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Par pitié Luis Enrique, fais confiance à Gerard Moreno !
Après un match nul très décevant contre une solide Suède (0-0), l’Espagne affronte la Pologne avec l’objectif de gagner, si possible largement, pour ne pas perdre de vue la première place du groupe E. Et pour empiler les buts, le sélectionneur Luis Enrique doit simplement remplacer Álvaro Morata par Gerard Moreno.
Lors de la composition de sa liste de 24 joueurs pour former la sélection nationale espagnole pour l’Euro 2021, Luis Enrique avait été bien clair sur l’absence de Sergio Ramos. « Je dois baser mes choix sur des principes généraux, toujours pour le bénéfice de l’équipe. Ce travail, c’est moi et mon staff qui devons l’effectuer. Moi d’abord, car je suis le principal décisionnaire, mais aussi mon staff qui évalue l’équipe au quotidien. Nous faisons cela pour le bien de la sélection. » À partir de là, il convient d’analyser le dernier match de l’Espagne contre la Suède. Dix-sept tirs tentés et cinq cadrés contre quatre concédés et seulement un cadré, 86% de possession de balle en faveur de la Roja et quasiment six fois plus de passes réalisées côté ibérique que chez son adversaire scandinave. Le résultat final ? 0-0. Le constat est donc clair : l’Espagne était territorialement souveraine par rapport aux Suédois, mais l’efficacité offensive a manqué. Et tout en haut de ce dispositif offensif, il y avait Álvaro Morata.
557 minutes, 5 buts
Cela n’a échappé à personne lundi dernier à Séville, l’avant-centre de la Juventus n’a pas été transcendant, loin de là. Auteur d’un manqué incroyable dans un face-à-face avec Robin Olsen (38e), l’attaquant prêté par l’Atlético de Madrid n’a pas brillé davantage en deuxième période avec une nouvelle frappe hors du cadre (50e) avant d’être remplacé par Pablo Sarabia (66e). Sarabia, sérieusement ? Une hérésie quand figurait sur le banc de touche le vice-meilleur buteur de Liga avec 23 buts en 32 matchs : Gerard Moreno. C’est un meilleur ratio que Karim Benzema au Real Madrid, également auteur de 23 pions, mais en 34 rencontres. Sous le maillot de la Juve en Serie A cette saison, Morata a bouclé son exercice avec 11 buts en 32 matchs, terminant à une anecdotique dix-septième place au classement des meilleurs gâchettes de Serie A. Aussi, le gouffre d’efficacité avec Moreno s’amplifie au moment de parler de statistiques en sélection. En 41 capes internationales, Morata affiche un bilan de 19 réalisations en 2431 minutes passées sur les pelouses, pendant que Moreno facture… 5 buts en 557 minutes jouées lors de 12 apparitions.
Bien entendu, il ne faut pas se référer uniquement à ces chiffres. Mais Luis Enrique le dit lui-même : la « dynamique du moment » constitue un critère fondamental pour concocter ses différentes listes depuis sa prise de poste. Ne devrait-il pas en faire de même au moment de choisir ses onze titulaires ? A priori, cela ne lui effleure même pas l’esprit. « J’ai vu deux réactions par rapport à Morata : l’une assez critique de la part des médias, et l’autre beaucoup plus sympathique venant du public prêt à l’encourager et chanter son nom, expliquait Luis Enrique en conférence de presse après le match nul face aux Scandinaves. Mon travail de sélectionneur, c’est de chercher à protéger mes joueurs au maximum. Quand je vois la réaction du public à son égard en deuxième période, c’est ce que je veux retenir. Nous souhaitons tous être aimés. De mon point de vue, Álvaro a fait un très bon match, même si je suis le premier à souhaiter que nous convertissions nos occasions de but. Je crois qu’il s’est habitué à ce sentiment, mais il est clair que ce n’est pas agréable. Il serait plus agréable pour tout le monde qu’il soit soutenu. »
La fin de la politique de l’autruche ?
Soutenir un joueur, c’est une chose. Faire l’autruche et s’entêter à titulariser un attaquant de pointe qui ne plante plus depuis cinq rencontres avec sa sélection (son dernier but remonte à mars 2021 contre la Grèce), c’est autre chose. Et c’est bien là que réside le problème avec Luis Enrique. L’Asturien est un adepte des choix forts depuis ses débuts au poste d’entraîneur, mais il peut aussi basculer dans l’extrême, quitte à mourir avec ses idées. Les supporters de l’AS Rome, qui ont vu l’entraîneur aligner l’arrière gauche José Angel (aujourd’hui à Eibar…) ou Bojan Krkić dans l’attaque romaine jusqu’à la fin de son aventure transalpine, pourront le confirmer. Et puis il ne faut pas sortir de l’ENA pour se rendre compte que Morata n’est tout simplement pas en réussite.
Il suffit d’observer ses multiples occasions gâchées face au Portugal et se rendre compte que dans le même temps, Gerard Moreno n’a joué que 31 petites minutes depuis le début du rassemblement pour l’Euro, son coach préférant essayer de placer Ferran Torres dans l’axe comme le fait parfois Guardiola à Manchester City. Alors non Luis, tu n’es pas Guardiola, tu es sélectionneur de l’équipe d’Espagne de football. Et ce que souhaite la Roja, c’est gagner des matchs et engranger de la confiance pour terminer leader de son groupe et aller gagner ce championnat d’Europe. Et toi, tu comptes vraiment nous faire croire que le meilleur buteur de la Ligue Europa 2020-2021, vainqueur de la compétition après avoir éliminé Manchester United et Arsenal, en est incapable ? Allons, soyons sérieux…
Par Antoine Donnarieix