- Bonne année
On vous spoile l’année 2023
Pour prédire leur futur, les hommes ont essayé de lire dans les astres. Ils continuent de croire, aussi, dans les vertus du marc de café. Pourtant, il suffit d'avoir confiance en Willy Sagnol et en un divin chauve sur les pentes du Vésuve, sans perdre de vue que même les plus grandes idoles du football ont une date de péremption. Nous voilà en 2023, et vous voilà prévenus.
Arsenal de retour sur le trône d’Angleterre
« Arsenal, nous devons les chasser. Maintenant nous devons montrer qui est la meilleure équipe de la ligue » , et c’est Erling Haaland qui l’a martelé, voyant que les causeries de Mikel Arteta ne s’arrêtaient pas à une série Amazon Prime. Qui aurait cru que les Gunners, sevrés de podium depuis 2016, redeviendraient l’équipe à battre outre-Manche ? Si Pep Guardiola parviendra longtemps à rester dans la roue de son ancien adjoint, le mano à mano basculera pour de bon le 26 avril, à l’Etihad Stadium : face à face, l’élève dépassera le maître malgré l’ouverture du score de l’inévitable mutant norvégien. Gabriel Martinelli et Bukayo Saka couronneront une saison d’exception, de (presque) invincibles, tandis que Ben White et Martin Ødegaard feront la une des canards après leurs performances de cochons. Même Aaron Ramsdale sera parvenu à redorer l’image des gardiens anglais. Un coup de canon sur les briques rouges de Cottonopolis.
Le PSG vainque… éliminé en quarts de la Ligue des champions
De nouveau sans rival en Ligue 1, le Paris Saint-Germain croit encore et toujours en son étoile sur la scène européenne. Face à un Bayern orphelin de Manuel Neuer (n’est pas Bode Miller qui veut) et avec un Sadio Mané diminué, les Parisiens franchissent avec maîtrise le premier obstacle de la phase à élimination directe. Oui, même Eric Maxim Choupo-Moting doit déposer les armes. Mais arrivée en quarts, la MNM se heurte à Chelsea. Infranchissable, Kepa fait de son mieux pour garder Édouard Mendy au chômage. Après un nul vierge au Bridge, le crâne de Kalidou Koulibaly vient doucher les espoirs du Parc, sur corner. Il n’en faut pas plus pour que Neymar éclate en sanglots, organise une fiesta trois jours plus tard, puis plie bagages fin mai. Pause. Repeat. QSI en a-t-il encore sous le pied ?
Naples : le signe indien, quel signe indien ?
Large leader à la trêve, le Napoli a habitué son public fanatique à tituber dans la dernière ligne droite. Mais 2023 sera enfin l’année du sacre, pour d’impitoyables Partenopei. Celui qu’auraient tellement mérité Lorenzo Insigne, Kalidou Koulibaly, Dries Mertens et Marek Hamšík. L’Inter va l’apprendre à ses dépens dès la reprise, la Juventus ne sera qu’un faire-valoir dix jours plus tard (4-0). Même si Khvicha Kvaratskhelia n’aura pas toujours sa réussite du début de saison, impossible d’altérer la force de frappe des hommes de Luciano Spalletti, qui meurent d’impatience de ramener le Scudetto sur les pentes du Vésuve, 33 ans après. En Ligue des champions, les Napolitains auront l’honneur d’atteindre la finale après un parcours enthousiasmant, mais Manchester City fera enfin fi du coaching troublant de Pep Guardiola. Quelle année pour Diego Maradona.
Willy Sagnol emmène la Géorgie à l’Euro
De retour à son format initial, dans un seul pays, l’Euro 2024 est prêt à accueillir de nouvelles têtes. Défaite sur ses terres par la Macédoine du Nord, en barrage, la Géorgie vient de rouler sur son groupe de Ligue des nations. De la jeunesse à des postes clés, de plus en plus de joueurs dans des championnats qui comptent, un gardien aux allures de crack mondial (Giorgi Mamardashvili) et bien sûr l’explosion tant espérée de Khvicha Kvaratskhelia : Willy Sagnol est en train de s’acheter une réputation de bâtisseur. Opposés à la Norvège d’entrée, les « Croisés » vont museler Erling Haaland et consorts. Un succès 2-0 à Batumi, idéal pour lancer une campagne historique. Trop forts pour Chypre, roublards et conquérants face à l’Écosse, les Géorgiens parviendront même à accrocher l’Espagne (1-1). Une Roja qu’ils auraient déjà pu scalper en 2021, en éliminatoires du Mondial. Réguliers, téméraires et organisés, les joueurs du Caucase iront bien en Allemagne, avec les crocs.
