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Óscar Trejo : « Étienne Didot m’a beaucoup aidé »

Propos recueillis par Tom Binet
7 minutes
Óscar Trejo : « Étienne Didot m’a beaucoup aidé »

Grand artisan de la remontée en Liga d'un Rayo Vallecano dont il est le capitaine, l'ancien Toulousain Óscar Trejo est actuellement sur un petit nuage. Meilleur passeur de Liga avec neuf offrandes, soit deux de plus que Karim Benzema, l'Argentin espère désormais guider les siens jusqu'en Coupe d'Europe en fin de saison. Sans oublier que de ce côté des Pyrénées, il est surtout connu pour ses sucreries offertes sous le maillot du TFC, le maintien fou arraché en 2016 et son éternel sourire.

Le Rayo Vallecano vient de remonter en Liga et lutte pour une qualification européenne. À titre individuel, tu es meilleur passeur du championnat. Tout va bien en ce moment ?Je suis très heureux de ce qui est en train de se passer avec cette équipe. D’abord remonter en Liga, puis être dans cette position est quelque chose de très important pour nous. Ça change beaucoup de choses de pouvoir évoluer dans ce championnat, l’un des meilleurs du monde, où n’importe quel joueur a envie de jouer. Ensuite, finir meilleur passeur est un très bel objectif, même si j’espère surtout que l’équipe pourra se battre pour de belles choses.

Tu accordes plus d’importance à délivrer une bonne passe à ton attaquant que de marquer un but, par exemple ?Totalement, oui. J’essaie toujours de chercher comment servir mes coéquipiers dans la meilleure disposition. C’est ce qui me rend heureux sur le terrain, surtout quand il y a une passe qui amène un but. Je suis content pour tout le club, la ville. Aujourd’hui, le football est fait de beaucoup de statistiques et de chiffres, où il faudrait toujours faire les choses de manière parfaite, mais c’est impossible.

Quand tu recrutes Radamel Falcao, ça montre que tu as envie de faire de belles choses. Pour moi, il est unique, n’importe quel ballon qui lui arrive est synonyme de danger.

Tu as évolué à de nombreux postes dans ta carrière. Où te sens-tu le mieux ?Je dirais juste derrière l’attaquant pour pouvoir participer le plus possible aux offensives. Je me définirais comme un joueur créatif, qui aime être toujours connecté avec les autres joueurs, trouver la bonne passe.

Justement, depuis cet été, tu peux servir Radamel Falcao, que le Rayo Vallecano a recruté. Il est comment au quotidien ? Quelle relation as-tu avec lui sur le terrain ?C’est super de pouvoir s’entraîner au quotidien à côté d’un joueur comme lui. Quand tu recrutes Radamel Falcao, ça montre que tu as envie de faire de belles choses. On a une très bonne relation, c’est quelqu’un de très simple, humble. Il rend les choses faciles. On apprend à se connaître au fur et à mesure. Pour moi, il est unique, n’importe quel ballon qui lui arrive est synonyme de danger.

Il y a bientôt neuf ans, toi tu arrivais au Toulouse Football Club. Qu’est-ce qui t’a amené dans ce club ?Je faisais la préparation avec le Sporting Gijón, et Casanova m’appelle directement pour savoir si je voulais venir jouer en France. Évidemment, pour moi, c’était une belle opportunité, même si je ne connaissais pas beaucoup le championnat, pour être honnête. Il m’a beaucoup parlé et le défi semblait excitant.

L’expérience t’a plu ?Oui, avec ma famille, nous avons aimé cette ville. Au début, c’était un peu difficile pendant l’hiver, mais Casanova m’a beaucoup aidé, ainsi qu’Étienne Didot. Il a été un pilier fondamental. Lui et sa famille m’ont beaucoup aidé, que ce soit dans l’aspect footballistique ou personnel. La principale différence en France avec la vie en Espagne ou en Argentine, ce sont les horaires. (Rires.) Ici, tu manges plus tard, les gens restent longtemps dehors à faire plein de choses. Dès qu’on pouvait, on allait chez des amis à Barcelone ou à Saint-Sébastien, on allait visiter, faire un peu de tourisme.

Quelles différences as-tu remarquées entre la Liga et la Ligue 1 en matière de jeu ?Le championnat de France est beaucoup plus physique que la Liga. En Espagne, on pense d’abord au ballon. Ça a changé beaucoup de choses pour moi de jouer en France, c’était une belle aventure.

Retourner en Espagne était une décision personnelle, même si beaucoup de personnes n’ont pas compris mon choix d’aller jouer en deuxième division espagnole.

