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Pagis : « Je n’étais pas une star à l’OM »

Propos recueillis par Antoine Donnarieix
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Esthète à l’instinct développé, Mickaël Pagis ne s’est jamais lié d’affection pour les médias. À vrai dire, ce n’est pas son truc. Pourtant, le style de l’ancien attaquant en fait l’un des joueurs les plus aimés de la Ligue 1 des années 2000. Avant cette affiche entre Marseille et Rennes, deux clubs dans lesquels il a joué, l'Angevin se confie. Le buste droit, évidemment.

Bonjour Mickaël. Que deviens-tu depuis ton rôle d’ambassadeur en beach soccer ? Le beach soccer, c’est devenu une réelle passion. Depuis 2015, je m’occupe de prendre en charge les jeunes licenciés de la région bretonne, où j’organise des stages pendant les vacances scolaires pour les enfants de 9 à 16 ans. Le but, c’est de les accueillir et les sensibiliser au beach, un sport trop méconnu du grand public. Ici à Rennes, nous avons la chance d’avoir un terrain indoor spécifique où on peut louer les locaux. La famille se sent bien, la Bretagne est une belle région que j’apprends aujourd’hui à découvrir. Quand tu es joueur, c’est plus difficile de se donner du temps pour soi et sa famille. Parlons maintenant de ton passage à l’OM. L’entraîneur qui te donne l’envie de signer à l’OM en janvier 2006, c’est Jean Fernandez. Sans lui, aurais-tu pris le risque de signer là-bas lors du mercato d’hiver ? Moi, j’y serais allé sans hésiter. Après, la vraie question, c’est de savoir si l’OM aurait été intéressé par moi sans Jean Fernandez. L’entraîneur est important dans le choix du recrutement, et s’il n’avait pas été là, je pense que je n’aurais pas eu cette chance. Le fait de le connaître, c’était une donnée importante dans mon intégration : il connaissait ma préférence, comment me faire jouer dans son dispositif offensif.

Dans le vestiaire, tu retrouves aussi de vieilles connaissances, notamment Mamadou Niang… Comment tu qualifies ta relation avec lui ? À vrai dire, on ne se parlait pas énormément, mais sur le terrain, c’était fort. On savait comment allait réagir l’un ou l’autre, on était très complémentaires. Ensuite, je connaissais aussi Wilson Oruma, un autre joueur offensif avec lequel j’avais une bonne affinité.

Et puis dans le vestiaire, il y avait Franck Ribéry. Un mec qui met l’ambiance, un déconneur.

Et puis dans le vestiaire, il y avait Franck Ribéry. Un mec qui met l’ambiance, un déconneur. Sur le terrain en revanche, il est là pour montrer sa hargne, sa niaque. Ce sont des qualités que j’aimais. Dans les cadres, il y avait Cédric Carrasso avec lequel je parlais souvent. Dans les clubs, j’ai souvent eu des affinités avec les gardiens. Peut-être que j’arrivais plus que les autres à tisser une relation gardien-attaquant. Je faisais souvent des choses inattendues face au but, ça permettait aussi au gardien de connaître un style différent. Quand je regarde dans l’ensemble, notre groupe était homogène, entre des jeunes et des plus anciens.

Avec Franck Ribéry, vous partagiez aussi un don commun pour la justesse technique. Est-ce que Franck est le coéquipier qui t’a le plus impressionné ?Oui, clairement. Autant en match qu’à l’entraînement, il était au top de sa forme physique. Quand il prenait le ballon et qu’il se décidait à accélérer, il devenait imparable. Parfois, il te faisait un show venu d’ailleurs… Même s’il s’est révélé sur le tard, le voir toujours dans un grand club européen comme le Bayern, cela montre que sa longévité est exceptionnelle.

