- Liga
- J11
- Barça-Athletic Bilbao (4-0)
Ousmane Dembélé, la soif du moustique
Étincelant ce dimanche avec un but et trois passes décisives contre l’Athletic Bilbao, Ousmane Dembélé a régalé les yeux des fans du Barça. À maintenant quatre semaines du début du Mondial, l’international tricolore s'affirme comme un leader d’attaque capable du pire, mais aussi du meilleur pour son équipe. La marque des joueurs qui font la différence ?
Ce dimanche soir sur la pelouse du Camp Nou, Ernesto Valverde devait se dire que la vie était sacrément mal fichue. Le 1er mai 2019, le Basque est l’entraîneur du Barça et affronte Liverpool en demi-finales aller de Ligue des champions. Et alors que son équipe domine les Reds grâce à un Leo Messi stratosphérique, l’Argentin profite d’une ultime contre-attaque pour mettre la défense anglaise aux abois et servir son coéquipier Ousmane Dembélé sur un plateau afin d’inscrire le but du 4-0. Mais sur ladite action, Dembouz fait preuve de maladresse, transformant cette occasion en or en pain béni pour Alisson Becker, tout heureux de récupérer sans effort le ballon dans ses gants. Deux ans et demi plus tard, Valverde a subi la violente claque du match retour à Anfield (4-0), s’est fait remercier par le Barça quelques mois plus tard, a retrouvé un travail sur le banc de l’Athletic Club Bilbao cet été et a affronté Dembélé. Et cette fois-ci, pour leurs retrouvailles, El Mosquito (le moustique, en VF) a piqué quatre fois pour facturer un but et trois passes décisives au cours d’un récital du Barça (4-0).
Xavi : « C’est pour cela que j’ai voulu qu’il reste »
En conférence de presse après la rencontre, El Txingurri (la fourmi) a encensé son ancien footballeur sans aigreur. « Dembélé est un joueur de classe mondiale, c’est ainsi. Il s’est installé au Barça, les blessures font partie de son passé, et il joue régulièrement. Ça se voit très vite qu’il est important au sein de ce collectif. Quand le Barça sort d’une zone de pression et que le ballon parvient dans son champ d’action, c’est une garantie. Quand il se retrouve en un contre un, il est capable de gicler d’un côté comme de l’autre et filer vers le but. Le plus important, c’est qu’il a du temps pour se reposer. » Si la dernière phrase peut faire sourire quand on connaît le passif de l’ancien Rennais et sa relation conflictuelle avec son réveil, la signification réelle est tout autre. Sous la houlette de Valverde, Dembélé était considéré comme le successeur de Neymar et devait assumer ce lourd héritage à tout juste vingt ans. Malgré des fulgurances comme ses buts contre Tottenham, Chelsea ou la Juventus en C1, cinq années d’adaptation auront été nécessaires à Dembélé pour devenir un taulier offensif du Barça. Une durée qui peut légitimement paraître trop longue pour conserver un footballeur dans son effectif, mais Xavi Hernández a toujours gardé confiance en Dembouz. Et aujourd’hui, l’entraîneur catalan récolte les fruits de cette collaboration renouvelée cet été. « Dembélé a fait un match complet, expliquait à son tour la Maquina après la rencontre. Tout lui a souri. Dans le football, les décisions que prennent les ailiers, c’est souvent tout ou rien, et là tout a souri à Ousmane. Il y a des jours où il éprouve plus de difficulté, mais ce soir, il a été époustouflant. Il doit chercher à répéter ce genre de soirées plus souvent. C’est pour cela que j’ai voulu qu’il reste. »
Tout ou rien : c’est finalement une synthèse assez révélatrice du parcours de Dembélé au Barça depuis sa signature en 2017. Fantomatique lors du match aller contre l’Inter puis buteur au retour, invisible lors du Clásico puis mis au repos contre Villarreal, le numéro 7 a explosé son compteur contre l’Athletic, devenant le premier Barcelonais à réaliser trois passes décisives et un but en un seul match depuis Luis Suárez en 2019. Le voilà désormais à quatre buts et sept offrandes en quinze matchs toutes compétitions confondues en 2022-2023, un bilan comptable satisfaisant sans être fantastique pour autant. Mais surtout, les concurrences d’Ansu Fati, Ferran Torres ou Raphinha permettent à Dembouz d’éviter une blessure liée à la surutilisation, ayant par exemple démarré sur le banc face au Celta ou à Villarreal récemment. En équipe de France, l’ailier revient aussi en force : rappelé au dernier rassemblement après plus d’un an loin de Clairefontaine, l’ex du Borussia a eu droit à onze minutes de gambade face à l’Autriche, et devrait faire partie de la liste de Didier Deschamps le 9 novembre. Au Qatar, le moustique pourrait donc bien profiter des fortes chaleurs pour faire de nouvelles victimes.
Par Antoine Donnarieix