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Origi et Lucas, bienvenue au club des 27 !
Quel est le point commun entre Divock Origi et Lucas Moura ? Oui, ils ont tous les deux signé cette semaine l’exploit d’une vie pour qualifier respectivement Liverpool et Tottenham en finale de Ligue des champions. Et c’est vrai qu’ils sont des anciens joueurs de Ligue 1, souvent considérés comme des seconds couteaux. Mais surtout, ils portent tous les deux le numéro 27. Et c’est peut-être l’élément le plus important pour comprendre leur grosse performance à 24 heures d'écart.
« Le 27, en principe, c’est le chiffre qui permet de réaliser des projets. Il permet de conclure quelque chose. » Anne-Marie Pellerin est numérologue, et si interpréter les chiffres est son métier, apporter son expertise sur le football ne l’est pas. Pourtant, sa première réponse colle déjà parfaitement à ce qu’ont vécu Divock Origi et Lucas Moura cette semaine, chacun avec le numéro 27 floqué dans le dos. Le premier est sorti de sa boîte pour claquer un doublé prépondérant dans le mauvais coup joué à Barcelone mardi, quand le second a signé un triplé prodigieux pour écarter l’Ajax. Et les deux attaquants ont ainsi propulsé Reds et Spurs en finale de Ligue des champions, alors que ce n’était pas forcément le destin qu’on leur prêtait.
27, un numéro qui semble anodin, bâtard, qui ressemble à un choix par défaut, comme celui qu’on attribuerait à un joueur qui vient se greffer à un effectif déjà suffisamment pourvu de numéro 7, soit l’ailier dans toute sa splendeur, ou de numéro 9, apanage de l’attaquant de pointe racé. Le 27 serait donc celui du troisième ailier dans la hiérarchie, après le 7 et le 17, soit peu ou prou le statut de Lucas Moura à Tottenham. Mais aussi celui du troisième avant-centre (puisque 3×9=27 ou 2+7=9), ce qu’est Divock Origi à Liverpool, barré d’ordinaire par Firmino et Sturridge.
2-7 c’est la Ligue des champions
Dans le monde réel, ce chiffre ramène aussi à diverses références. Les 27 ans de mariage correspondent aux noces d’acajou, « un bois de couleur rose pâle à rouge, odorant, durable et facile à travailler » selon Wikipédia. 27 est aussi le numéro atomique du cobalt, ce « métal gris clair, tirant faiblement sur le rouge, utilisé en particulier pour la fabrication d’aciers spéciaux et de colorants, le plus souvent bleus » , d’après la définition du Centre national de ressources textuelles et lexicales. Des matériaux qui garantissent donc une certaine robustesse, tout en présentant quelques qualités esthétiques une fois transformés. Et cette semaine, il fallait être fort et le spectacle a été assuré. 27, c’est aussi le numéro du département de l’Eure, dont la préfecture est Évreux, une ville où tout a commencé pour Ousmane Dembélé et Steve Mandanda. Une terre de champions donc, et tant pis si cela a poussé les supporters du Havre (Seine-Maritime, 76) à réfléchir à deux fois avant de se faire floquer l’an dernier le nom et le numéro 27 de Rafik Guitane, lui aussi Ébroïcien de naissance. Enfin, dans la religion chrétienne, on distingue 27 livres dans le Nouveau Testament. Suffisant pour que les miracles réalisés par Lucas et Origi soient transmis aux futures générations.
