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Pardo, dans les pas d’Illarra et de Griezmann
Après des années d’attente, la Real Sociedad peut enfin jouir de la vista de Rubén Pardo. Malgré sa tête enfantine, le rejeton de la Real Sociedad a perdu son pucelage au haut niveau cette saison. Un régal pour Anoeta, en attendant mieux.
Anoeta ne l’attend plus, il l’a désormais sous la main. Il était temps. Car Rubén Pardo, 21 ans, faisait languir d’excitation l’antre de la Real Sociedad depuis déjà quelques années. Milieu de terrain à l’espagnole, Pardo est un enfant du centre de formation de la Real. Une cantera qu’il a découvert en 2000, à l’âge de huit ans. Depuis deux, trois saisons, tous les suiveurs du club de San Sebastián attendaient son explosion au plus haut niveau. À chaque exercice, partie remise. La faute à un physique pas adéquat ou un mental déficient. Bref, après avoir été érigé dès ses 16 ans comme la relève du football espagnol, le jeune Rubén a peiné à exploser au plus haut niveau. Cette saison, c’est enfin chose faite. Avec le départ d’Illarramendi pour Madrid, Pardo a pris une relève qu’il préparait depuis l’an dernier. Souvent titulaire cette saison, il lui arrive d’être décisif (3 buts et 5 passes). Dans une formation qui prône un jeu offensif, sa technique et sa vision du jeu sont bienvenues. Comme son aîné Asier et son comparse Antoine Griezmann, Rubén est un bijou de la formation basque.
« Je lui demandais s’il mangeait suffisamment »
Un bijou à la maigreur déconcertante. C’est en tout cas la première impression qu’il a laissé à son alors sélectionneur U17, aujourd’hui à la tête des U19 espagnols. C’était en 2008 et Ginés Meléndez l’appelait « le chétif » : « Je lui demandais s’il mangeait suffisamment. » Mais Rubén Pardo a laissé un bien meilleur souvenir au señor Meléndez et à toutes les sélections de jeunes de la Roja. Membre de toutes les catégories d’âge de la RFEF, il a toujours été considéré comme un diamant brut. Dans un rôle à la Xabi Alonso, mais avec la dégaine d’un Pirlo, Pardo joue juste. Interrogé par El País, son ancien sélectionneur souligne « sa capacité à frapper de loin » : « Il tire également très bien les coups francs et surtout depuis la gauche, car il arrive à mettre énormément d’effet. » Bref, ce prototype de la formation espagnole est un amoureux de la passe. À tel point que dès septembre 2011, alors qu’il n’a pas joué la moindre minute avec l’équipe première, le Real Madrid en fait l’une de ses priorités. Pour tout d’abord incorporer sa Castilla, le Real propose 1,5 million d’euros. La Real refuse sèchement.
Normal, tant le lien qui unit Rubén Pardo au club de San Sebastián est fort. Natif de la Rioja – la région des vins en Espagne –, il est détecté par la Real Sociedad alors qu’il n’a que huit ans. Mikel Echarri, ancien directeur du centre de formation basque, se souvient : « Notre scout dans la région de la Rioja l’avait remarqué, alors nous avons commencé à le convaincre avec sa famille. » L’accord est simple : « Au début, il venait en voiture deux fois par semaine pour s’entraîner à San Sebastián, puis il venait aux matchs. » Le temps passe et Rubén peut intégrer le centre de formation. Enfin, à temps partiel, puisque le jeune homme est également scolarisé dans un lycée lambda. De ce que se rappelle Mikel Echarri, « nous n’avons jamais eu aucun problème avec Rubén » . Garçon posé et intelligent, il a toutes les caractéristiques du garçon de sa région selon Ginés Meléndez : « Il a une grande formation humaine, c’est un « riojano » authentique, charmant et noble. » Depuis déjà quelques saisons, il met ses connaissances au service des footballeurs en herbe : il disposé déjà des deux premiers titres d’entraîneurs espagnols. En attendant le troisième niveau.
Real(s), la voie royale
Real : au féminin ou au masculin, ce sera le fil rouge de sa carrière professionnelle. Car après la cour du club merengue, Rubén Pardo va découvrir l’élite espagnole face au Real Madrid. Le 29 octobre 2011, à la 87e minute, le minot prend la place de Markel. La rencontre se terminera sur une défaite 1-0 des Basques, mais l’important est ailleurs : la pépite a enfin fait ses débuts. Sa carrière est lancée, pense-t-on. Mais non, il faudra encore attendre pour voir le Canijo s’imposer. Philippe Montanier, alors entraîneur de la Real, préfère le pouponner. Comme il le répétait, en Espagne, l’excitation et l’engouement médiatique sont « too much » pour un minot de 20 ans déjà dressé en sauveur de la patrie. Après une saison pleine avec la réserve, il se retrouve la saison dernière en équipe première. Rarement titulaire, il fait ses armes sur le banc. 27 apparitions plus tard, le mercato. Asier Illarramendi, révélation de la saison, part pour 40 millions d’euros au Real Madrid. Ce départ va donner les clés du milieu à Ruben qui, du haut de son mètre 82, dispose enfin de la caisse physique. Telle une évidence, il s’impose. Caviar et classe folle sont ses caractéristiques. Avec un Antoine Griezmann au top, la pression n’est plus si grande. En clôture de cette intégration, il a même inscrit le but 2-0 lors du derby basque. La régalade peut commencer.
Par Robin Delorme, en Espagne