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Ousmane Dembélé, joyau du royaume rennais
Tout juste majeur, et pour sa première titularisation dans l'élite avec le SRFC le 22 novembre dernier, Ousmane Dembélé a claqué son premier pion et s'est fait plaisir face aux Girondins. Pourtant, son destin aurait bien pu ne jamais s'écrire à Rennes. Portrait.
Dimanche 22 novembre 2015. Rennes affronte Bordeaux pour la quatorzième journée de Ligue 1. Dans l’enceinte du Roazhon Park, renommée ainsi depuis le 12 juin dernier, les spectateurs font du bruit à l’annonce de la composition bretonne. En effet, le public rouge et noir sait qu’il va voir une nouvelle tête évoluer sous ses couleurs. Un enfant du club, que ce dernier a formé alors qu’il n’était encore qu’un enfant, depuis l’âge de quatorze ans. Depuis, Ousmane Dembélé a bien grandi. Âgé de dix-huit printemps, sa première titularisation au niveau professionnel restera à coup sûr gravée dans sa mémoire. Pourquoi ? Parce qu’une première partie débutée avec son club formateur, qui plus est à domicile, est toujours un bel événement. Mais la fête est encore plus belle quand le dépucelage en question est accompagné d’un but, comme ce fut le cas pour le tout jeune numéro 23, à qui il aura fallu une demi-heure pour marquer face aux Girondins. 31 minutes exactement. Après un redoublement de passes dans la surface bordelaise, Abdoulaye Doucouré propulse Paul-Georges Ntep face au but, qui, au lieu de miner Carrasso, préfère donner un caviar à son pote pour le faire marquer à bout portant.
« Très jeune, il était déjà techniquement hors du commun »
Un joli parcours pour celui qui a fait ses gammes dans le club d’Évreux, en Haute-Normandie. « Très jeune, il était déjà techniquement hors du commun, largement au-dessus des autres, même avec son petit gabarit tout frêle. En U13, il était confronté à des U14 et U15, et il faisait déjà des différences incroyables, même face à de grands gaillards. Je me rappelle l’avoir vu jouer en futsal, il était doué en un contre un, à l’aise des deux pieds. Il était impressionnant ! S’il voulait prendre le ballon et dribbler pour aller marquer tout seul, d’une surface à l’autre, il le faisait » , se souvient Romaric Bultel, responsable de la formation au Évreux FC, qui a connu l’actuel Rennais durant une courte période. Et comme tous les gamins de son âge, Ousmane Dembélé joue au foot pour s’amuser avant tout. « C’était un bon vivant, il n’était pas méchant du tout, un déconneur ! Il blaguait souvent. On peut le voir aujourd’hui à la télévision sous une carapace de garçon sérieux, mais à l’époque, c’était le premier à chambrer ses potes » , explique Romaric Bultel. Si, jeunot, l’admirateur de Neymar tape dans le cuir pour passer du bon temps, il commence à prendre conscience de son potentiel et de la carrière qui l’attend quand les recruteurs de Rennes s’intéressent à lui en 2011, alors qu’il n’a que 14 ans. Un intérêt partagé par Ousmane, qui rejoint la Bretagne peu de temps plus tard pour apprendre le métier de footeux dans le but de faire partie, un jour, de ceux qui défendent le rouge et le noir chaque semaine sur les diverses pelouses du championnat français. À partir de ce moment, l’aventure de Dembélé est lancée et il doit, peu à peu, gravir les marches qui le séparent encore de son objectif final. Mission réussie quatre années plus tard, quand il vient frapper à la porte du groupe pro en se frottant à ses futurs coéquipiers lors de quelques entraînements.
Mission réussie
Pourtant, si le chemin d’Ousmane Dembélé paraît aujourd’hui tout tracé avec son club, cela n’a pas toujours été le cas. Loin de là. L’été dernier, il attend de signer un contrat professionnel, sur la promesse de la direction rennaise. Papier qui tarde, mais qui finit par arriver sur la table de son entourage. Un retard qui fait douter le pensionnaire de la Piverdière, et lui donne des envies d’ailleurs. « Cette proposition arrive trop tard. […]. J’ai envie d’être dans un club qui me fasse confiance à 100%. Ici, ce n’est pas le cas. Je ne changerai pas d’avis » , lance-t-il à L’Équipe à cette période. Un comportement qui ne surprend pas Philippe Montanier. « Ces jeunes qui ont un gros potentiel sont soumis à une forte pression. Ils sont sollicités par les clubs à gros moyens. Je comprends que ça puisse les perturber » , déclare-t-il en conférence de presse au même moment. Effectivement, le petit est sur les tablettes de Manchester City, du Red Bull Salzbourg et du Benfica Lisbonne. De quoi faire tourner quelques têtes. Mais celui qui est encore stagiaire au SRFC se voit finalement proposer le graal tant attendu le 1er octobre dernier. Mais quelques semaines auparavant déjà, Philippe Montanier pose ses yeux sur le Franco-Mauritanien et se dit qu’il y a là un diamant brut à polir. C’est alors qu’il prend la décision de le titulariser face à Clément Chantôme et compères, au détriment de plusieurs joueurs confirmés de son effectif, comme Grosicki ou Pedro Henrique, absent du groupe dimanche dernier. Un coaching gagnant et un pari sur l’avenir donc, pour un gosse qui deviendra bientôt un homme.
Par Maxime Nadjarian