Si on considère 27 comme un âge, il renvoie immédiatement au tristement célèbre « Club des 27 » , ces artistes disparus à 27 ans et érigés au rang de génies. On parle là de Robert Johnson, Brian Jones, Jimi Hendrix, Janis Joplin, Jim Morrison, Kurt Cobain et Amy Winehouse. Pour Anne-Marie Pellerin, cet âge est un tournant dans une vie : « Arrivé à 27 ans, on peut considérer qu’on a compris certaines choses, qu’on arrive à une certaine maturité et qu’on va passer dans une autre dimension, ou justement ne pas passer ce cap. » Mais pourquoi 27 ? « Ça correspond aussi à 3×9, continue la médium. Le 3, c’est le chiffre de la Trinité, c’est la première figure géométrique (quand le 1 est un point et le 2 un trait). C’est toujours un très bon nombre de chance, de créativité. Le neuf, en numérologie, ça représente un cycle important dans la vie. Comme il faut 9 mois pour enfanter, on appelle ça« le chiffre de l’homme ». Le 9, c’est la réalisation de soi et les gens qui y sont rattachés sont soit complètement renfermés sur eux-mêmes soit, au contraire, ouverts sur le monde. C’est pour ça qu’on a pris la 9e symphonie de Beethoven comme hymne de l’Europe. »
L’Europe justement, venons-y. Car c’est sur cette scène que les deux loustics ont réalisé leur numéro. Or 27 correspond aussi au nombre de pays adhérents à l’Union européenne avant l’entrée de la Croatie en 2013, mais également au nombre de pays qui resteront une fois le Brexit passé par là. Et quand on joue pour des clubs anglais, tout ça a forcément des répercussions. Difficile d’avancer que ces performances sont un signe annonciateur de la sortie de l’UE de la Grande-Bretagne, mais les politiciens se sont déjà chargés d’utiliser ce symbole. Après la victoire de Liverpool, le travailliste Jeremy Corbyn avait déclaré que « la Première ministre devrait peut-être prendre quelques conseils auprès de Jürgen Klopp pour savoir comment avoir des bons résultats en Europe » . Interpellée, Theresa May a répliqué : « Je pense en fait que la victoire de Liverpool montre que quand tout le monde dit que c’est fini, que l’opposition européenne est en train de vous battre alors que l’horloge tourne, on peut toujours assurer une victoire si tout le monde marche dans la même direction. » Une belle leçon de récupération bien loin des intentions du Brésilien et du Belge.
Les 27, heures démentes
Pour Lucas et Origi, cet alignement des planètes révèle autre chose de leur trajectoire, si l’on se fie aux interprétations d’Anne-Marie Pellerin. Celle-ci n’avait jusque alors jamais entendu parler de ces deux joueurs, puisqu’elle est « restée bloquée à l’époque de Zidane » . Mais de sa voix rauque, elle arrive à analyser les performances des attaquants. « Lucas Moura a eu des problèmes, mais ça devrait aller beaucoup mieux pour lui cette année, assure-t-elle. Il est dans ce qu’on appelle une année 6, ce qui correspond à son chemin de vie. C’est comme s’il était rentré depuis le mois d’avril dans un nouveau cycle, où il pourrait s’affirmer et montrer tout son potentiel. Il a moins d’entrave que lors des trois dernières années. Depuis quelques mois, il a plus de liberté de mouvement, plus de liberté d’expression. » En effet, cela faisait un petit moment que personne n’avait autant compté sur le Brésilien que Mauricio Pochettino ces derniers temps.
Pour Divock Origi, la conclusion est un peu moins tranchée, sûrement parce que le facteur chance est beaucoup plus prégnant. « Origi, déjà, il est en année 7. C’est une année où on peut connaître des événements un peu inattendus, des cadeaux du ciel. Et puis il vient de passer son anniversaire(18 avril, N.D.L.R.). Donc il est dans une très bonne dynamique, déroule-t-elle. Il a bénéficié d’un coup de grâce. C’est un besogneux, les choses viennent avec le temps pour lui. Celui-là, il ne peut aller qu’en s’améliorant s’il se cadre bien. » Que des signes globalement positifs pour les deux joueurs qui devraient pouvoir surfer sur cette bonne énergie encore quelque temps.
Mais quelles sont finalement les caractéristiques communes aux numéros 27 dans le football ? « Dans les nombres, c’est toujours tout l’un ou tout l’autre, prévient d’abord Anne-Marie Pellerin avant de se prononcer. Le 27 montre le sens de l’engagement. Du 2 vers le 7, c’est la possibilité de se développer, faire du profit. Et on est avec les autres, parce qu’il y a le 2 qui représente l’association. Le 7, c’est le chiffre de la sagesse ou de la folie. » Pas étonnant donc d’avoir profité cette semaine d’œuvres collectives et complètement irrationnelles, grâce à deux joueurs portant le numéro 27. De bon augure pour tous les autres numéro 27 que sont Javier Pastore, Maxwel Cornet, Hamari Traoré, Farid Boulaya, Maxime Lopez, Kenny Lala, Moussa Diaby, Robert Berić ou Franck Tabanou. Avec ce numéro lourd de sens dans le dos, ils ne sont pas à l’abri de s’offrir un exploit dans les prochains mois.
Par Mathieu Rollinger