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Où est le talent ?
C'était une finale de Coupe du Monde il y a à peine treize ans. Pourtant, aucun des deux adversaires de ce soir ne pourrait prétendre à un sacre mondial à l'heure actuelle. Que la génération de la France soit moins brillante que ses devancières, après tout, soit. Plus surprenant, le Brésil aussi accuse un énorme déficit de qualités offensives.
« Tous jouent dans de grandes équipes. Cela veut donc dire qu’ils ont de grandes qualités » . Sur le site de L’Equipe, le Brésilien de Liverpool Lucas Leiva analyse son adversaire à quelques heures du remake de la finale de 98, au Stade de France. Peu dire que le milieu des Reds y va un peu fort. Lorient, Rennes ou Saint-Étienne, sans leur faire offense, ne sont pas vraiment ce que l’on peut appeler de « grandes équipes » . Ces clubs ne sont en tout cas pas grand chose en comparaison aux anciens pourvoyeurs des Bleus qu’étaient la Juventus, Madrid ou le Bayern au début des années 2000, lorsque l’Equipe de France avait l’habitude d’en passer quatre à tout le monde. A quelques exceptions près, peu de Bleus sont aujourd’hui titulaires dans de grands clubs européens qui ambitionnent légitimement de gagner la Ligue des Champions ; n’est-ce pas Karim Benzema ? Et quand ils le sont, au hasard Patrice Evra, Laurent Blanc préfère s’en priver pour prendre le stoppeur du PSG. Mais la France n’est pas la seule dans ce cas.
Il y a peu, le Brésil aussi envoyait du lourd et empilait les vedettes en attaque. Qu’on se le dise, cette période est révolue. Un rapide coup d’œil à la sélection brésilienne suffit pour confirmer la tendance aperçue durant la dernière Coupe du Monde : le génie a quasiment disparu. Révélateur et surtout impensable il y a encore quatre ans : c’est dans le secteur défensif qu’il faut chercher les grands joueurs brésiliens du moment (Alves, Anderson, David Luiz). Quant au brassard de capitaine sur le bras de cette otarie de Robinho, il en dit long sur le niveau de la concurrence qui règne dans le secteur offensif auriverde. Certes, les deux dernières équipes du Brésil à avoir soulevé la Jules Rimet brillaient davantage par leur densité physique que par leur jeu léché, alors que le football samba prôné par Tele Santana n’a quant à lui jamais permis à Zico & Co d’atteindre ne serait-ce que le dernier carré d’une phase finale de Coupe du Monde en deux éditions (1982-1986). Sauf qu’en 1994 et 2002, la Seleçao a bâti ses succès sur le talent de Romario, Bebeto, Ronaldo ou encore Rivaldo. Autant dire des monstres, capables de faire basculer un match sur une action de classe. Bref, des artistes sans commune mesure avec les noms cochés par Mano Menezes dans sa colonne attaquants. Pato est titulaire au Milan AC ? Ses stats sont encore loin de celles d’Ibrahimovic ou de Chevchenko avant lui. Hulk empile les buts avec Porto ? Il est tellement fort qu’il a été un temps question de le naturaliser portugais, histoire de lui donner une carrière internationale.
C’est triste à dire, mais le Brésil est aujourd’hui orphelin de talents, au même titre que l’Equipe de France. Le réservoir autrefois inépuisable de stars est à sec. Peut-être parce qu’on a présenté un peu trop tôt Robinho comme le nouveau Pelé. Ou parce qu’Adriano, qui aurait dû tenir le rôle d’attaquant vedette de la Seleçao s’il l’avait voulu, préfère en réalité la bière et les femmes au Ballon d’Or. Toujours est-il que ce « choc » a un peu le goût d’un Reims-Nantes : il oppose deux grands noms de la planète foot qui ne valent plus grand-chose aujourd’hui. Mais cela devrait quand même suffire à ravir Francis Huster.
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