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Osvaldo, un lionceau chez les loups

Eric Maggiori
Osvaldo, un lionceau chez les loups

Il se prend pour Batistuta, envoie chier les partis politiques qui disent qu’il n’est pas légitime en équipe d’Italie, et claque des bicyclettes que les juges de ligne lui annulent injustement. Pablo Osvaldo, c’est le nouvel attaquant qui fait vibrer les tifosi de l’AS Roma. Parce que les Romains aiment bien les mecs tarés ?

Il n’aura suffi que de quelques semaines pour que Pablo Osvaldo soit adopté par les tifosi de la Roma. Preuve de cette affection : le joueur a déjà un surnom. Alors, à quoi a-t-il droit ? El Loco ? El Gringo ? El Argentino ? Non non. Lorsqu’il pénètre dans l’enceinte du stadio Olimpico, Osvaldo devient… Simba. Quoi ? Simba, comme dans Le Roi Lion ? Exactement. Et il l’a bien cherché. Dès son arrivée à Rome, cet été, le voilà qui se présente avec une barbe, et des cheveux longs. Il n’en faut pas plus pour que tous les tifosi de la Roma revoient en lui le fantôme de Batistuta. L’homme qui, avec ses 20 buts en championnat, avait grandement contribué au dernier Scudetto giallorosso, en 2001. Or, à Rome, Batigol était devenu « Re Leone » . Le Roi Lion, pour sa longue crinière dorée. Et l’ancien attaquant de l’Espanyol Barcelone va pousser lui-même la comparaison. Lorsqu’il inscrit son premier but sous ses nouvelles couleurs, sur la pelouse de Parme, il le célèbre en faisant le signe de mitraillette. Comme qui ? Comme Batistuta. Les supporters de la Louve en font une déduction on ne peut plus logique : l’héritier du Roi Lion, bah c’est Simba. Mieux vaut ça que Pumbaa.

Romanité argentine

Toutefois, Osvaldo est bien plus qu’un jeune lion fougueux, lâché dans la ville des Jeux du Cirque. Il incarne parfaitement, peut-être malgré lui, ce que les supporters romains veulent retrouver chez un joueur. Il est parfois une contradiction à lui-seul : talentueux, maladroit, malin, naïf, forte tête, irréfléchi. Osvaldo est un peu tout ça à la fois. Transposez tous ces adjectifs sur Francesco Totti. Oui. Cela marche aussi. Non pas qu’Osvaldo en soit le successeur. Jamais de la vie. Il laissera cette tâche aux Pjanic et autres Lamela. Non, lui ne joue pas dans la même cour. Et pourtant, impossible de nier que dans sa personnalité, Osvaldo détient cette fameuse « romanità » . Celle que les tifosi giallorossi réclament, et dont ils sont fiers. Et il suffit de discuter cinq minutes avec l’un d’eux pour le comprendre : « Totti, De Rossi, Rosi, Greco, ils sont tous romains et romanisti. La Lazio, ils ont qui, eux ? » .

Pourtant, Osvaldo n’est pas né à Rome. 11 143 kilomètres séparent même la capitale italienne de Buenos Aires, sa ville natale. Argentin de naissance, argentin de cœur, il grandit là-bas, et fait ses premiers pas footballistiques à Lanus, puis à Banfield. En 2000, à l’âge de 14 ans, il passe à Huracan, club de l’une des banlieues sud de la ville. Il débute avec l’équipe première en 2005, année au cours de laquelle (coïncidence) Batistuta prend sa retraite. Reencarnación. Il plante 11 buts en 33 apparitions, ce qui en fait l’une des grandes promesses du pays. Mais Osvaldo rêve d’Europe. Il rêve même d’Italie, terre de ses ancêtres, qui ont vécu dans la région des Marches, du côté de Filottrano. En janvier 2006, il débarque donc à l’Atalanta, qui milite alors en Serie B. Il restera au premier sous-sol jusqu’à l’été 2007, où, fort de ses prestations, il est repéré par la Fiorentina. Tiens, ce n’était pas le club de Batistuta, ça ?

