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Oui à la fessée dans le foot !

Par Maxime Brigand
4 minutes
Oui à la fessée dans le foot !

Le 8 juillet 2014, le Brésil était giflé cul nul chez lui, en demi-finales de sa Coupe du monde, face à l'Allemagne (1-7). Depuis, des mouvements internationaux visent à faire interdire la fessée. Voilà pourquoi il faut lutter pour que ça n'atteigne pas le foot.

« On joue leur hymne ? Ils pleurent. Ils éliminent le Chili ? Ils pleurent. Ils perdent contre l’Allemagne ? Ils pleurent. » Un drôle de voyage dans le temps, un retour dans le passé au milieu d’une capsule où, pour qu’il n’y ait pas de méprise, Justin Timberlake n’est pas invité, son Cry Me a River n’étant pas glissé dans la playlist. Ici, le commandant de bord est plutôt un ancien apprenti tapissier-décorateur : Lothar Matthäus, évidemment. Souvenons-nous : Belo Horizonte, un 8 juillet, en 2014, le Mineirazo. Un truc difficile à expliquer, à comprendre, à planter dans la réalité d’un sport qui, par essence, aime à basculer dans l’irréel. Le foot est une scène pour illusionnistes : ce soir-là, on a simplement vu une machine froide marcher sur l’histoire, un ensemble collectif imbibé par sa recherche de verticalité, une chorégraphie parfaitement maîtrisée, une ode à la synchronisation des mouvements individuels pour le bien commun. Mais en face, qui y avait-il ? Des hommes en miettes, rien d’autre, et la transformation d’un essai émotionnel entrevu après la victoire aux tirs au but en huitième de finale d’une Coupe du monde organisée à la maison face au Chili. Matthaüs, toujours : « Ces mecs ont passé la compétition à pleurer. Je n’ai jamais rien vu d’aussi néfaste que le langage corporel de cette équipe. Elle avait peur. » Et elle a été effrayée. La suite est connue : le 8 juillet 2014, le Brésil a été planté dans ses prières par l’Allemagne (1-7) en demi-finales de sa Coupe du monde. Ou comment, à trop vouloir bien faire, se vider en étant notamment mené 5-0 à domicile en vingt-neuf minutes. La fessée ultime, vive la fessée !

Que serait le monde sans gifle ?

C’était il y a maintenant près de quatre ans : un gouffre en football. Reste le souvenir des larmes, de la honte, des regards qui fuient – une victoire lors d’une finale olympique ne pouvant totalement constituer une revanche –, de ce qui constitue probablement le plus gros crash de l’histoire du foot, le second de l’histoire du foot brésilien après le Maracanaço de 1950. Reste aussi l’une des huiles essentielles de ce bordel : la gifle, la vraie, un truc qu’il faut préserver à l’heure où des marionnettes d’État, qui n’ont jamais foutu les pieds dans un stade, rêvent de la rayer de la carte, et ce, alors que l’Allemagne et le Brésil se retrouvent pour la première fois depuis le drame, mardi soir, à Berlin.

Mais que serait la France sans Séville, sans Knysna, sans la Bulgarie, sans Reuven Atar, sans Pape Boupa Diop, sans Céline Tran (qui apprend aujourd’hui l’enluminure médiévale lors de retraites dans des monastères…) ? Que serait le monde sans gifle ? Un univers sans apprentissage, sans correction, sans ordre. Et « l’ordre est une tranquillité violente » selon un penseur à barbe fournie. Le foot, aussi, a eu ses claques : Belo Horizonte en est la plus belle – Dado Pršo est également l’auteur d’une autre jolie, mais c’est une autre histoire plus franco-française – et il convient de regarder comment le Brésil s’en est relevé. La rencontre du soir à Berlin devrait permettre de mesurer le chemin parcouru et les récoltes d’une purge à la mesure de la force de la baffe.

« Prendre une petite fessée, c’est bien »

Néanmoins, la France, toujours elle, voudrait faire bouger les choses : fin février, un nouvel amendement a été déposé par vingt-neuf députés de différents bords pour interdire pour de bon les « violences éducatives » . L’idée serait que l’éducation se fasse en dehors de toutes violences physiques et psychiques, certains élus dénonçant un « dressage » trop violent sur les gosses de la société. C’est triste, si l’on transpose ça au foot, car une équipe se construit, aussi, dans la branlée, dans l’humiliation, dans la leçon reçue. Ce Brésil en est la preuve et l’Allemagne, elle-même, a été rabaissée en d’autres temps, sur d’autres terrains (le traité de Versailles, tout ça…). Alors, il faut lutter pour que la fessée reste dans le foot, car si elle a quelque chose de terrible à vivre, elle peut aussi être jouissive et terreau d’apprentissage. Dans sa chronique consécutive à la défaite des Bleus face à la Colombie, Bixente Lizararu l’a d’ailleurs rappelé : « Prendre une petite fessée, c’est bien. » L’histoire du foot brésilien l’a déjà prouvé, le Maracanaço nourrissant le sacre de 1958, non ? Ainsi, gloire aux fesses rouges.

Le Brésil veut refermer la cicatrice
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