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Où est passé le capitaine Juninho ?
Malgré la crise de résultats en Ligue 1 que traverse l'OL, Juninho reste bien discret. Deux ans après son intronisation, le directeur sportif du club rhodanien n'a toujours pas su insuffler une mentalité positive et conquérante à un groupe qu'il s'est attelé à façonner depuis son arrivée à la fin du mois de mai 2019.
SOS ! En Ligue 1, le bateau de l’OL coule et nous n’avons plus de nouvelles de son capitaine. Quand on parle de capitaine, ce n’est ni de Léo Dubois, ni de Peter Bosz, ni de Jean-Michel Aulas dont il est question. Mais bien du maître artificier maison, reconverti directeur sportif il y a deux ans maintenant, Juninho Pernambucano. Lyon est au plus mal, le bilan comptable du coach néerlandais n’est pas loin de celui de Sylvinho (c’est pour dire), et la défaite mercredi face à Reims n’a rien arrangé. Pourtant, le Brésilien n’a plus donné de signe de vie médiatique depuis son annonce lunaire sur RMC, il y a de ça deux semaines. « J’espère bien finir la saison, et à la fin, normalement, c’est fini », lançait-il, à la surprise générale. C’est peu. Si ne pas pousser une gueulante à chaque fois qu’un micro se présente à vous ne signifie pas qu’il ne se passe rien en coulisses, cette absence médiatique est pesante pour un groupe qui doit activement passer la deuxième sous peine de prendre beaucoup de retard sur ses objectifs annuels.
L’envie d’avoir envie
Face à Reims en milieu de semaine (1-2), les Rhodaniens se sont montrés apathiques et n’avaient visiblement pas envie de jouer comme Bosz le souhaitait, voire de jouer tout court. Ce n’est pas la première fois depuis cinq ans que les Lyonnais font face à un problème de motivation sur les matchs moins glamours. Mais d’ordinaire, une voix – souvent celle de Jean-Michel Aulas – s’élève au sein du club et dans la presse pour secouer le cocotier, foutre un coup de pied dans la fourmilière, toutes les maximes que l’on veut. Du côté du directeur sportif de l’OL, c’est silence radio. Ou presque. Après la claque reçue à Rennes (4-1), Juninho avait quand même déclaré : « On a un peu la honte bien sûr, on était totalement dépassés. » Il avait également insisté sur le fait que ses joueurs n’avaient « pas de plaisir à défendre l’un pour l’autre. »
Lui qui, dès son retour entre Rhône et Saône, avait bien appuyé sur l’aspect mental du club, qui semblait avoir perdu de sa culture de la gagne, du moins sur la scène domestique, n’a toujours pas su insuffler une énergie nouvelle à son groupe. Lucas Paquetá, Bruno Guimarães et Karl Toko Ekambi n’ont pas l’air d’avoir beaucoup plus de hargne que Bertrand Traoré, Lucas Tousart ou même Maxwel Cornet qui n’étaient déjà pas des exemples de don de soi. Le sujet n’est pas de comparer les talents de tout ce beau monde, mais plutôt de savoir ce qu’a fait Juni pour (ré)inculquer le plaisir dans le sacrifice et le non-individualisme à ses successeurs sur le terrain. Difficile d’en sortir quelque chose après plus de 24 mois de boulot.
Des arrivées pour changer les mentalités, et ensuite ?
Les arrivées de Xherdan Shaqiri, double vainqueur de la Ligue des champions, de Jérôme Boateng, champion du monde et également vainqueur de la C1, ainsi que d’Emerson, qui sort du doublé Euro-C1, vont certes dans le sens d’injecter des winners dans l’effectif de l’OL. Aujourd’hui, Boateng et Emerson sont bien titulaires dans le onze lyonnais, mais rien n’a, pour l’instant, changé dans l’attitude. Malgré une implication bien visible du défenseur allemand qui a déjà montré tout son caractère face à Léo Dubois, et récemment à Rayan Cherki selon L’Équipe.
Imputer tous les torts à Juninho serait néanmoins une erreur. On peut aussi légitimement convoquer la responsabilité de Peter Bosz, dont les capacités tactiques ne sont plus à prouver, mais qui paraît galérer à se faire comprendre. Même si, dans les bons comme dans les mauvais moments, le choix d’amener Bosz à Lyon est celui du Brésilien. À l’heure de se déplacer à Bordeaux, Bosz n’a pas encore trouvé la formule pour galvaniser son groupe sur la durée. La belle promesse de jeu après la déroute angevine du mois d’août (3-0) paraît loin. En septembre, Lyon ne gagnait pas, mais était sexy. Aujourd’hui, les Gones ne gagnent toujours pas et n’excitent plus grand-monde. N’est-ce pas, Juni ?
Par Léo Tourbe