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Pagis, requiem pour un fou

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Pagis, requiem pour un fou

Dans un championnat qui tient la bride aux talents, Pagis mordait, et a mené sa petite entreprise en franc-tireur. Pour le pire et finalement le meilleur, en loup apprivoisé.

Mickaël Pagis ressemblait à Eric Cantona. En version introvertie. Alors parfois, le faux calme relevait la tête, pour mieux exploser: pour envoyer chier un entraîneur, planter ses crampons sur un défenseur trop appliqué, ou pour assurer le service après-vente de son touché de balle délicat et puissant. Longtemps ignoré du top 20 français, Pagis a été tôt adoubé par le King. Cantona passe voir son pote Olmeta en pré-retraite au Gazelec d’Ajaccio et flashe sur son double au rabais, qui trimballe son air las en National: « C’est un joueur pour l’Angleterre ça » . Malgré la caution british du King, Pagis fera toute sa carrière enfermé entre les six côtés de l’Hexagone. Il n’aurait pas eu la carrière qu’il méritait.

Sorti de l’ombre, autrement dit de la D2, à 28 ans, par le clairvoyant Jean Fernandez, Pagis a tout de même un peu cherché les ennuis. A ses débuts sous le maillot lavallois, le caractériel rechignait à aligner les tours de terrain. Et allait même jusqu’à s’en dispenser. Incompris, il ne savait pas se faire comprendre. Pagis attendra donc l’âge mur d’un footballeur pour passer à Téléfoot. « Le talent sans le travail ne suffit pas » a-t-il reconnu lors de sa dernière conférence de presse. A Sochaux, Pagis remportera une Coupe de la Ligue, clashera Pedretti – « un petit con » -, et comme tout footballeur de bon goût, se frittera avec Guy Lacombe. Il régalera aussi Frau et Santos de sa spéciale: prise de balle en déviation dos au but, enchaînée d’une ouverture lumineuse l’air de rien.

Laissé de côté par Frédéric Antonetti, Pagis éclairait toujours les entraînements ou les matches amicaux du Stade Rennais, lors de ce qui révélera être sa dernière saison. Jamais le premier pour courir, l’Angevin traînait aussi dans ses semelles paresseuses le poids de ses 36 ans. La décision du Corse avait sa part de légitimité, mais le voir évoluer avec l’équipe bis du Stade Rennais ressemblait presque à un sacrilège, à une faute de goût. Comme un apéro-géant convoqué au bas des Portes Mordelaises (ndlr: monument rennais), ou Mick Jones qui taperait le boeuf avec les BB Brunes. Sa justesse tombait dans des pieds précipités ou maladroits, Pagis se résignait à donner de la confiture aux cochons.

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Dans le désert artistique de la L1, l’Angevin a prospéré. Il était devenu ce joueur qu’il était de bon goût d’admirer, à propos duquel il ne fallait pas se montrer économe en louanges -pas à tort d’ailleurs- au point que le nom de l’ex acolyte de Mamadou Niang à Strasbourg et Marseille, revenait chroniquement pour intégrer l’équipe de France à l’aube de ses crépusculaires 35 bougies. En Alsace, là où il signa sa saison la plus prolifique (15 buts), l’attaquant caractériel gagna une seconde Coupe de la Ligue. Pas de quoi le faire grimper aux rideaux pour autant: « Ce n’est quand même pas la Coupe du Monde » . L’iconoclaste avait le sens des valeurs.

Au cours d’un match ou d’une saison, Pagis pouvait disparaître. Ses entraîneurs, et les supporters de Marseille, Rennes ou Strasbourg, le lui reprocheront, mais retiendront surtout le moment où le Pagicien surgissait. Comme ce 5 octobre 2008 et ce triplé lors de Rennes-Lyon, parachevé d’une demi-volée à rendre bestial Edouard Balladur. Pagis, c’était de l’élégance pure empaquetée dans des bottes CPNT. Un gars très terroir, amateur de chasse et de canne à pêche, qui préféra sa famille à un dernier rebond de carrière -les siens se sentaient bien sur les bords de la Vilaine.

Quand il brillait, Pagis mettait une baffe à tous les diktats du haut-niveau. Légitime arbitre des élégances, Jérôme Leroy avait loué le caractère franc-tireur de son partenaire, son style hors-norme, qui ne connaît ni Dieu ni maître: « Micka n’a aucune caractéristique du footballeur moderne. Il ne court pas partout, il gère ses efforts, mais quand il a le ballon, il sait. Maintenant on cherche surtout des coureurs à pied, et bientôt il faudra faire le marathon pour être professionnel … Mais à l’arrivée c’est lui qui a raison » . Qui avait raison.

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