Cristiano Ronaldo, le chant du cygne
Le vendredi 30 décembre 2022 restera comme le jour où la légende de Madère a choisi de découvrir les bienfaits des sables mouvants. Transféré à Al-Nassr, CR7 y échangera bien quelques accolades avec Talisca et Vincent Aboubakar, entre deux patators inouïs pour les gardiens de Saudi Pro League. Mais à l’image de sa présentation en catimini, le quintuple Ballon d’or a perdu la flamme, et prend le temps de sonder sa conscience. Le Mondial 2026 à 41 ans ? C’est peine perdue, José Mourinho l’aura rayé de son calepin. L’Euro 2024, en jouant en Arabie saoudite ? Avec toute la concurrence qui existe en Seleção ? Tant de nuages au-dessus des dernières aspirations d’un géant. Après six mois à sourire aux caméras, le Portugais reste un athlète, mais il met fin à son aventure en jaune et bleu, pour mieux profiter de sa petite famille et de sa nouvelle Rolls Royce. Tant pis pour les 500 000 euros par jour. Le football lui restera éternellement reconnaissant.
Sainté : le feu de Forez
Saint-Étienne en route pour passer le réveillon 2024 dans le monde amateur ? Tout juste. Quelques mois après le barrage dramatique face à l’AJ Auxerre, les Verts pointent à six unités du maintien et au dernier rang de Ligue 2. Avec trois points de pénalité en début d’exercice, un rachat assez chimérique, des rouges en pagaille et une arrière-garde aux abois, la bande à Batlles ne quittera jamais le fond de la charrette. Malgré deux victoires en janvier, contre Laval et Sochaux, le Chaudron clairsemé replonge et implose : Ibrahima Wadji est le roi du tir aux pigeons, Gaëtan Charbonnier est arrivé trop tard, et Sainté ne sait pas tenir en score au-delà du temps réglementaire. À deux journées de la fin, la messe est dite, et la seconde descente consécutive est actée : le prochain derby, ce sera face à Lyon-La Duchère.
Eurasie : la ruse des Russes
En même temps que la Douma approuvait l’invasion de l’Ukraine, la nuit noire s’est abattue sur le foot russe. Un championnat et une Sbornaya ostracisés plus tard, voilà que la Fédération se calque sur les accointances socio-économiques de son leader suprême : pour retrouver le chemin de la compétitivité et des frissons internationaux, la Russie doit changer d’affiliation. Il aura suffi d’un regard vers l’Est, pour que l’Eurasie du football reprenne des accents d’URSS. Le rapprochement a commencé fin septembre, à Bishkek, dans une ambiance étrange et pesante. Il s’achèvera en juin 2023 après une dernière salve d’amicaux : « l’opération spéciale » s’est définitivement enlisée, et il n’existe plus de porte de sortie à court terme pour éviter l’effondrement du niveau et des recettes. La Russie rejoint la confédération asiatique (AFC). Le CSKA Moscou et le Zénith Saint-Pétersbourg, tous les deux vainqueurs de la C3 en 2005 et 2008, vont désormais en découdre avec le Pakhtakor Tashkent et le Police Tero FC. La Sbornaya, elle, vise la Coupe d’Asie 2027.
Diego Simeone quitte (enfin) l’Atlético
Voilà plusieurs mois que le Cholismo ne fait plus recette. Même gagner petit contre le Real Majorque est devenu une corvée pour un Atléti prisonnier de sa philosophie du moche. Bons derniers de leur poule (accessible) de Ligue des champions, les Matelassiers décrochent aussi en Liga, et les tensions s’exacerbent une dernière fois entre le clan de João Félix et Simeone, autour de l’utilisation et du temps de jeu de ce dernier. Mi-avril, un éclair de lucidité traverse l’esprit des propriétaires, qui craignent un exode de leurs éléments offensifs phares à l’été : c’est le moment de remercier le technicien argentin après plus de onze ans de sommets, mais aussi de controverses et de coups d’épée dans la vase. La nouvelle teinture d’Antoine Griezmann n’était qu’un présage : avec Thomas Tuchel sur le banc, c’est le retour de la vie en rose. Même si l’état de grâce ne dure qu’un temps…
Par Alexandre Lazar, derrière sa boule de cristal