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Osasuna, les ailes de l’Espagne

Par Robin Delorme, à Madrid
Osasuna, les ailes de l’Espagne

Avec Monreal sur le flan gauche, Azpilicueta sur le banc, et Juanfran dans les tribunes, Osasuna s’est fait une spécialité de placer ses anciens protégés sur les ailes de la Roja. Mais quel est donc le secret du club de Pampelune pour installer ces latéraux dans le squad de Vicente del Bosque ? Indice : ce n’est pas l’argent.

Coincé entre Alcalá de Henares et Fuenlabrada (deux communes de la banlieue madrilène), Pampelune n’est que la trentième ville espagnole. Avec ses presque 200 000 habitants, la capitale de Navarre est bien connue des amoureux de tauromachie, présents lors de la deuxième semaine de juillet pour les célèbres Sanfermines. La renommée de son club de football, le Club Atlético Osasuna, n’a elle pas encore franchi la barrière pyrénéenne. Alors que l’Espagne s’apprête à affronter la France ce mardi, l’actuel quinzième de Liga arrive pourtant à placer deux de ses anciens pensionnaires dans la sélection de Vicente del Bosque. Après le FC Barcelone (neuf joueurs formés au club) et le Real Madrid (quatre), il arrive à hauteur du Valence CF et du FC Séville (deux représentants chacun) – qui sont, soit dit en passant, les quatre plus grandes villes espagnoles. En la présence de Nacho Monreal et César Azpilicueta, Osasuna peut se vanter d’avoir deux vitrines de renom. Hasard ou non, ces deux enfants de Pampelune ont la particularité d’évoluer au poste de latéral. En y ajoutant Juanfran, entré en jeu lors du match aller face aux Bleus, le club gorritxoak ferait presque mainmise des ailes de la Roja. Ce qui nous amène à cette question : y a-t-il un secret de fabrication « latéral » du côté de Pampelune ?

Club de valeurs, valeurs du club

Lorsque Enrique Martín Monreal (aucun lien de parenté avec Nacho), directeur du centre de formation d’Osasuna, décroche son combiné, il paraît presque étonné de la question. « À Osasuna, nous travaillons sur la formation des jeunes de façon globale, que ce soit pour les attaquants, les milieux de terrain, les gardiens ou les défenseurs » , nous explique-t-il en premier lieu. Avant de se reprendre : « Mais c’est évident que notre formation des latéraux est reconnue grâce à ces deux joueurs (Monreal et Azpilicueta, ndlr). » Aujourd’hui à Londres, Nacho et Azpi sont tout droit sortis de la Cantera pamplonaise à un peu moins d’un an d’intervalle, entre août 2006 et avril 2007. Au sein du centre de formation local, un discours leur est revenu en boucle : « On essaye de leur transmettre les valeurs du club qui sont la discipline, le sens du sacrifice, que ce soit dans le monde du football ou plus globalement dans la vie de tous les jours. Une fois toutes ces choses inculquées, c’est leur talent personnel et leur condition physique exceptionnelle qui font la différence. Et ça, nous ne pouvons qu’essayer de le bonifier » , dixit Enrique Martín Monreal. De là à avouer que le hasard y est pour beaucoup, il n’y a qu’un pas.

