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Où peut jouer Hatem Ben Arfa ?
Recalé par la FIFA, la FFF, le tribunal administratif... Hatem Ben Arfa est désormais à la recherche d'une solution pour pouvoir rejouer au plus vite. Pour ce faire, l'international français doit viser un territoire où le fameux article 5.3 relatif aux transferts ne lui barre pas la route. Tour d'horizon.
À cause d’un match U21 de Newcastle disputé en pré-saison, Hatem Ben Arfa se retrouve dans l’une des situations les plus embarrassantes que peut connaître un joueur professionnel : être sans club et inqualifiable pendant six mois dans la plupart des championnats. Pour l’ancien prodige de Lyon, exit toutes les compétitions organisées par la FIFA ou une entité affiliée : Ligue 1 bien sûr, mais aussi tous les championnats professionnels européens. Impossible aussi d’aller cachetonner du côté du Qatar ou d’Abu Dhabi : organisés par leurs fédérations locales, les championnats qataris et émiratis sont a priori contraints d’appliquer à la lettre les injonctions de la FIFA. Mais bon, le Qatar n’est pas le pays le plus embêté par les règles…
La faille de l’article 5.3
Si Ben Arfa se retrouve dans l’impasse à l’intérieur du monde civilisé tel que le conçoit l’élite du foot mondial, c’est à cause du fameux article 5.3 qui interdit à tout joueur de porter le maillot de plus de deux équipes différentes dans la même saison. « Mais cet article comporte une brèche » selon Maître Tatiana Vassine, du cabinet RMS Avocats. « Le joueur peut être enregistré dans un club, mais pas qualifié pour les compétitions, sauf si le championnat d’accueil chevauche dans le calendrier celui de provenance » , précise cette spécialiste du droit du sport. Son confrère Jean-Jacques Bertrand parle « de titre dérogatoire qui, dans le cas d’Hatem Ben Arfa, concerne tous les championnats calés sur l’année civile et non à cheval sur l’année civile. » En clair, cela concerne les championnats sud-américains, mais aussi la MLS, voire la J-League (Japon) ou la CSL (Chine) se jouant intégralement sur l’année 2015. « À la condition que le joueur respecte les périodes de mutations et d’enregistrement dans le pays d’arrivée et signe au moins pour un an » précise Me Vassine. Ce qui rend Ben Arfa disponible par exemple pour le marché nord-américain, la période de transferts ouvrant du 18 février au 12 mai. Une solution qui pourrait sembler idoine à première vue, mais que Me Vassine tempère : « Ce n’est pas forcément une bonne idée de rejoindre ce type de destinations, car si son objectif est de rejouer en Europe en juillet, il ne sera plus libre et donc dépendant des exigences de son club d’accueil. Il ne peut pas y aller six mois sans contrepartie. »
À votre bon cœur…
« L’autre option, un championnat à cheval sur l’année civile comme la France, c’est possible au simple bon vouloir de la Fédération » , rappelle de son côté Maître Jean-Jacques Bertrand. On se souvient que la Fédération anglaise avait indiqué ne pas considérer la rencontre U21 de Newcastle comme officielle. Ben Arfa aurait donc pu signer à Tottenham, QPR ou Leyton Orient sans se voir interdire le droit de jouer. Une porte de sortie désormais fermée : « La période des transferts est passée, il faut donc voir quels championnats, comme l’Écosse ou la Grèce, allongent la période de transferts pour les joueurs libres » précise Me Bertrand, pour qui la Fédération française a décidé « d’appliquer à la lettre l’article 5.3 quand d’autres fédérations auraient laissé Ben Arfa jouer » . Peur des recours du côté de la FFF ? « C’est à la Fédération concernée de ficeler son dossier, mais pour le cas de Ben Arfa, la FFF n’a même pas cherché à savoir comment contrer les recours, ils ont simplement refuser d’en avoir, pour moi c’est un excès de zèle » . Pour le spécialiste du droit du sport, la bienveillance anglaise à l’égard de Ben Arfa s’explique par les habitudes locales, « leurs tendances aux prêts à très court terme qui font qu’aucun club anglais n’a intérêt à émettre de réserve, car ils scieraient la branche sur laquelle ils sont assis. »
Et pourquoi pas le Groenland tant qu’on y est ?
Probablement soucieux d’affirmer sa soif de matchs, Ben Arfa a indiqué être prêt à aller au pôle Nord pour retrouver les terrains. Pas con. Là se trouve peut-être une option à creuser pour le joueur et ses conseillers : le Groenland n’est pas affilié à la FIFA, mais au NF-Board, mouvement contestataire qui organise la Viva World Cup des nations non reconnues par la FIFA. Le championnat local n’est donc pas soumis à la fameuse règle du « deux clubs maximum par saison » , et Ben Arfa pourrait donc théoriquement faire monter les enchères entre le B-67 basé à Nuuk (16 000 habitants) ou le G-44 de Qeqertarsuaq et ses 900 habitants. Bonne option pour se refaire la cerise sans pression médiatique et se barrer sans contrainte en juillet… « Juridiquement, c’est possible, il peut même créer son propre championnat pour être tranquille » estime Me Bertrand. Plus sérieuse, Me Vassine pense qu’un tel choix de carrière n’existerait que « dans une autre dimension, car dans l’état, tous ces championnats hors du giron FIFA n’ont pas les structures pour accueillir un joueur de ce niveau. » Pour elle, la question de l’entourage du joueur se pose : « Je ne sais pas dans quelle mesure il a été conseillé ou même s’il l’a été car il aurait dû analyser sa situation avant de quitter Hull, voire de rompre son contrat avec Newcastle. Un juriste lui aurait dit que sa simple présence sur la feuille de match activait l’article 5.3… » Selon la membre du cabinet RMS Avocats, « Ben Arfa aurait tout intérêt à trouver un club qui l’accueille pour s’entraîner et préparer la saison prochaine, afin de repartir en juillet sur des bases saines plutôt que d’aller à l’aventure et mettre en danger sa carrière, car c’est ça qui est en jeu aujourd’hui. » Une configuration que l’OGC Nice semblait lui offrir avec un contrat de 18 mois homologué malgré sa non-qualification en Ligue 1, mais à laquelle le talentueux milieu offensif a semble-t-il déjà renoncé.
Par Nicolas Jucha