Tu as toujours préféré régaler tes coéquipiers plutôt que d’être égoïste. Pourquoi ? On va dire que mes qualités, ou plutôt mes défauts, m’ont amené à jouer avec les autres. Je n’étais pas un grand dribbleur, je n’étais pas une flèche ni un mec puissant, d’où cette adaptation. Le but, c’était de servir les partenaires qui étaient mieux placés. En soi, ça restait un plaisir de donner un caviar à un coéquipier pour qu’il puisse marquer. Tous les attaquants de pointe, que ce soit Niang à l’OM ou Briand à Rennes, étaient des points sur lesquels je me fixais pour former un bon duo. J’aimais beaucoup travailler en lien avec l’attaquant et apprendre à se connaître, pour que l’objectif final soit de se trouver les yeux fermés.

À choisir, tu préfères la passe décisive ou le but ? C’est une question difficile. En vrai, ça dépend du contexte, de la situation de jeu.

D’une certaine façon, j’ai pris part à l’évolution du numéro dix.

Mais j’aimais bien marquer quand même ! (Rires.) Faire trembler les filets, c’est une sensation très spéciale. Ce n’était pas ma mission première, mais s’il fallait le faire, je n’hésitais pas. D’une certaine façon, j’ai pris part à l’évolution du numéro dix, capable de faire la passe décisive et de marquer. L’été suivant, Djibril Cissé arrive à l’OM, mais doit se remettre de sa grave blessure au tibia-péroné. Dès le départ, tu sens déjà que ça va compliquer ton avenir à l’OM ? Évidemment, je m’interroge. Je vois arriver un attaquant médiatisé dont l’arrivée était très loin d’être passée inaperçue. Au fond de moi, je me disais : « Mais pourquoi ne pas constituer un duo avec lui ? » Honnêtement, je pense qu’il y avait moyen d’avoir une belle complémentarité avec Djibril. Ça n’a pas été le cas, car l’entraîneur n’était pas ouvert pour tenter l’expérience. Je n’avais aucune certitude quand Djibril arrive, mais j’avais bon espoir.

Et dans les faits, tu te dis qu’il te passe devant ? Oui, complètement. De toute façon, je n’étais pas une star à l’OM. J’étais là pour le club, pour les couleurs, comme je l’ai fait dans les autres clubs. Cissé quand il est arrivé, c’était un autre monde. Moi, c’est… (Il hésite.) On va dire que le côté médiatisation, ce n’est pas ma logique quoi. Les médias ne t’inspirent pas ?Oui, voilà. C’est mon choix. Après, il faut accepter tout cela : un joueur arrive, il est médiatisé, il aime que l’on parle de lui, être mis en avant. Moi, ce n’était pas mon truc. Et c’est ce qui fait que petit à petit, j’ai dû penser à partir. Même si j’en reste persuadé : au niveau du football pur, j’avais encore ma place dans cette équipe.


Tu ne joues pas du tout lors de la finale de la Coupe de France contre Sochaux, ton ancien club. Est-ce que c’est cet élément qui t’a définitivement éloigné de Marseille ? Ce n’était pas que ça. Dans l’ensemble, je ne jouais pas assez de matchs. Je ne dirais pas que c’est ce match-là qui fait la différence, mais ça faisait effectivement partie des situations où je me suis dit que je n’avais plus de temps à perdre, que j’étais encore à un âge où je pouvais bien jouer et en profiter. Et c’est pour cela que j’ai pris la décision radicale de quitter le club.

Tu expliquais n’avoir « jamais avoir eu d’explication, ni en avoir demandé » sur ton départ de l’OM. Pourquoi partir sans réel dialogue ?

Les dirigeants m’ont fait comprendre par moi-même que l’avenir du club, c’était Djibril.

Les dirigeants m’ont fait comprendre par moi-même que l’avenir du club, c’était Djibril. Bien sûr, j’aurais pu aller leur demander des explications, mais ce n’est pas trop ma personnalité. Ce qui m’importait, c’était le terrain. Je voulais montrer que j’avais ma place dans cette équipe, et aux entraînements, je le prouvais.

