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Opération Carton rouge : le Porto et Benfica dans le viseur de la justice portugaise
Les premières révélations de l’opération Carton rouge ont provoqué la démission de Luís Filipe Vieira, l’indéboulonnable président du Benfica. Mais cette enquête menée par la justice portugaise vient également de toucher le club ennemi, le FC Porto. Pas sûr que cela suffise à réconforter les Benfiquistes.
Cet été, la justice portugaise ne prend pas de vacances et s’attaque au football portugais. Depuis une semaine, les perquisitions s’enchaînent dans le cadre de l’opération Carton rouge. Cette énorme enquête, lancée en 2018, est en train d’éclabousser le FC Porto et Benfica. Les deux clubs les plus titrés du Portugal ne sont pas vraiment à ça près, après avoir déjà été visés par les révélations des Football Leaks.
Abus de confiance, falsification, escroquerie aggravée
À Benfica, c’est Luís Filipe Vieira, président depuis 2005, qui a fait les frais des premières révélations de la justice portugaise. Le 7 juillet, il a été arrêté en bonne compagnie avec son fils Tiago Vieira, l’homme d’affaires Bruno Macedo et José António Dos Santos, un entrepreneur surnommé le « roi des poulets » , qui a été actionnaire du club jusqu’à en posséder 13% des parts. Le désormais ex-président de Benfica aurait mis en place des stratagèmes financiers pour servir ses propres intérêts, selon la justice portugaise qui le soupçonne d’abus de confiance, de falsification, d’escroquerie aggravée, de blanchiment d’argent et de fraude. Rien que ça.
Luis Filipe Vieira
Et les sommes évoquées sont colossales, « des affaires et des opérations de financement d’un montant total supérieur à 100 millions d’euros qui peuvent avoir provoqué des pertes élevées pour l’État et plusieurs sociétés », détaille le parquet. L’ampleur de ce scandale a fini par entraîner la démission de Luís Filipe Vieira, qui n’en était pourtant pas à son coup d’essai. Dans la foulée, Rui Costa, ancien joueur de Benfica et président par intérim, a annoncé de nouvelles élections pour la fin de l’année.
Pas de jaloux
Le Benfica n’est toutefois plus le seul dans le viseur de la justice portugaise. Le 15 juillet, le FC Porto finit également par être rattrapé par l’Operação Cartão Vermelho d’après les révélations de l’hebdomadaire Sabado. Cette fois, ce sont les dessous d’un contrat de droits télévisés avec Altice qui intéressent la justice. Selon la chaîne de télévision portugaise TVI24, ces soupçons sont liés au paiement d’une commission de 20 millions d’euros à un intermédiaire de la transaction.
Le transfert d’Éder Militão est aussi particulièrement ciblé. En 2018, le défenseur brésilien a été transféré pour 8,5 millions d’euros de São Paulo au FC Porto, qui a acheté 90% du joueur. Un an plus tard, les Dragões vendent leur défenseur central pour 50 millions d’euros au Real Madrid. Une jolie plus-value potentielle d’environ 38 millions d’euros pour le FC Porto, qui n’en déclare pourtant que 28 aux autorités portugaises. Le reste aurait été empoché par deux intermédiaires, Giuliano Bertolucci et l’homme d’affaires Bruno de Macedo. Le nom de ce dernier revient régulièrement dans les transferts du club, qui sont passés au crible et pourraient entraîner de nouvelles affaires dans l’affaire. À la suite de ces révélations, le FC Porto a garanti que les deux accords étaient légaux et a rappelé dans un communiqué que « le FC Porto SAD et son conseil d’administration n’ont jamais été interrogés ou entendus dans aucun type d’enquête sur l’une des deux questions évoquées. » Au vu de l’ampleur que prend cette affaire au Portugal, ils pourraient l’être très prochainement. Pour l’instant, seuls les deux mastodontes portugais sont éclaboussés par l’opération Carton rouge, mais celle-ci pourrait n’en être qu’à ses prémices.
Par Vincent Bresson