« Pension pour Oriundi »

Mais l’éternelle comparaison avec le goleador argentin a ses limites. Notamment au niveau du choix de la sélection nationale. Quelques mois après son arrivée à Florence, voyant que l’Albiceleste ne veut pas de lui, Osvaldo opte pour la Squadra Azzurra. Il est convoqué par Pierluigi Casiraghi en Nazionale Under-21. Il ne parle pas encore couramment italien, mais porte déjà le maillot bleu. A l’époque, l’affaire ne fait pas vraiment polémique, puisqu’il ne s’agit « que » de l’équipe Espoirs. En revanche, lorsque le mois dernier, Cesare Prandelli, son coach du temps de la Fiorentina, l’appelle en équipe première pour remplacer au pied levé Mario Balotelli, c’est la cohue. « La convocation d’Osvaldo témoigne de la débâcle de la politique de la Fédération italienne de football. Le projet de Prandelli est en train de se transformer en pension pour Oriundi » affirme Davide Cavalloto, député de la Lega Nord, un parti politique fédéraliste et régionaliste, souvent considéré comme très populiste. La réaction du joueur ne tarde pas. « Il vaut mieux ne pas donner d’importance à des gens qui ne le méritent pas. Certaines polémiques naissent seulement pour gagner des voix aux élections » répond Osvaldo dans la Gazzetta dello Sport. Un type qui a une grande gueule, et qui n’hésite pas à l’ouvrir quand il le faut.

Même si parfois, cela peut lui jouer des tours. Comme ce 16 octobre dernier. Après deux années d’exil en Espagne, à l’Espanyol Barcelone, où il se construit en tant qu’avant-centre, Osvaldo revient en Italie et opte pour la Roma, orpheline de Vucinic. Lors de son premier derby, il marque dès la cinquième minute. Fier comme un coq, il dégaine un t-shirt « Je vous l’ai mise à l’envers, moi aussi » , référence à un célèbre maillot arboré par Totti en 1999. Manque de bol pour lui : lorsque l’on chambre à la 5ème minute, il faut assumer derrière pendant 85 minutes. 88, même, puisque Klose inscrit le but décisif à la 93ème minute. Dans les vestiaires, De Rossi, capitaine intérimaire de la Roma, s’en serait pris à Osvaldo pour avoir sorti son t-shirt beaucoup trop tôt dans le match. « Je l’avais promis à Totti » se défendra le joueur face à la presse. Totti ne commentera pas. Bon…

Rock, bicyclette et mitraillette

Mais en dehors du terrain, Osvaldo n’est pas forcément le bad boy qu’il voudrait laisser paraître sur la pelouse. Lui, son truc, c’est surtout la musique. Le rock, même. C’est vrai ça, il a une bonne tête de chanteur. « Je suis en train d’apprendre la guitare et le piano. J’adore Pink Floyd et les Rolling Stones. En fait, je ne suis pas un passionné de football. Je joue au foot, et c’est tout. Quand je quitte le terrain, je me déconnecte » assure-t-il. Pas sûr, toutefois, qu’il ait réussit à se déconnecter, dimanche soir, après avoir inscrit le plus beau but de l’année contre Lecce (un retourné en pleine lucarne, Rooney style), que le juge de ligne a décidé de lui annuler pour hors-jeu. Hors-jeu ? Non. Pas du tout. Heureusement, l’attaquant romain préfère en rire. « Je le mettrais tout de même dans ma collection de buts, pour moi il est valable. Et puis, ce n’est pas grave, cela me donnera l’occasion de vouloir mettre le même la semaine prochaine » déclarait-il au lendemain de la rencontre. La semaine prochaine, c’est déjà ce soir, à Udine. La mitraillette est chargée. Les juges de ligne sont prévenus.

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