vrai joueur. Mais bizarrement, la sauce ne prend pas. Pire même, le joueur est contrôlé positif à un test d’alcoolémie en mai 2012 après une soirée trop arrosée et évoque des « problèmes personnels compliqués » . L’origine de son mal-être ? Des problèmes de cœur avec sa compagne, devenue son ex. « Avec lui, j’étais plus sa mère que sa copine, expliquait la belle dans Interviu. J’étais responsable de son hygiène de vie. Avec moi, il était plus stable. » Dans le dur, Parejo serre les dents aussi fort que son cœur. Écarté du groupe d’Unai Emery, il voit le coach basque quitter Valence et une nouvelle chance s’offrir à lui. 36 matchs en 2012/2013, puis 46 la saison dernière avec une élimination en demi-finale de Ligue Europa, Parejo le capitaine a définitivement posé sa griffe chez les Murciélagos. Reste désormais à confirmer son statut d’homme providentiel.

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