Passer de l’ambiance marseillaise à celle de Rennes, ça fait un choc, j’imagine…Sans dénigrer le Stade rennais qui a un beau stade et des supporters qui aiment le foot, toute la ferveur qu’il peut y avoir autour du Vélodrome et de l’OM, je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’égal en France, sauf peut-être Saint-Étienne ou Lens. Mais l’objectif à Rennes, c’était de rejouer au plus haut niveau en Ligue 1.
Cette sortie radicale de l’OM, tu penses que c’est la raison de tes performances compliquées à Rennes au début ? Non, pas vraiment. Dans les autres clubs, j’avais rapidement réussi à marquer et faire de bons matchs : Sochaux, Strasbourg, Marseille… Pour le coup, c’était plus une question de coaching. On me mettait en numéro neuf tout seul devant… Ce qui a changé la donne, c’est quand Pierre Dréossi laisse le poste d’entraîneur vacant et que Guy Lacombe arrive. Là, je suis bien placé sur le terrain, derrière l’attaquant. Mon niveau de jeu comme mes stats connaissent une nette évolution.


Quand tu reviens à Marseille avec Rennes, tu es acclamé par le Vélodrome. Laisser des bons souvenirs là où l’on passe, c’est un peu ta marque de fabrique. C’est dû à quoi, selon toi ? J’ai toujours pris le temps de discuter avec les gens, pour moi c’est une forme de respect envers l’autre. Si des supporters veulent un autographe, je le fais parce que cela les rend heureux. Sur le terrain, les gens devaient voir que mes qualités athlétiques n’étaient pas au-dessus de la moyenne, mais ils ont dû se rendre compte que j’avais autre chose : je ne trichais pas. Les gestes que je pouvais faire, cela leur procurait de la joie. C’est tout un ensemble qui fait que quand je pars d’un club, les supporters sont contents de me revoir quand l’occasion se présente. Ça leur rappelle de bons souvenirs.

Plus tard, tu es éducateur avec les U19 de Rennes, où tu coaches notamment l’ancien Rennais Ousmane Dembélé. Ça t’inspire quoi, son transfert au Barça pour 145 millions d’euros ? Pour lui, c’est une progression énorme. Quand je l’ai connu, il débutait à peine avec la CFA où ça s’est bien passé. Mais ce joueur est vraiment incroyable. Sa capacité d’élimination en un contre un est complètement folle… L’an dernier, Dortmund. Là, le Barça avec ce prix de transfert qui s’envole. C’est à lui de garder la tête sur les épaules, car avec sa jeunesse et l’attente suscitée, il va falloir être fort mentalement.

À titre de comparaison, comment tu situes Dembélé par rapport à Ribéry ? Il y a beaucoup de similitudes. Franck était plus âgé quand je l’ai connu à l’OM, donc plus costaud physiquement. Mais en matière de talent, ça vaut Franck. Après, le football nécessite de bien gérer sa carrière, ses phases de creux. Ce seront toutes ces choses-là qui seront importantes pour Ousmane, au-delà de ses qualités intrinsèques.

Si tes deux passages à l’OM et Rennes se sont soldés par une absence de titres, on te retient comme un excellent footballeur. Tu penses que le football va au-delà de la gloire et de la victoire ? Quand tu es dans le contexte d’une finale, tu veux gagner et c’est normal. Si tu perds, tu le retiens parce que tu as manqué un titre. Mais après, si l’équipe joue bien, c’est un sacré plus. Si tu es sur le terrain uniquement pour défendre et ne pas avoir grand-chose à se mettre sous le pied, c’est dur. Ma philosophie, c’est que je préfère perdre avec les honneurs que de gagner de façon moche. Après, si tu joues bien, mais que tu perds tout le temps, ce n’est pas bon non plus. Disons qu’il faut toujours garder un équilibre.
Tu termines ta carrière à 37 ans, en Ligue 1. Tu n’as jamais été tenté par une expérience à l’étranger ? J’ai eu des opportunités, mais elles ne m’intéressaient pas vraiment. Il ne faut pas oublier que j’ai commencé tard en Ligue 1. En France, j’ai découvert plein de choses, le plus haut niveau à 26 ans. Donc la priorité, ce n’était pas l’étranger. Après, si j’avais dû faire un choix à l’époque, je pense que ça aurait été l’Angleterre. J’avais l’image d’Éric Cantona ou de David Ginola qui avaient réussi là-bas, les frontières franco-anglaises commençaient à bien s’ouvrir. Si tu me demandes dans le football actuel en revanche, je serais plus tenté par le championnat espagnol.

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