En 2016, lors de la fin de saison folle qui permet au TFC de se maintenir, Pascal Dupraz te met sur le banc lors de son arrivée. Comment as-tu vécu cette fin de saison incroyable pour le club ?C’était une décision du Mister. Il fallait l’accepter et tout faire pour l’équipe parce que finalement, on a réussi à rester en première division. Je me souviens très bien de mon but contre Troyes, c’était l’avant-dernier match de la saison (victoire 1-0 décisive pour le maintien, NDLR). Toute ma famille était là dans le stade, c’était un match super important. L’ambiance au Stadium ce jour-là était absolument incroyable.

L’année suivante, tu es le leader offensif de l’équipe et tu réalises une belle saison. Pourtant, tu as choisi de retourner au Rayo, qui était en D2.Oui, c’est probablement ma meilleure saison en Ligue 1, avec l’opportunité de jouer à un poste qui me convenait mieux. Retourner en Espagne était une décision personnelle, même si beaucoup de personnes n’ont pas compris mon choix d’aller jouer en deuxième division espagnole. Le football est très important pour moi, mais il y en a d’autres plus importantes encore comme la famille et, à ce moment-là, c’est ce qui a primé.

Tu continues de suivre les résultats de Toulouse aujourd’hui ?Bien sûr ! Surtout que l’équipe joue vraiment bien. Malheureusement, la saison dernière, ils ont perdu en barrages, mais j’espère que le club retrouvera rapidement sa place en première division. Ils ont de très bons joueurs et j’aimerais beaucoup revenir un jour voir un match au Stadium, retrouver la ville. Mon fils est né à Toulouse et il me demande tout le temps quand est-ce qu’on va retourner là-bas. (Rires.)

Plusieurs de tes anciens coéquipiers à Toulouse ont ensuite rejoint la Liga, comme Ben Yedder ou Braithwaite. Tu es toujours en contact avec eux ?Oui, je parle encore avec plusieurs d’entre eux, notamment Serge Aurier (aujourd’hui à Villarreal, NDLR). Ça me fait plaisir parce que maintenant, j’ai le droit de leur parler en espagnol. (Rires.)

Pour Messi, aller à Paris est un changement important, un processus qui doit suivre son cours. Mais je crois que la situation va s’améliorer. […] Avec le Mondial qui arrive à la fin de l’année, il voudra tout faire pour être en grande forme.

Qu’as-tu pensé de l’arrivée de Martin Braithwaite à Barcelone ?J’étais un peu surpris. Mais c’est un bon mec, et Barcelone cherchait un attaquant. Il y avait quatre ou cinq noms sur la table, ils l’ont choisi lui. En Espagne, les gens ont été un peu surpris aussi, mais finalement, je crois qu’il les a bien aidés avec ses qualités.

Tu disais la Ligue 1 plus physique que la Liga. Penses-tu que ça peut expliquer les difficultés d’adaptation de ton compatriote Lionel Messi au PSG ?Je crois que oui, surtout après quinze ans en Espagne. Aller à Paris est un changement important, un processus qui doit suivre son cours. Mais je crois que la situation va s’améliorer parce que c’est un grand joueur. Surtout avec le Mondial qui arrive à la fin de l’année, il voudra tout faire pour être en grande forme.

Pour revenir à toi, tu n’as jamais eu la chance d’être appelé avec l’Albiceleste. C’est un objectif que tu as en tête ?
On a tous des rêves, on ne sait jamais ce qui peut se passer, d’autant que représenter son pays, c’est… Je n’ai pas de nouvelles du sélectionneur Scaloni. Je le connais puisqu’on a joué ensemble à Majorque, mais il ne m’a jamais contacté.

Petit, tu étais plus intéressé par le basket et le cyclisme que par le foot.C’est vrai, j’ai commencé à jouer au foot vers mes dix ans quand mon papa m’a amené au club. Avant ça, je faisais surtout du vélo et un peu de basket avec mes sœurs. Au bout d’un moment, je m’en suis lassé, et quand j’ai commencé à jouer au foot, j’y suis resté. Je ne suis plus tant que ça le cyclisme, aujourd’hui. Mais quand je rentre en Argentine, je vais toujours manger quelques empanadas avec mes amis du club dans lequel j’étais. En basket bien sûr, j’aimais beaucoup Nocioni, Ginobili, c’est un sport qui a une place importante en Argentine également.

Tout est ensuite allé très vite, puisque tu es parti à Boca Juniors à l’âge de 12 ans, quittant ta ville natale dans le nord de l’Argentine. Comment l’as-tu vécu ?Ça a été un grand changement pour le jeune garçon que j’étais, je me suis retrouvé à vivre tout seul dans une résidence. La première année a été très dure. Ensuite, mon papa a pu venir vivre avec moi et c’était un peu plus simple. Ces années m’ont appris à être responsable, à me débrouiller seul. Je devais étudier aussi à côté, parfois la nuit, passer les examens. Chez moi, j’avais ma famille, mes amis, et là c’était totalement différent.

Tu t’imagines retourner en Argentine un jour ?Non. Je suis vraiment bien ici avec ma famille. Je vais rester en Espagne jusqu’à la fin de ma carrière.

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