- Ligue 1
- J14
- Saint-Étienne – OM
Paolo De Ceglie, caravane palace
Paolo De Ceglie aurait dû occuper le couloir gauche de l’OM face à Sainté, laissé libre par la suspension de Mendy. Une perspective qui n’emballait personne à la vue des rares performances de l’Italien, qui traîne autant sa carcasse que son statut d’éternel espoir. Blessé, il ne sera finalement pas de la partie. L'OM ne pourra s'en servir d'excuse.
Il fait partie de ces joueurs symbolisant le grand n’importe quoi marseillais des dernières heures du mercato. Paolo De Ceglie, 29 ans, belle gueule, un pedigree juventino, avait pourtant de quoi donner des garanties à Vincent Labrune ainsi qu’aux supporters olympiens. Pourtant, après quelques mois d’exercice, et des apparitions tantôt anonymes, souvent inquiétantes, force est de constater que le pari De Ceglie est au moins aussi réussi que ceux de Rolando ou Isla. Et à y regarder de plus près, le constat n’est pas surprenant. Car le gaucher, s’il affiche de nombreux titres au palmarès, n’a jamais su dépasser son étiquette de joueur prometteur, alignant victoires et succès du banc de touche bianconeri, tout en enchaînant les prêts dans des clubs de seconde zone. Une trajectoire sans éclat qui se ressent aujourd’hui sur la pelouse du Vélodrome et ne laisse guère d’espoir quant à l’apport de l’Italien.
Un maillot trop grand
L’histoire de Paolo De Ceglie est en effet affaire de déception. Pur produit de la formation juventina, le bellâtre méché éveille dès ses premières apparitions la curiosité. Offensif de par sa formation d’ailier, le latéral s’arroge les faveurs des observateurs qui voient en lui un joueur capable, à terme, de s’installer avec la Squadra Azzurra. Pourtant, il ira de déception en déception. Plus souvent cantonné au banc, victime de graves blessures, dont une sévère à la rotule en 2010, Paolo coince. Et si l’arrivée de Conte sur le banc de la Juve et l’instauration du 3-5-2 lui laissent un temps espérer une place de titulaire à gauche du milieu, la concurrence se fait trop rude. Interrogé par le Phocéen, Simone Rovera, journaliste pour la Sky Italia, résumait d’ailleurs cruellement l’impact du joueur sur les performances d’un club avec lequel il remportera 3 championnats : « À la Juve, il n’a jamais été indispensable, il n’a jamais non plus tenu les promesses qu’il avait fait naître avec les espoirs italiens. Il y a dix ans, c’était une des plus belles promesses du pays, mais il a trouvé à la Juventus un maillot plus grand que lui. » . Tellement grand que Paolo a dû en essayer de plus petits. Des prêts à Sienne (2007), au Genoa (2014) ou encore à Parme (2014) avec, à chaque fois, l’étiquette d’un joueur sérieux, mais sans éclat sur le terrain. D’ailleurs, De Ceglie ne fait que rarement de remous. Acceptant sa condition, l’Italien trimbale sa belle gueule sans vague à l’âme, sans rancune envers son club formateur : « C’est l’équipe avec le plus de supporters en Italie et dans le monde. Et c’est un club qui gagne, où la victoire s’incruste en toi. » Même lorsqu’on y participe peu.
L’inquiétude du couloir gauche
Dès lors, l’OM constituait-il un point de chute à même de regonfler son ego d’éternel second ? Pas sûr. En débarquant sur la Canebière, De Ceglie s’était en effet exprimé concernant ses ambitions dans une interview accordée à la Provence : « « Je veux jouer un maximum. Il y a tant de matchs au calendrier ! (…) On aura donc besoin de tout le monde pour mener de front les deux compétitions (championnat et Ligue Europa, ndlr). J’espère donc être bien et participer. » Après avoir refusé Empoli, Bologne, la Samp ou encore Norwich, Paolo a donc préféré l’OM, « ce club chargé d’histoire et doté de grands supporters » . Problème, personne ne semble désormais en mesure de lui accorder du crédit. Lent au possible, défensivement catastrophique, De Ceglie fait plus peur qu’il n’assure son rôle de doublure. Doté d’un boulevard, Benjamin Mendy n’a donc aucunement à craindre de la concurrence, et voit même l’ensemble d’un stade s’inquiéter en son absence, comme face au PSG il y a peu. Une situation significative des maux de l’OM, déjà peut rassurant avec son onze type, et qui ne peut compter sur ses remplaçants pour impulser un semblant de révolte. De là à dire que les derniers arrivants n’auraient que faire du destin marseillais… Pourtant, certains mots empruntés à un vacancier ne trompent pas : « Je ne veux pas m’occuper de mes partenaires, je m’occuperai de moi-même. Je peux aussi jouer un cran plus haut, au milieu, sur la gauche. J’espère bien m’adapter. Je suis très ouvert, j’aime découvrir, apprendre les langues. » En effet, Paolo parle très bien français et découvre jour après jour les charmes du Sud de la France. Ne lui reste qu’à prouver qu’il est un joueur de foot dont la carrière n’a pas été qu’une fumisterie.
Par Raphaël Gaftarnik