Un pas que franchit sans encombre Raoul Loe, à Osasuna depuis 2011 : « Le fait que les deux internationaux formés à Osasuna soient latéraux tient de la coïncidence. Azpi, par exemple, n’a été décalé sur un côté que lorsqu’il est arrivé en pro. Avant, il jouait un rôle plus central. C’est comme Juanfran : il a joué cinq ans ici en tant qu’ailier droit. Ce n’est que depuis qu’il est à l’Atlético de Madrid qu’il joue latéral. » Pour Javier Saldise, journaliste aux Noticias de Navarra, cette dite coïncidence est surtout le reflet des valeurs de l’Osasuna : « Juanfran n’a pas fait sa formation ici, mais il y a appris à se battre, à disputer tous les ballons. C’est sans doute pour cela qu’aujourd’hui il joue en tant qu’arrière droit à l’Atlético et qu’il est appelé à ce poste avec la sélection : Osasuna lui a inculqué le sens du sacrifice. » Loin des considérations techniques ou tactiques, le fanion pamplonais transmet donc son « fighting-spirit » . Dans un football moderne où le latéral joue le premier contre-attaquant, le constat a de quoi surprendre. Mais si aujourd’hui les deux lascars sont internationaux, c’est bien parce qu’ils ont parfait leur bagage technique dans un autre environnement. Comme nous le concède Raoul Loe, « physiquement, ils étaient au top, mais techniquement, ils leur manquaient quelque chose. »

Le grand voisin gênant de Bilbao

La formation d’Osasuna ne se limite bien évidemment pas à ces deux latéraux. Sa Cantera est d’ailleurs l’une des plus surveillées du pays. « En plus de Monreal et d’Azpilicueta, beaucoup de très bons joueurs espagnols sont sortis de la Cantera d’Osasuna : Javi Martínez, Pablo Orbaiz (actuellement au Rubin Kazan, ndlr.), Santiago Ezquerro ou encore Raúl Garcia. Si le club avait eu la possibilité économique de les garder, nous serions en train de parler d’une équipe qui se trouverait juste après le Real Madrid et Barcelone » , confie Enrique Martín Monreal. La comparaison avec les deux mastodontes espagnols à mettre sous le coup de l’émotion, il n’en reste pas moins que le centre de formation de Pampelune pullule de talents. Le cas de Javi Martínez, aujourd’hui en Bavière, est le parfait exemple d’un combat que certains jugent perdu d’avance. Et ici, pas question de Real ou de Barça, simplement du voisin gênant de l’Athletic Bilbao. Après cinq années passées chez les jeunes de l’Osasuna, Javi se fait la malle du côté de San Mamés en 2006. Alors qu’il n’a que 17 ans et aucun match de Liga dans les jambes, les Leones dépensent la bagatelle de six millions d’euros. Un pouvoir économique face auquel le club de Pampelune ne peut lutter – Bilbao compte le septième budget de Liga, Osasuna le 17e.

« L’Athletic est le club le plus puissant de la région, et offre donc de meilleurs conditions financières aux joueurs et aux parents de ces joueurs » , constate, amer, Javier Saldise. Du côté de San Sebastián et de sa Real Sociedad, « elle a, disons, plus de respect : elle ne va pas aller chercher des jeunes joueurs de la Cantera » , poursuit-il. Une situation qu’a connue de loin Raoul Loe : « L’an dernier, un jeune gardien d’à peine 18 ans est venu me dire, après avoir prolongé avec le club, que l’Athletic Bilbao le suivait et lui avait même proposé un meilleur contrat. » « Avec la politique de Bilbao, il y a seulement en Navarre qu’ils peuvent recruter ailleurs qu’au Pays basque. Dans la région de Pampelune, ils fonctionnent donc avec plein de petits clubs partenaires pour dénicher les talents de demain. Et s’ils en ratent un, ils vont essayer de venir le prendre au centre de formation. Par exemple, Iker Muniain est né à Pampelune, mais n’a jamais joué à Osasuna. Bilbao est venu le recruter à 13 ans alors qu’il jouait dans un de leur club-filiale de la banlieue pamplonaise, le UDC Chantrea » , conclut Raoul Loe. Ainsi, Fernando Llorente, Mikel San José, et donc Javi Martínez et Iker Muniain, tous originaires de Pampelune, n’ont jamais joué en Liga sous la liquette des Gorritxoaks. Mais Osasuna n’en a finalement que faire : aucun d’eux ne peut déployer ses ailes.

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Par Robin Delorme, à Madrid

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