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Oscar Ewolo: « Avant, aller à l’église, ça me fatiguait, je préférais faire mon break dance »

Par Adrien Candau
Oscar Ewolo: «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Avant, aller à l&rsquo;église, ça me fatiguait, je préférais faire mon break dance<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

Reconverti pasteur après avoir notamment fait le bonheur du FC Lorient, du Stade brestois et de Laval, Oscar Ewolo a depuis mis sur pied une église évangélique, Christ Refuge pour tous, qui occupe une bonne partie de sa vie. L'occasion, à l'heure d'un alléchant Lorient-Brest en guise de sommet de la Ligue 2, de gratter le vernis d'une drôle de carrière, tendance 50% Jésus, 50% Bretagne.

Oscar, allons tout de suite à l’essentiel, comment as-tu rencontré Dieu ?J’ai fait une expérience il y a quelques années, où j’ai découvert la foi…. Lorsque mon père est mort, ma mère a vraiment rencontré Dieu, ça l’a profondément changée. Ensuite, après sa révélation, chacun de ses enfants a aussi eu une expérience personnelle avec Dieu, qui nous a conduit à évoluer.

Donc, dans ta jeunesse, la religion n’avait pas vraiment une part prépondérante ?On a tous plus ou moins eu une éducation religieuse. Le 25 décembre, on pouvait aller à la messe, ok, mais il n’y avait pas de pratique quotidienne, non. On ne priait pas forcément à la maison avant de manger, quoi… Moi, à l’époque, aller à l’église, ça me fatiguait, je préférais faire du rap, faire mon break dance. (Rires.) Mais même lorsque ma mère a embrassé la foi, quand elle voulait nous inviter à prier à la maison, je préférais monter dans ma chambre.

Qu’est-ce qui a déclenché ton éveil spirituel alors ?Un jour, j’ai vraiment commencé à lire la Bible. J’avais la soif de comprendre, je n’étais pas fermé. Bizarrement, à chaque fois que je lisais, il y avait quelque chose qui restait à l’intérieur de moi. Je commençais à découvrir un Dieu que je ne connaissais pas. Étrangement, la lecture produisait une vraie passion chez moi, je lisais les textes, je me disais : « Waouh ! » Je voyais l’amour, la paix, plein de choses que je n’avais jamais connues, jamais découvertes. Puis, un soir, c’était un 31 décembre, au lieu d’aller en boîte, je me dis : « Pourquoi ne pas commencer l’année à l’église ? » Lorsque j’entre dans l’église – c’était une église évangélique à l’époque –, j’écoute les chants, j’écoute la parole divine. Là, c’est un peu comme si Dieu m’avait pris à part dans son bureau… En sortant, j’étais transformé. Avec Jésus à l’intérieur, qui agit à l’extérieur. C’était le même homme physiquement, mais dedans, je n’étais plus la même personne.

Ensuite, comment es-tu devenu pasteur ?D’abord, pendant des années, j’ai eu une formation. D’abord à Amiens (où il a évolué de 1996 à 2005, N.D.L.R.), pendant 7 ans, puis à Lorient. Je rentrais de l’entraînement et j’allais étudier. J’ai évolué à côté d’un pasteur qui m’a vraiment formé et donné des enseignements pour fortifier ma foi. Il y a tout un travail concernant la Bible, le comportement… Ensuite, quand je suis venu à Lorient, j’ai commencé à ouvrir ma maison pour partager l’évangile avec mes coéquipiers, comme André-Pierre Gignac, Benjamin Genton, Johan Audel, Gael Danic, Stéphane N’Guéma, qui participaient à ces réunions. Il y avait énormément de monde qui venait, des joueurs de foot, mais aussi des gens qui commençaient à se rassembler autour de moi… Là, je savais que je devais devenir pasteur à plein temps. J’ai alors décidé de créer Christ Refuge pour tous en 2008, même si je considérais que je devais pleinement embrasser cette vocation de pasteur seulement après ma carrière.

Justement, parle-nous un peu de ton église, quelles fonctions y exerces-tu précisément ?En fait, dis-toi que chaque pasteur a une particularité, c’est comme les médecins. Moi, la mienne, c’est vraiment l’implantation des églises et la formation des pasteurs. Je vais quelque part où il n’y a rien, et je structure une église. Là, on est implanté à Lorient, Laval, Amiens, j’ai commencé quelque chose à Brest, bientôt à Saint-Brieuc… L’objectif, c’est de fédérer dans des églises très multiculturelles. Du point de vue des classes sociales, c’est pareil, on peut avoir des architectes, comme des personnes qui ont longtemps vécu dans la rue… Au-delà de la parole de Dieu, on a mis en place des distributions de repas pour les sans-abris… On essaie de mettre sur pied pas mal de plateformes associatives, comme la Manne pour tous, qui permet de donner à manger à l’extérieur aux gens, ce genre de choses.

