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Papus a fait de la résistance

Par Mathieu Faure
4 minutes
Papus a fait de la résistance

Ce soir, Zoumana Camara devrait disputer son dernier match avec le PSG à 36 ans, le brassard au bras. « Papus », c'est le garçon arrivé en 2007 et qui aura joué en défense centrale avec Sammy Traoré, Grégory Bourillon et Thiago Silva. Camara, c'est le dernier historique du club. Celui qui n'aurait jamais dû profiter de tout « ça ». Ça, c'est aller chasser le cerf avec Zlatan Ibrahimović, se faire entarter la gueule par Ezequiel Lavezzi pour son anniversaire ou encore faire des barbecues avec David Beckham.

« Comment ça va, Papus ? Tu es encore plus moche à la télévision qu’en vrai. » La phrase est en anglais, avec un fort accent des Balkans, et sort de la bouche de Zlatan Ibrahimović. Nous sommes en février 2014 et Ibra déclare sa flamme à sa manière à Zoumana Camara lors d’un duplex improvisé entre Toulouse – où le PSG vient d’en passer quatre au TFC – et Camara resté à Paris, blessé. Entre les deux hommes, une vraie complicité existe. Là où certains se sont toujours sentis intimidés par le Suédois, Zoumana Camara n’a jamais reculé. Depuis son passage à Leeds et dans le Calcio, Camara maîtrise l’anglais et l’italien. Pour dialoguer avec la « bête » , c’est plus facile. Et naturel.

Du match de la peur à Sochaux jusqu’à QSI

Au début, on va bêtement le cataloguer comme le traducteur du groupe quand toutes les stars de l’ère QSI vont arriver. Un guide local qui ne mérite que les pourboires en fin de visite. Faux. Papus, c’est surtout un bon mec et la mascotte de cette équipe de winners. Le remplaçant qui va devenir, au fil des ans, l’autre ami de Zlatan avec Maxwell. Été 2013, le Z invite même son ami à venir quelques jours en Suède pour l’initier à la pêche et à la chasse. C’est une faveur, car ils sont peu à avoir eu le privilège de tirer des cartouches avec Ibra. Entre deux sorties dans les bois, les hommes parlent de ce qui les rassemble : l’humour, la famille, l’amitié, la fidélité et le football.

Avant d’être le quatrième défenseur central derrière un trio d’internationaux brésiliens pesant près de 130 millions d’euros, Zoumana Camara était pourtant titulaire au PSG. Il était même international français en son temps (une cape). Dans la capitale, Papus a du kilométrage au compteur : le match de la peur à Sochaux, Sammy Traoré, les joutes en Ligue Europa, le but du genou contre Lyon, la tête en retrait mal négociée pour Landreau au Parc des Princes, Claude Makelele capitaine, les associations de supporters, tout ça, il a connu. Camara est arrivé dans la capitale en 2007 en provenance de Saint-Étienne. À l’époque, le Qatar n’était pas dans les meubles et c’est Colony Capital qui réglait les additions. Un sou était un sou. Et Camara un titulaire indiscutable et indiscuté.

Tricard sous Kombouaré, dans les étoiles du Qatar

Pourtant, Papus ne va pas toujours être au cœur du jeu. Des débuts compliqués – le club est alors au bord de la relégation – à la mise sur le banc sous Antoine Kombouaré qui lui préférait une charnière Sakho-Armand, Camara va mettre du temps à se faire une place dans la capitale. Bizarrement, c’est l’arrivée des Qataris et la nouvelle dimension du club qui vont confirmer Papus à son poste. Un mec qui fait le liant dans le vestiaire, qui encadre les plus jeunes et fait découvrir Paris et le club aux arrivants. Le terrain, il s’en éloigne petit à petit. Il a compris. À 36 ans, Camara n’espère plus rien depuis trois ans. Il joue sa dizaine de matchs par an, souvent quand l’infirmerie dégueule où que les matchs ne servent à rien. À Bordeaux, il est entré en jeu quand David Luiz s’est pété la cuisse. Il a sombré avec son équipe, démontrant qu’à son âge, il ne pouvait plus espérer autre chose que des matchs sans enjeu.

Malgré tout, le garçon aura réalisé une fin de carrière exceptionnelle. En moins de deux ans, il aura partagé des merguez avec David Beckham dans le jardin de Sylvain Armand, ouvert son compte Instagram avec l’aide charitable de Zlatan Ibrahimović, rempli son armoire de trophées (il a gagné tous les titres possibles en France) et vécu de l’intérieur trois années de folie au PSG. Un PSG qu’il ne doit plus trop reconnaître, lui qui échangeait les chasubles avec Pierre-Alain Frau, Didier Digard et Loris Arnaud lors de son premier entraînement dans la capitale. Ce soir, Papus sera le capitaine d’Edinson Cavani, Javier Pastore, Marco Verratti and co. Des types qui salueront la sortie du numéro 6 avec le respect qu’il mérite. Car un mec qui passe huit saisons au PSG mérite le respect. Surtout quand celui-ci balance du plomb sur du gibier avec Ibrahimović.

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