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Parc des Princes : la vraie maison des Bleus

Par Nicolas Kssis-Martov
3 minutes

Les Bleus retrouvent le Parc des Princes en ce beau jeudi de septembre pour un match face à l'Irlande. Et nous désirons presque remercier le rugby d’avoir ramené l’équipe de France de football masculine dans ce temple qu’elle n’aurait jamais dû quitter.

Parc des Princes : la vraie maison des Bleus

La nostalgie n’est défendable que si elle est assumée. Le bonheur éprouvé devant le retour des Bleus de Didier Deschamps dans l’enceinte parisienne relève clairement de ce romantisme un peu daté qui n’a guère bonne presse désormais dans le petit monde du ballon rond. Il nous réjouit presque davantage que l’enjeu de ce match, tant la France paraît surplomber son groupe. De fait, le Parc des Princes n’a jamais été totalement éclipsé par le Stade de France. Il demeure un lieu de mémoire essentiel dans l’histoire des Bleus, et on ne fait pas ici simplement référence au carton signé contre le Kazakhstan (8-0) qui avait permis à la France de valider son ticket pour le Mondial 2022.

Platini, Stoitchkov et les hooligans

Cette place singulière, le Parc l’incarne pour le pire comme le meilleur. Le 27 juin 1984, notre équipe nationale y décrocha son premier trophée international, un Euro marqué du sceau de la régence Platini, même si à cette époque, pas grand monde ne descendait dans la rue pour fêter pareil triomphe. Un peu moins de dix ans plus tard, en 1993, une soirée cauchemardesque, une défaite improbable contre la Bulgarie de l’ogre Stoitchkov y priva les Bleus de leur qualif pour un Mondial aux USA, un échec qui ouvrira ensuite la route de la consécration à Saint-Denis, sur la dépouille affaiblie de la Seleção. Avec le recul, presque un manque de reconnaissance du ventre pour le berceau parisien qui avait consolé tant d’échecs. Tout cela pour 30 000 places de plus… Et qui se souvient en février 1984 de ce France-Angleterre sans enjeu mais marqué par de violents affrontements entre ce que la presse commença à qualifier alors de hooligans ? Une guerre des travées entre supporters anglais en plateforme boots et les premières bandes de skins de la capitale. Les heurts se poursuivront jusqu’à Saint-Lazare…

Le théâtre des perdants magnifiques

Le retour des Bleus dans cette soucoupe au-dessus du périph va donc forcément posséder une forte dimension patrimoniale, le souvenir d’une époque ou faute d’un grand stade capable de rivaliser avec les réalisations pharaoniques de Wembley ou du Maracana, le pays de Kopa se dota d’une bâtisse unique pour accueillir ses héros, alors souvent malheureux, à crampons. Et aucun homme politique n’aurait osé alors leur dire que « seule la victoire est belle », les perdants magnifiques avaient encore droit de cité. Cet écrin de béton avait été pensé par l’architecte Roger Taillibert, comme un « défi urbain » avec ses 50 portiques de 25 tonnes chacun, et son éclairage qui tombe du toit directement. Pas de piste d’athlé ni de vélo, et le pari d’une proximité des spectateurs. Les premières 90 minutes se déroulèrent le 25 mai 1972, des Bleus « amateurs », les espoirs d’alors, y défièrent l’URSS du grand Blokhine, futur Ballon d’or du Dynamo Kiev, dans l’espoir d’une qualification pour les JO de Munich.

Ce retour à la source relève quasiment de l’utilité publique, avec le rêve un peu élégiaque que la jeunesse de France se réapproprie cette histoire de feu le XXe siècle, ce lien entre les Bleus et le Parc des Princes. Un stade qui a pour l’instant échappé au naming, et qui se retrouve au centre d’un conflit sonnant et trébuchant entre la mairie de Paris et le PSG. Le Parc des Princes est bien plus qu’un stade, un musée à ciel ouvert. Mais est-ce que la génération sur la pelouse, dont un Kylian Mbappé né en décembre 1998, y songera un seul instant ? Nous nous rappellerons avoir assisté à cette purge en 1995 entre la France et la Pologne pour les qualifs de l’Euro 1996. Didier Deschamps lui aussi doit s’en rappeler, il officiait alors sur le terrain, sous les consignes d’Aimé Jacquet.

Ils vont faire de ce 7e tour de Coupe de France un moment inoubliable

Par Nicolas Kssis-Martov

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