On peut assister à certains de tes sermons sur internet. Tu es toujours aussi inspiré ?J’ai appris avec le temps à parler. Tu sais, j’ai un relationnel simple avec les gens, je ne me prends pas la tête. Dieu m’a vraiment formé. Même moi, quand je me regarde, je me dis : « Mais comment je fais ? » Quand je suis en train d’exercer, je suis différent, certains diraient que je suis en transe. Il y a un vrai changement, peut-être un côté surnaturel qui est là. Je prêche avec passion. Ce que je prêche, je le vis et je le crois, donc j’arrive à transmettre comme ça.


Tu as quand même voulu garder un pied dans le football. Ces dernières années, tu as pu collaborer avec Brest et Lorient, les deux clubs de ta vie…Exactement. À Lorient, en 2017, j’intervenais avec des joueurs de manière individuelle, notamment en stabilisant leurs émotions, en tentant d’influer sur leurs pensées, en m’aménageant des plages de temps pour prier avec les joueurs, etc. Je pense qu’ils m’ont fait confiance parce que, quand j’étais footballeur professionnel, je suis toujours resté dans le rôle de fédérer les joueurs, ça définissait ma personnalité dans le vestiaire. Les entraîneurs s’appuyaient souvent sur moi dans ce rôle-là… En revanche, à Brest, en 2015, on m’a donné concrètement un rôle d’entraîneur adjoint, mais aussi de préparateur mental. Le coach et le président ont fait appel à moi pour remobiliser les joueurs, les regonfler mentalement. Quand je suis arrivé, l’équipe était avant-dernière, je me suis focalisé sur les leaders, et ensuite l’équipe s’est redressée. Et franchement, Brest, c’est un club auquel je tient énormément, ça a vraiment été une super expérience.

Justement, comment ton rapport à la foi était perçu dans les vestiaires, du temps de ta carrière de joueur ?En fait, j’ai prié avec pas mal de joueurs. Ça se fait naturellement, on ne fait pas de bourrage de crâne. Tout ce qui est associé à ma vie de manière personnelle, je ne peux pas le dissocier de ma foi, alors, lorsque j’échangeais avec les joueurs, j’en ai toujours parlé ouvertement, comme quelqu’un qui discute de quelque chose qui le passionne. Tu prends Yoan Bignoux ou Nolan Roux, qui aiment beaucoup la pêche, ils en parlaient naturellement, ça faisait partie de leur personnalité. J’ai pu toujours échanger naturellement sur le sujet, y compris avec des joueurs de confession différente comme Omar Daf, qui est musulman à fond, et avec qui on a toujours pu super bien parler de tout ça.

Selon toi, pourquoi le football semble si compatible avec l’épanouissement des croyances et de la religion ?C’est un milieu qui n’est pas du tout évident. Vous pouvez passer du statut de héros à celui de moins que rien, très, très vite. Le joueur d’une manière générale est très superstitieux, j’ai connu des types qui jouaient toujours avec le même caleçon… On reconnaît qu’il y a une force qui nous dépasse. Beaucoup n’identifient pas forcément cette force. Moi, mon expérience personnelle me dit que c’est Dieu, pour d’autres, c’est autre chose. Mais disons qu’il y a la reconnaissance d’une forme de puissance surnaturelle, qui nous dépasse en tant qu’humain.

Et sinon, tu travailles toujours sur des projets liés au football aujourd’hui ?Oui ! J’ai développé une structure qui s’appelle Sportif de distinction, qui a pour objectif de donner des clés à des sportifs de haut niveau pour réussir leur carrière. Pour gérer son environnement, ne pas faire les erreurs classiques… Parfois, les gens ne sont pas armés pour éviter des pièges inhérents à la profession.

Et donc, ce samedi, c’est Lorient-Brest. Tu vas supporter qui, du coup ?Impossible de choisir ! Désolé, mais je vois devoir rester neutre sur ce coup-là ! Moi, j’adore la Bretagne. (Rires.) Toute la Bretagne, hein!

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Par Adrien Candau

Tous propos recueillis par AC

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