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Otamendi, la force de l’expérience
Révélé en 2010 comme le grand espoir de l'arrière-garde argentine, Nicolas Otamendi a ensuite stagné au Portugal avant de tomber dans le championnat brésilien en 2014. Relancé par une grande saison à Valence et une Copa América de chef autoritaire, le barbu démontre une fois de plus que les défenseurs centraux montrent leur vrai visage en vieillissant. À 27 ans.
Nicolas Otamendi faisait partie de ces jeunes qui semblaient enfoncer les portes sans même cligner des yeux. Titulaire à 20 ans pour le Vélez Sársfield de Ricardo Gareca, Otamendi devient international à 21 ans, alors qu’il n’a que 11 matchs professionnels dans les jambes. Tant pis, le potentiel est trop important aux yeux de Diego Maradona, qui l’emmène en Afrique du Sud. Défenseur attendu comme la possible révélation du tournoi, Otamendi est contraint de jouer latéral droit. Et c’est sous les projecteurs, contre l’Allemagne en quarts, qu’il finit par s’écraser. Dès la 3e minute, le joueur de Vélez commet une faute non nécessaire sur Podolski. Sur le coup franc qui suit, Otamendi est au marquage de Müller et laisse filer l’Allemand. 1-0.
Après un festival de passes mal données ou imprécises et de fautes aussi brutales que dangereuses, le défenseur se jette sans raison sur l’action du second but à la 68e. Deux minutes plus tard, il est remplacé par Pastore. Il disputera ensuite trois saisons et demie à Porto, où il est acheté par deux virements de quatre millions d’euros chacun, puis six mois à l’Atlético Mineiro, mais sera surtout ignoré par Batista pour la Copa América 2011 et par Sabella pour le Mondial 2014. Cinq ans après la catastrophe, le revoilà en 2015 dans un rôle de leader de l’arrière-garde argentine qui lui va très bien. Plus fort, plus mûr, plus barbu, plus intelligent. Une histoire qui démontre une fois de plus que le poste de défenseur central requiert du temps et de la patience.
Autorité et expérience
Au Brésil, Alejandro Sabella avait choisi Fernando Fernandez pour accompagner Ezequiel Garay. Mais après quatre prestations peu convaincantes, et l’essai d’Hugo Campagnaro dans une défense à trois contre la Bosnie, le sélectionneur avait été contraint de faire confiance à Martín Demichelis, 33 ans, pour le reste de la compétition. Un choix par défaut qui, une fois de plus, mettait le doigt sur le manque de talents défensifs du pays de Passarella, Ayala et Samuel. L’Albiceleste, ainsi, s’était retrouvée à évoluer encore plus bas que prévu et semblait manquer de souffle pour dominer ses adversaires. Un an plus tard, l’Argentine ouvrait sa Copa América le samedi 13 juin contre le Paraguay à La Serena. Dans la tribune de presse du stade La Posada, alors que les journalistes argentins sortent leurs ciseaux et leurs décorations pour découper ou orner les performances des leurs, un homme fait bonne impression en défense. Conquérant dans les duels, sûr de lui sur les ballons aériens, Otamendi évolue plus haut que Garay et participe à la montée du bloc argentin.
Nelson Valdez tentera une seule fois de dribbler le barbu, avant de prendre un tacle dans les chevilles et de perdre l’ascendant psychologique. Dans la lignée de sa saison en Liga, où il est élu aux côtés de Piqué dans l’équipe type de la saison 2014-15 et où il est le deuxième central à gagner le plus de duels aériens derrière Ignacio Camacho (Málaga), Otamendi convainc par son autorité et la mesure de ses interventions. En Copa América, celui qui gagnait 3,5 duels aériens par match avec Valence est même monté à 4,5. Les bienfaits de l’expérience sont enfin ajoutés à ceux du talent.
La raison de l’âge
Jaap Stam est arrivé à Manchester United en 1998, à 26 ans. Thiago Silva est arrivé au Milan à 25 ans. Andrea Barzagli a connu ses plus belles années de 30 à 33 ans. João Miranda est arrivé à l’Atlético Madrid en 2011, à 27 ans. Marco Materazzi est arrivé à l’Inter à 28 ans. Laurent Blanc avait déjà 30 ans quand il a quitté Auxerre pour enchaîner ses dernières expériences à Barcelone, Marseille, l’Inter et Manchester. Gary Cahill arrive à Chelsea à 27 ans. Au poste de défenseur central plus qu’ailleurs, l’expérience compte plus que tout.
À 27 ans, Otamendi semble être arrivé à maturité, du moins suffisamment pour incarner les espoirs d’une nation autrefois bercée par les tacles de Walter Samuel, Gabi Heinze et El Raton Ayala. Avec son tacle aussi précis que déterminé sur Neymar à Mestalla, Otamendi a certainement marqué des points dans l’imaginaire argentin. De quoi donner des espoirs aux jeunes centraux qui évoluent encore en Argentine, de Funes Mori à Mammana. Avec l’âge, Otamendi s’impose comme le roc qui mérite enfin les surnoms qui lui avaient été donnés il y a déjà cinq ans, de l’animal Bestiamendi au militaire El Comandante.
Par Markus Kaufmann, à Santiago du Chili
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