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On vous spoile la saison 3 de Sunderland ‘Til I Die
Dans le dernier numéro de So Foot, Richard Cooke se demandait si son documentaire Sunderland ’Til I Die méritait une suite après deux saisons de lose complète. « J’ai tendance à penser que l’histoire n’est pas terminée », pressentait le showrunner. Bingo : vu la tournure prise par la saison 2019-2020 des bien-nommés Black Cats, le scénario est déjà tout trouvé. D’ailleurs, on peut déjà deviner à quoi ressembleront les six prochains épisodes, s’ils daignent sortir un jour sur Netflix.
Épisode 1
Peter Farrer sillonne inlassablement l’estuaire du Wear au volant de son taxi. Si les clients ne se pressent pas sur sa banquette arrière, ce n’est pas cela qui lui file le cafard. Mais plutôt le fait que son Sunderland AFC ait signé un début de saison comme il sait si bien les faire. La veille, en plus de concéder un nul face à Oxford en ouverture de la League One, il a fallu digérer le départ du capitaine George Honeyman. Un gars ayant connu deux relégations consécutives avec son club formateur et qui préfère rattraper le temps perdu à l’étage supérieur avec Hull City. Autant dire que cette seconde année consécutive en League One — après avoir raté la promotion dans les dernières minutes du barrage à Wembley contre Charlton — s’annonce une nouvelle fois comme un sacré chemin de croix. La rédemption qu’invoque en boucle le père Marc Lyden-Smith face à ses fidèles n’est, elle, toujours pas près de pointer le bout de son nez.
Épisode 2
« Une fois, c’est de l’expérience. Deux fois, c’est de la connerie. » Stuart Donald peut s’essuyer le front et expliquer à sa femme — toujours aussi distinguée — qu’il ne retombera pas dans le piège de la saison passée : le propriétaire est toujours aussi tiraillé entre ses nécessités économiques et son affect. Sunderland avance au classement, mais pas aussi vite qu’il ne le souhaiterait. Et après une défaite à Lincoln City, il fait le choix de se séparer de Jack Ross. L’entraîneur écossais semblait toujours autant subir les événements, sans pouvoir insuffler l’énergie à ses lads pour inverser les situations. Et c’est Phil Parkinson, passé par Bradford et Bolton, mais formé dans sa jeunesse au SAFC, qui prend la relève. Charlie Methven, lui, ne peut toujours pas déboutonner le haut de son polo. En parallèle, le directeur du foot des Black Cats doit chercher à remplacer le speaker du Stadium of Light, accusé par son boss d’avoir trop poussé les décibels lors du dernier match à domicile. Et après avoir écumé les pubs du coin, enchaînant pinte sur pinte avec les dockers du coin, il finit par débusquer le DJ du Sams Bar. La saison peut débuter… Enfin, une fois que la gueule de bois sera passée.
Épisode 3
Difficile de se confronter à ses rêves. Le jeune Luke O’Nien entame sa deuxième saison ici à Sunderland. Et s’il était arrivé plein d’entrain l’année passée, le gamin déchante. On le retrouve affalé sur son canapé, manette de Playstation en main, ne daignant répondre à sa copine. Il faut dire que la veille, Sunderland a fait ses adieux à la coupe de l’EFL, celle-là même qui avait permis la saison passée de retourner Londres et visiter Wembley en finale (perdue, évidemment). Cette année, c’est au quatrième tour qu’ils quittent la scène. La faute notamment à un tir au but foiré par un certain Will Grigg… L’attaquant star nord-irlandais, pour lequel le club a cassé sa tirelire en janvier, n’est que le fantôme de celui qui a enflammé les supporters pendant l’Euro 2016 (sans jouer), auteur d’un tout petit pion depuis le début de la saison. C’en est trop pour le débonnaire Andrew Cammiss. Le vétéran d’Afghanistan se résigne à rater pour la première fois depuis 10 piges un match des Black Cats. Ce samedi soir, au lieu d’un déplacement à Gillingham, ce sera une soirée en famille dans une salle d’arcade. Et ce n’est pas la triste défaite des gars de Parkinson qui lui fera regretter.
Épisode 4
Si l’automne est plus long ici qu’ailleurs, c’est à l’hiver que les blagues les plus courtes se racontent à Sunderland. Le club pointe à la 13e place et est dans l’obligation de réagir sur le marché des transferts pour espérer offrir un vrai rebond scénaristique. Déjà que le Boxing Day n’était pas joyeux (un pauvre 0-0 contre la lanterne rouge Bolton), c’est la légende Aiden McGeady qui fait ses cartons pour rejoindre Charlton en prêt. Mais Stewart Donald a retenu la leçon de l’an passé : il n’attendra pas le 31 janvier pour passer à l’action. Et dès le 10, c’est Kyle Lafferty, international nord-irlandais, qui débarque de Sarpsborg en Norvège. Ouf. Sunderland profite d’une nouvelle dynamique pour engranger les points (23/30 en deux mois) et remonte à la quatrième place. Championship, here we come !
Épisode 5
Les rues de Sunderland n’ont jamais été aussi vides. Et pour cause : le coronavirus est en ville. Après les facéties de Boris Johnson, tout le monde a fini par se cloîtrer chez soi. Et si tout le club passe en chômage partiel, aucun cas de coronavirus n’est à déplorer dans le casting, le Covid-19 n’ayant visiblement pas envie de s’engager dans un tel bourbier. Chez le couple Stevens, on préfère se mettre dans le cornet les VHS des grandes heures de Sunderland. Bon, comme les six titres de champions d’Angleterre ont été remportés avant 1936, une époque où aucune caméra n’a pu saisir des Black Cats victorieux, les soirées magnéto se résument à un replay de la FA Cup 1973 et une compile de Niall Quinn.
Épisode 6
Joyce Rome ne sait pas ce qu’elle va faire de tout ce stock de macaroni, puisque ça fait bien deux mois qu’aucun de ses petits gars n’a mis un pied dans sa cantine. L’œil humide, elle sait que sa ville va galérer à se remettre du confinement. Déjà, l’usine Nissan, un des gros employeurs du coin, menace de mettre la clé sous la porte, mais ce n’est rien comparé au sort du club de football. Stewart Donald, qui cherche à revendre l’affaire, est lui au bout de sa vie. Quelques heures plus tôt l’ensemble des clubs de League One et League Two ont voté l’arrêt définitif des compétitions. Septième à seulement trois points d’une seconde place qui aurait pu les envoyer directement en Championship (avec Coventry ou Rotherham, donc), et douze buts d’une sixième place qui les embarquait en play-offs, les Black Cats héritent de la place du con. Pour changer. Les classement finaux étant déterminés en calculant le ratio des points par match (comme en France), ils terminent donc à la huitième place du championnat et rempilent pour une troisième saison consécutive en 3e division. Il faudra donc s’accrocher pour que la saison 4 puisse faire mieux. la barre étant désormais très très haute. Mais bon, il faut croire qu’on n’est jamais au bout de ses surprises avec ce club.
Par Mathieu Rollinger
Les déclarations et les scènes décrites sont une fiction librement inspirée du documentaire Sunderland 'Til I Die, mais les résultats sportifs sont eux bien réels.