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Paolo Cannavaro, le grand oublié

Par Eric Maggiori
Paolo Cannavaro, le grand oublié

Demain, la Squadra Azzurra disputera son troisième match de qualification à la Coupe du monde 2014 contre l’Arménie. Mais en Italie, on s’interroge sur la non-convocation de Paolo Cannavaro, pourtant excellent depuis de nombreuses saisons avec Naples.

Il y a quelques jours, Cesare Prandelli a dévoilé la liste des joueurs sélectionnés pour les deux rencontres face à l’Arménie et le Danemark. Une liste qui a fait des heureux, des surpris et des déçus. Or, il y en a un qui est devenu un habitué de cette dernière catégorie. Il s’appelle Paolo Cannavaro. Un nom que l’on ne présente évidemment plus. Pendant longtemps, Paolo n’a été que le frère de Fabio, un héritage pas forcément facile à porter, puisque le frangin est tout de même le seul défenseur à avoir reçu le Ballon d’or lors des 15 dernières années, en plus d’avoir soulevé la Coupe du monde en tant que capitaine. Autant dire qu’il n’arrivait pas derrière n’importe qui. Pourtant, depuis au moins trois ans, Paolo est parvenu à se faire une réputation. Il n’est plus « le frère de » , mais « le capitaine de » . Le capitaine du Napoli, équipe où il a fait ses débuts lorsqu’il avait 14 ans, qu’il a quitté à 18 ans, et dont il est désormais le pilier depuis 2006. Depuis trois ans, Naples truste les premières places du championnat d’Italie, et Cannavaro s’est imposé comme un défenseur fiable, considéré par tous comme l’un des tout meilleurs de Serie A. Pourtant, le joueur compte, à 31 ans, une triste statistique. Il n’a été convoqué qu’une seule fois en Nazionale. C’était il y a cinq ans, pour un match amical contre l’Afrique du Sud. Et le pire, c’est qu’il n’a même pas joué. L’arrivée de Prandelli à la tête de la Squadra, en juillet 2010, aurait dû le propulser au centre de la défense. Bah non. Que dalle, niet, nada. Pas la moindre convocation, pas le moindre signal. Un boycott ?

Ossature turinoise

Dans son groupe qui affrontera demain l’Arménie, Prandelli a sélectionné quatre défenseurs centraux : l’interista Ranocchia et les trois Turinois Bonucci, Chiellini et Barzagli. Est-on vraiment sûr que Cannavaro n’a pas sa place parmi ces quatre-là ? Pour Luca Picardi, l’un des fondateurs du Paris San Gennar, groupe de supporters napolitains à Paris, la question est déjà tranchée. « Lors des dernières années, il a beaucoup grandi et il a acquis une grande sûreté à son poste. Il mérite évidemment la Nazionale, car il n’y a plus de grands défenseurs comme Nesta ou Fabio Cannavaro. Le niveau des défenseurs italiens est beaucoup plus bas qu’il y a quelques années, des joueurs comme Bonucci, Barzagli ou autres ne sont pas franchement des champions » , assure-t-il. Dilemme infini, car les tifosi juventini diront évidemment l’inverse. En Italie, le fait que le sélectionneur privilégie, en un sens, les joueurs de la Juventus fait débat. D’un côté, ce choix est justifié. La Juventus est championne d’Italie, a affiché la meilleure défense d’Europe la saison dernière et est invaincue depuis 46 matchs de championnat. Costaud. D’autant que dans l’histoire de la Nazionale, les sélectionneurs se sont souvent basés sur une ossature turinoise, et force est de constater qu’à chaque fois qu’une équipe d’Italie a remporté quelque chose d’important, il y avait, derrière ça, une grosse base de joueurs de la Juve (1982, 2006…).

Mais bon, est-ce une raison suffisante pour ignorer un défenseur qui a largement fait ses preuves, qui est actuellement à la tête de la meilleure défense de Serie A (trois buts encaissés en sept journées) et qui a su, au cours de sa carrière, passer outre les incessantes comparaisons avec son frangin ? De plus, la position de Prandelli dans cette affaire est assez trouble, comme le raconte Luca. « À un moment, Prandelli a dit qu’il ne convoquait pas Cannavaro parce qu’il avait l’habitude de jouer dans une défense à 3 et non à 4 comme celle de la Nazionale. Oui, sauf que pendant certains matchs de l’Euro, comme contre l’Espagne, Prandelli a mis une défense à 3 avec De Rossi au centre. L’autre justification, c’est son âge. Le ct dit qu’il veut miser sur des jeunes pour commencer un cycle. Mais il me semble que le choix de convoquer Barzagli(qui est né un mois avant Paolo, ndlr) ne va pas dans la même direction » , développe-t-il. Difficile, donc, de donner une explication rationnelle et valable à cette non-convocation. Surtout lorsque l’on voit que des joueurs comme Gilardino sont rappelés en équipe nationale après plus d’un an et demi d’absence.

Plus napolitain qu’italien

Et l’intéressé en question, qu’en dit-il ? Il y a un an et demi, avec l’Euro en ligne de mire, le capitaine napolitain s’était confié à So Foot sur ses espoirs avec l’équipe nationale. « La Nazionale, je l’espère… Je l’espère, et je n’arrêterai jamais de l’espérer. Certains joueurs ont débuté en équipe nationale à 32-33 ans et ont gagné un Mondial, alors ne jamais dire jamais » , expliquait-il alors. Aujourd’hui, l’Euro lui est passé sous le nez, et la Coupe du monde au Brésil semble être un mirage à l’horizon. Paolo n’a toujours pas fini d’espérer, mais au fur et à mesure que les mois passent et que le groupe se forme, les probabilités s’amenuisent. Lors de l’Euro, Prandelli est parvenu à créer un groupe capable d’atteindre la finale de la compétition. C’est autour de ce groupe que le sélectionneur va construire l’équipe qui va tenter, lors des prochains mois, de se qualifier pour la Coupe du monde. Une équipe qui, pour le moment, ne compte que deux joueurs du Napoli, De Sanctis et Maggio, et qui aurait largement la place pour accueillir un Cannavaro.

Alors, à défaut de revêtir la tunique azzurra, le défenseur se contentera de porter un autre maillot bleu, celui de son Napoli bien-aimé. Plus que d’être convoqué en équipe nationale, son rêve le plus fou est de remporter le Scudetto avec Naples. Car, comme il nous l’avait affirmé sans vergogne : « Je me sens plus napolitain qu’italien » . Un son de cloche repris par le co-fondateur du Paris San Gennar. « Je sais que pour Paolo, ce serait une grande satisfaction d’être convoqué en Nazionale, car ce serait la reconnaissance de ses qualités et de son travail. Néanmoins, sa Nazionale à lui, c’est le Napoli. Il atteint ses satisfactions et ses émotions avec l’équipe de son cœur dont il est aujourd’hui le capitaine. Ses larmes lorsque le Napoli s’est qualifié pour la C1 ou a remporté la Coupe d’Italie sont l’une des plus belles images que l’on peut donner du football, à l’heure où l’on parle de joueurs mercenaires. » Ce qui est bien, c’est que dans dix jours, la Juventus et le Napoli s’affronteront pour le match au sommet du Calcio. Paolo Cannavaro ne pouvait pas rêver d’une meilleure occasion pour prouver à Prandelli qu’il se trompe. Ou pas ?

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