Owen est-il fini ?

C’est bien connu, plus on est riche, plus on devient radin. Manchester United ne semble pas déroger à la règle. Avec 94 millions d’euros en poche suite au départ de CR7 pour les All Stars de Madrid, Ferguson a préféré se payer une place pour assister à la finale de Wimbledon plutôt que de chercher un remplaçant au Portugais. On attendait un grand nom du côté d’Old Trafford, on l’a eu. Gratos, qui plus est. Fergie a profité de l’opération « tout doit disparaître » du côté du Newcastle United Megastore pour proposer un deal de deux ans à Michael Owen, qu’il a bien sûr accepté. L’ancien buteur des Reds compense ainsi numériquement le départ de Carlos Tevez dans l’effectif des triples champions d’Angleterre.

Le hic, c’est que ça fait un bail que Michael Owen n’appartient plus au gotha des grands attaquants européens, d’où sa gratuité. Les fans attendaient Eto’o ou Agüero. Pour remplacer l’Apache, ils ont eu droit à l’avant-centre du dix-huitième de Premier League. Un attaquant qui au cours des trois dernières saisons a passé plus de temps à se soigner qu’à célébrer ses buts. D’autant plus qu’un joueur formé à Liverpool qui signe à Manchester pour se relancer, c’est tellement rare que ça pue le plantage mémorable.

Soyons francs, ça fait cinq ans que le Kid le Liverpool a quitté les bords de la Mersey, et environ autant de temps qu’il ne met plus un pied devant l’autre. Et parfois même au sens propre, comme lors de cet Angleterre-Suède de la Coupe du Monde 2006, où l’Anglais s’était blessé au genou après seulement une minute de jeu, tout seul, en faisant une passe. On le pensait fini pour le foot, ce que ces trois dernières saisons tendent à confirmer. Après tout, Ferguson est peut-être nostalgique de l’époque où il passait saluer Louis Saha tous les matins à l’infirmerie avant de prendre le boulot. Mais peut-être aussi a-t-il du flair.

Car Sir Alex n’a pas agi sur un coup de tête, ce n’est pas son style. L’idée de la venue de Michael Owen chez les Red Devils, le manager écossais l’avait déjà derrière la tête depuis 2005, pour être précis. Mais l’incertitude qui entourait le rachat du club par Malcolm Glazer avait refroidi les négociations. Car, quoi qu’on en dise, l’international anglais reste intrinsèquement un très grand joueur de football –au passage, faut vraiment être un crevard de la Liga pour penser que Raul aurait dû hériter de son Ballon d’Or en 2001-, capable de marquer ses vingt buts par saison, et qui n’a pas encore la trentaine. Surtout, pour la première fois depuis lurette, il va attaquer la saison avec une vraie préparation physique derrière lui. Un pari risqué, mais réfléchi, donc. Quant à Owen, il a clairement fait le bon choix en signant à MU. Quelle meilleure façon de se relancer, à un an de la Coupe du Monde, que de jouer dans la meilleure équipe du pays ? Lui veut y croire : « J’aimerais penser que tout le monde était assez surpris de ma visite médicale. Je suis dans de bonnes conditions. On dit beaucoup de choses sur ma forme, beaucoup de choses seront dites dans les prochains mois et années, mais je ne crains pas les blessures. J’en ai eu beaucoup depuis que je suis à Newcastle, mais qui ne se blesserait pas si on sautait sur son pied ? Je peux citer beaucoup de joueurs, probablement une demi-douzaine ici, qui se sont cassé un métatarse » .

Après tout, Ronaldo est bien revenu à son meilleur niveau après deux ruptures des ligaments du genou. Et si l’avenir de Manchester United était en fait entre les mains de ses kinés ?