P.Duarte : «Mourinho est cent fois meilleur»
Annoncé comme un « faux Mourinho » , le coach pourrait s’avérer être un « vrai Duarte » , avec sa propre philosophie du football, basée sur la gagne. On a presque envie d’y croire quand il nous dit qu’il peut qualifier le Burkina pour la Coupe du Monde et lui faire faire un bon parcours en CAN, tout en amenant le MUC en haut de la Ligue 1 avec Charles Kaboré…
Pendant que vous êtes avec la sélection du Burkina Faso, est-ce que vous arrivez à préparer la reprise du championnat avec Le Mans ?
C’est vrai que je suis en ce moment au Burkina Faso mais la préparation du Mans est en marche, avec la collaboration de “Monsieur Daniel” (Daniel Jeandupeux, conseiller du président Legarda, ndlr) et du staff technique. Nous sommes en contact quotidiennement. Après ce match, je retournerai au Portugal dans ma maison. Puis, aux alentours du 24-25, on va pouvoir préparer ensemble le dossier du Mans. Il y a beaucoup de choses à faire. Des joueurs vont partir, peut-être des joueurs importants, et d’autres vont arriver. J’espère que les joueurs qui vont arriver seront de la même qualité ou, si possible, meilleurs que les joueurs qui vont partir.
Vous avez une idée des joueurs qui pourraient signer ?
Oui, mais rien n’est décidé, ce ne sont que des hypothèses. J’ai déjà parlé avec le président et “Monsieur Daniel”, qui m’a proposé des joueurs qu’il connait mieux que moi. Mais avant de prendre une décision, il faut que je connaisse tous les joueurs le plus vite possible, ensuite je verrai quelles sont les nécessités de cette équipe. Nous savons déjà que nous avons besoin d’un gardien, et peut-être d’un milieu droit si Gervinho s’en va. Il restera un autre poste à renforcer, que je choisirai après avoir étudié tout l’effectif.
Comment pensez-vous pouvoir concilier la sélection du Burkina Faso et le MUC, à terme ?
Mon ami, je pense que c’est très facile et je vais vous dire pourquoi. Vous m’auriez posé cette question il y a cinq ou six mois, je vous aurais dit que c’était impossible. Je devais mieux connaitre mes joueurs, la réalité du Burkina Faso et le championnat local pour chercher des joueurs. Mais maintenant je peux dire que c’est le bon moment pour mener les deux projets. Cela fait un an et cinq mois que je suis là et, sur huit matchs, j’ai sept victoires et un nul au compteur. Je connais déjà toute la qualité des joueurs qui jouent à l’étranger comme dans le championnat du Burkina Faso. Je connais les problèmes de ce dernier ainsi que son système. Je ne suis au Burkina que pour attendre les matchs de la sélection et voir quelques rencontres de championnat, je ne changerai donc pas grand-chose. Quand il y a des matchs internationaux, tous les championnats s’arrêtent, donc je ne pénaliserai pas le club. Je ferai comme les joueurs, je partirai trois ou quatre jours avant, je ferai le match et ensuite je reviendrai tout de suite au club. Ce n’est donc pas un problème. Je serai parfaitement impliqué dans la sélection du Burkina Faso, tout comme dans le club du Mans.
Sauf qu’en janvier 2010, c’est la CAN. Vous allez bien devoir délaisser momentanément Le Mans ?
C’est une question vraiment intelligente de votre part. C’est vrai. L’unique problème, c’est effectivement si Dieu me donne la possibilité d’aller à la CAN. Le club ne pourra alors pas avoir son entraineur pendant trois matchs, pendant 22 ou 23 jours. Mais j’ai accepté la proposition du président parce qu’il m’a assuré qu’il y avait un bon staff technique, qui pourra prendre ma place. J’ai une grande confiance dans le président et je sais que je serai remplacé sans problème, avec l’aide de “Monsieur Daniel”, une personne de grande expérience que tout le monde connait.
Vous parlez du staff technique. Lorsque vous êtes arrivé au Burkina Faso, vous aviez dans vos bagages votre propre staff composé de Portugais, comment allez-vous faire maintenant ?
Il y en a deux qui vont rester au Burkina et un qui viendra avec moi. Évidemment, je préfèrerais voyager avec tout mon staff technique. Pour moi, ce n’est pas forcément la meilleure situation mais il fallait que deux de mes adjoints restent pour faire le point sur la situation de temps en temps. Du coup, je viendrai avec un adjoint qui s’ajoutera aux deux ou trois du Mans pour m’aider à composer la meilleure équipe.
