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Ouvrez, ouvrez la cage au hibou
C’est un fait, Marco Verratti est une merveille. Une merveille jalousement gardée par le PSG qui répond à coups de prolongations à l’appétit des autres clubs et aux déclarations parfois évasives de son joueur. Mais jusqu’à quand ?
Samedi, au sortir de la victoire du PSG à Rennes, il n’y en avait que pour Julian Draxler. Ses dribbles, ses courses, sa petite gueule d’amour et la douceur de son plat du pied droit, dans lequel tout être humain voudrait se lover. Si les yeux étaient rivés sur la recrue allemande des Parisiens, le regard était évidemment attiré par Marco Verratti. Par ses passes, ses crochets, ses prises de risque, l’Italien a encore une fois tricoté de la soie, ouvert le jeu comme d’autres ouvriraient la mer Rouge et simplifié la tâche de ses coéquipiers. Bref, il a été le meilleur sur la pelouse. Et le plus beau à voir évoluer sur le terrain. Comme souvent dans sa carrière parisienne. Après un début de saison en demi-teinte, le PSG a définitivement retrouvé son hibou qui porte le grain de beauté comme personne depuis Cindy Crawford.
La prolongation de la prolongation
Ça tombe nickel puisque, l’été dernier, l’ancien de Pescara a prolongé son contrat. Pour la quatrième fois depuis son arrivée en 2012. Jusqu’en 2021, cette fois. Bien sûr, du point de vue du club, le PSG a complètement raison de verrouiller sa pépite. De la protéger du monde extérieur. De la veiller précieusement. D’en faire la carte mère de son jeu et le joyau de son projet pour les siècles à venir. Mais du coup, le joueur est en position de force. La moindre de ses sorties – ou celles de son agent – un brin ambiguë provoque un vent de panique dans les rangs des supporters, comme parmi la direction du club, qui cadenasse tant qu’elle le peut l’avenir de son numéro six. Pourtant, à l’heure où Carlo Ancelotti lui fait des clins d’œil depuis le banc du Bayern Munich, où la Juventus l’attendrait les bras ouverts, une question se pose : et si le temps était venu pour Paris de laisser partir Marco Verratti l’été prochain ? Sans bras de fer, sans engueulade, sans colère. Non, juste de le laisser partir na-tu-rel-le-ment. Avec, au-delà de l’évidente et énorme plus-value économique réalisée, la tristesse de voir l’enfant prodige s’éloigner, mais la fierté de voir ce qu’il deviendra.
Quitter le nid
Ce n’est jamais facile de se dire au revoir, encore moins adieu, mais il faut regarder les choses en face : si Verratti peut encore apporter beaucoup sportivement au PSG, l’inverse en revanche… En clair, le PSG et la L1 peuvent-ils vraiment faire grandir davantage le gamin débarqué dans l’ombre de Zlatan Ibrahimović qu’était Verratti ? À la fin de la saison, Marco aura bouclé un quinquennat en France et, probablement, encore étoffé un peu plus son palmarès. Or, l’Italien n’est pas destiné à gagner des Hexagoals et des Coupes de France, à éblouir le Moustoir, Marcel-Picot, le Vélodrome, Louis-II ou le Parc OL, à répondre aux questions de Canal ou beIN ad vitam eternam. Il est destiné à rejoindre la caste des grands milieux de terrain. À essayer de s’imposer dans la cour de Modrić, Özil, Iniesta, de ces joueurs qui vous foutent le frisson en un râteau, en une ouverture… Pour cela, à vingt-quatre ans et demi à la fin de la saison, il serait ainsi peut-être temps pour lui de quitter le lycée pour les études supérieures. D’aller s’élever tactiquement et techniquement dans un plus grand club, d’étoffer son jeu, de prendre de l’épaisseur, de se mettre en danger, de viser la Ligue des champions chaque année… Verratti est une chose trop rare pour qu’on l’enferme en Ligue 1. Voilà pourquoi il faut ouvrir cette cage trop petite pour ce hibou grand-duc, et laisser Verratti devenir le joueur qu’il peut être.
Par Pierre Maturana