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Oui à la VAR, stop aux mains

Par Marc Hervez
Oui à la VAR, stop aux mains

Après Kimpembe en huitièmes, c’est Danny Rose en quarts qui s’est rendu coupable d’une main involontaire provoquant un penalty ridicule, après intervention de la VAR. Une aubaine saisie par les anti-vidéo pour entonner leur rengaine. En vérité, souligner le point commun entre ces deux erreurs d’arbitrage (l’assistance vidéo) afin de militer pour sa suppression a autant de sens que de faire remarquer que les deux incriminés sont des défenseurs gauchers. Faut-il interdire ces derniers pour autant ?

À croire que le terme est voué à enfanter des paradoxes. Amis géographes, le Var est le seul département de France qui porte le nom d’un cours d’eau qui ne traverse pas le département en question. Incroyable et ridicule, non ? En football, la VAR voit elle aussi sa légitimité remise en cause semaine après semaine. Si peu de couacs furent à déplorer lors de la dernière Coupe du monde, le sentiment est de plus en plus palpable depuis son instauration lors des phases à élimination directe de Ligue des champions. La raison : les mains à deux francs qui engendrent des penaltys qui vont à l’encontre de l’esprit du jeu. Il y a bien sûr eu, début mars, la déviation du coude de Kimpembe, mille fois débattue, qui a provoqué l’élimination du PSG face à Manchester United. Rebelote dès le début des quarts de finale avec une mimine de Danny Rose sur une frappe lointaine de Sterling. La sanction fut la même, mais pas le dénouement, puisque Lloris a repoussé la frappe d’Agüero. « Heureusement » , ont soupiré beaucoup de suiveurs, qui en ont profité pour fustiger la VAR dans la foulée. L’assistance vidéo ne réglerait rien, et amènerait encore plus de confusion. C’est un point de vue, tout comme le fait de rejeter la faute sur son portefeuille lorsque l’on est pauvre.

Apprenez à juger l’intentionnalité !

Mettons fin au débat : oui, il y avait main, non il n’y avait pas penalty, dans chacun des deux cas, pas plus qu’en finale de Coupe du monde d’ailleurs. En revanche, l’erreur fut commise à chaque fois par les hommes et non par la machine. Les penaltys sur des mains foireuses ont déjà existé par le passé, même si le phénomène s’était calmé dernièrement (tant mieux). Avant de repartir de plus belle, au nom d’une « uniformisation » et d’un éclaircissement de la règle de la part du Board, qui pourtant n’est toujours pas entré en vigueur, ni même voté. Il va falloir vous calmer tout de suite, messieurs, sous peine de voir les défenseurs taper des sprints les mains dans le dos (élégance zéro), pendant que les attaquants chercheront à viser l’épaule ou le coude du joueur qui leur fait face plutôt que d’envoyer un centre sur la tête de leurs partenaires.

Au-delà de déboucher sur des sanctions – et des résultats – assez injustes, cette manie va tirer le jeu vers le bas. Apprenez à distinguer une main qui justifie un péno d’une main tout court, par pitié, et ne venez pas vous cacher derrière les images. « On voit bien que le ballon touche la main. » Oui, et alors ? Apprenez à juger l’intentionnalité, la nature de l’impact, l’amplification de la surface du corps, la distance entre le membre et la frappe. Bref, arbitrez.

La technologie est un outil

Un tel argumentaire pour se dédouaner de ses erreurs est du pain bénit pour les anti-vidéo. Pour autant, affirmer que c’est la VAR qui crée ces situations est inepte. Ce ne sont pas des images qui doivent décider que des évènements complètement aléatoires doivent être synonymes de sanction suprême. Le vrai problème vient de l’interprétation de l’arbitre, puisque, rappelons-le, le A de VAR signifie « Assistance » . Traduction : la technologie est un outil, ni plus ni moins, auquel on peut être hostile, là n’est pas le débat. Mais il apparaît assez malhonnête de mettre les erreurs récentes des arbitres sur le dos des images.

Sauf si, comme on le voit de plus en plus, ce sont les types dans le camion qui soufflent quoi siffler à l’homme en noir via une oreillette. Pour signaler un hors-jeu, admettons, mais pour toute image soumise à interprétation, il semble légitime que l’arbitre principal soit le seul décisionnaire du verdict après visionnage, s’il estime important d’aller zieuter son écran. En attendant, il est primordial que chacun reste à sa place : que les assistants assistent et que les arbitres arbitrent. Bien, si possible. En régie, Pat Le Guen pouvait indiquer à Dorothée l’heure de la pub via une oreillette, ce n’était pas à lui de l’annoncer à l’antenne.

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