Connaissiez-vous le MUC avant d’être contacté ?
Oui, c’est un club de qualité moyenne. Mais ce qui m’impressionne beaucoup, c’est l’intelligence de son président. C’est un président qui veut gagner, il a de l’ambition et ça, c’est très important pour moi. Peut-être que le club n’arrivait pas à gagner en championnat parce qu’il vendait beaucoup de joueurs, mais c’est aussi une preuve de sa qualité. C’est un club bien organisé, très professionnel, avec une bonne gestion, qui peut faire de bonnes choses en championnat de France. Ce n’est pas un grand club mais c’est un club honnête, qui regarde vers le haut. Il ne joue pas seulement pour jouer, il veut progresser. Quand j’ai entendu le président parler, je me suis dit que j’étais à côté d’un grand homme, qui connait le football, et qui est secondé par un homme qui connait aussi très bien le football, “Monsieur Daniel”. Dans ma vie, j’ai déjà vu des mauvais présidents, qui voulaient seulement se servir du football, qui ne voulaient pas travailler pour le football. Mais quand un président travaille pour le football, pour un entraineur, c’est fantastique.
On sait que vous êtes un élève de José Mourinho. Comment définiriez-vous votre style personnel ?
En Afrique, tout le monde m’appelle le “Mourinho d’Afrique”, le “Sorcier Blanc”, mais je n’aime pas ça. Je suis seulement Paulo Duarte, un jeune entraineur qui connait le football, qui a été joueur et qui voulait gagner quelque chose dans sa vie. C’est vrai que j’ai eu la chance de travailler avec lui, c’était fantastique, il m’a beaucoup appris. L’organisation, la dynamique et la planification des entrainements, étudier l’adversaire… J’ai beaucoup appris avec lui comme avec d’autres entraineurs au Portugal. Je ne veux pas vivre à côté de Mourinho. Mourinho est cent fois meilleur que moi. Tout ce qu’il a gagné, il le doit à lui-même. Normalement, un entraineur qui fait de bons entrainements a plus de chances de gagner qu’un entraineur qui fait de mauvais entrainements… Je développe mes propres qualités et je ne veux pas être comparé. Mourinho, c’est Mourinho, Paulo Duarte, c’est un petit entraineur qui doit encore montrer à tout le monde ses qualités.
Allez-vous appliquer au Mans les mêmes méthodes qu’au Burkina Faso ?
Les mêmes, mais pas les mêmes… Un entrainement avec une sélection est différent d’un entrainement avec un club. Dans une sélection, vous ne voyez les joueurs que trois jours avant le match. Le premier jour, les joueurs sont fatigués et on ne peut pas faire grand-chose, et la veille du match, on doit faire du placement tactique pour donner les instructions aux joueurs. Du coup, il ne reste que trois entrainements. Faire de grandes choses avec trois entrainements, ce n’est pas facile. Dans un club, c’est différent, on voit les joueurs chaque jour, chaque semaine. Les automatismes et la dynamique sont totalement différents. Mais j’ai mes méthodes de travail, que je vais préserver en essayant de faire encore mieux.
Vous prônez un jeu offensif ou défensif ?
Mon système, c’est le 4-3-3, normalement. Mais ce n’est pas le plus important, il faut que le système serve les joueurs, et non pas l’inverse. Plus important que le système en lui-même, il y a la dynamique du système. Je veux dire à mes joueurs, à chaque match, qu’on est là pour gagner. Je ne vais pas leur dire de défendre le score, de faire match nul. Ce serait une preuve que je n’ai pas confiance en eux. Je ne suis ni offensif, ni défensif, je suis là pour gagner en ayant une bonne lecture du match. J’ajuste mon équipe en fonction de l’adversaire et en fonction du résultat.
Quels joueurs burkinabés verriez-vous au Mans ?
On verra… Il y a un joueur qui est sans doute trop cher pour Le Mans, c’est Dagano, qui est le meilleur buteur au monde pour cette phase de qualifications à la Coupe du Monde. Il y a aussi Yssouf Koné, qui jouait à Rosenborg et qui est maintenant à Cluj, qui est très fort. Mais on trouve aussi des joueurs de grande qualité qui ne coûtent pas cher, comme Charles Kaboré à Marseille. J’ai déjà parlé avec Charles pour savoir s’il voulait venir au Mans. Il est intéressé donc on va voir avec son club. Il y a aussi mon capitaine, Mahamoudou Kere, qui est un merveilleux défenseur, très professionnel, c’est un grand joueur. Il sera sans doute ma priorité.
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