- Ligue 1
On se la fait, cette cérémonie de remise des trophées UNFP ?
La France du football le redoutait, la LFP l’a officialisé cette semaine : Covid-19 et saison tronquée obligent, la cérémonie de remise des trophées UNFP n’aura pas lieu cette année. Un coup terrible pour les artistes de la Ligue des talents, privés pour certains d'une entrée dans le livre d'or de la saison 2019-2020. Séchez vos larmes, et déroulez le tapis rouge : l'heure est venue de réparer cette injustice, et de récompenser les meilleurs acteurs de l'exercice achevé.
Meilleur joueur : Islam Slimani
Que celui qui ne lui a pas promis une déchirure des ischios en novembre se lève. Non seulement les cannes de l’Algérien ont tenu au sortir de deux saisons de chômage partiel entre Leicester, Newcastle et Fenerbahçe, mais ce qui ressemblait à un tube de l’été a résisté à un vrai-faux départ en janvier, à des relations plutôt fraîches avec Robert Moreno et à un séjour sur le banc pour boucler sa première saison en Ligue 1 avec neuf pions et huit passes dé. Le tout en dix-huit petits matchs, et dans l’ombre du goleadormaison Wissam Ben Yedder. Fort, très fort.
Meilleur espoir : Farid El Melali
Côté pile, ces trois premiers pions en Ligue 1 et une prolongation de contrat bien méritée jusqu’en 2023. Côté face, ce cinq-contre-un mal négocié dans la cour de son immeuble devant le logement d’une voisine qui lui vaudra d’être jugé cet été pour exhibition sexuelle. Comme tous les jeunes de son âge, Farid El Melali est encore perfectible. Mais il se pose d’ores et déjà en futur dépositaire de la dalle angevine.
Meilleur gardien : Amiens Sporting Club
Une pétition, un Facebook live réunissant diverses personnalités du ballon rond venues apporter leur soutien au club, deux recours devant le tribunal administratif de Paris, plusieurs pleines pages de pub dans L’Équipepour y claquer un communiqué de presse et hurler nationalement à l’injustice, des courriers d’élus locaux et de supporters aux pouvoirs publics, une action en justice intentée par Amiens Métropole… Pas de doute, la défense de l’Amiens SC, c’est du solide. Depuis le 30 avril et l’annonce de sa descente, le club picard et ses sympathisants remuent ciel et terre pour infléchir la décision de la LFP d’entériner les classements. Ah, s’ils avaient protégé leurs cages avec autant de vigueur lors des 28 journées de championnat disputées…
Meilleur entraîneur : Kombouaré
Si l’expression « On peut tromper mille personnes une fois » devait avoir un visage, ce serait sans doute celui d’Antoine Kombouaré. Réputé meneur d’hommes, Casque d’or a confirmé sa folle propension à mener ses équipes… dans le mur. Après avoir pris l’ascenseur en 2015 avec Lens, laissé Guingamp pour mort fin 2018 et torturé les fans dijonnais en 2019, l’homme-qui-s’était-fait-virer-du-PSG-alors-qu’il-était-leader s’est cette fois grillé du côté de Toulouse. Appelé au chevet du Téfécé à l’automne, le demolition man de la Ligue 1 a fait un break dans sa saison de golf pour rallier la Ville Rose et y creuser durant trois mois la tombe des Violets. Si d’aucuns salueront sa constance, les esprits les plus féconds noteront que ce n’était peut-être pas l’idée du siècle de l’inviter au Facebook live destiné à lancer l’opération survie du Sporting Club d’Amiens… Sinon, à quand un Faites entrer l’accusé sur le fossoyeur kanak ?
Plus beau but : Fernando Marçal (Lyon-Nantes, 8e journée)
Un appel tranchant vers le but, une protection de balle impeccable pour prendre le meilleur sur Samuel Moutoussamy, une feinte de frappe du gauche… Et puis, l’éclair : un double contact pied gauche-pied droit qui donne un effet vrillé au ballon et lobe Anthony Lopes, battu malgré un retour désespéré. Jeu sans ballon, jeu de corps, puissance, créativité, toucher de balle, dramaturgie : tout y est, dans cette action de grande classe du défenseur lyonnais. Quel dommage que le Brésilien se soit planté de côté…
Prix du fair-play : Fernando Marçal
On peut donc reprocher à Fernando Marçal ses errements défensifs ou capillaires, mais pas son sens de l’équité. L’OL jouerait un peu trop souvent à douze contre onze, la faute au supposé arbitrage maison de rigueur au Groupama Stadium ? Pas de souci, le latéral gauche lyonnais se charge de rééquilibrer les débats. En onze petites apparitions en Ligue 1, le Brésilien a ainsi facturé deux cartons rouges prématurés (à chaque fois contre Nice) et deux CSC aussi sublimes que lourds de conséquences (contre Nantes, 8e journée, et le PSG, 24e journée), passant par ailleurs tout près de tromper le malheureux Anthony Lopes contre Strasbourg (25e journée). Le fameux douzième homme, c’est lui.
Prix du dirigeant de l’année : Jean-Michel Aulas
Sylvinho et son bain de foule pré-derby (perdu), la signature de l’ancien ennemi marseillais Rudi Garcia, les embrouilles entre Marcelo et les supporters, l’affaire des clowns, la septième place, le repositionnement de Maxwel Cornet en défense, les clashs avec le président marseillais Jacques-Henri Eyraud, la proposition de finir la saison sur des play-offs… Le « football circus » cher à Stéphane Guy a trouvé en JMA un immense patron, cette saison.
Meilleur français de l’étranger : Alexandre Lacazette
L’ancien Lyonnais a replongé, et pas dans les surfaces de réparation de l’Hexagone. Déjà rappelé à l’ordre par son club d’Arsenal à l’été 2018 pour avoir consommé du gaz hilarant, l’attaquant aurait remis ça mi-mai. Un homme averti en valant deux, l’international tricolore pourrait cette fois être sanctionné par son club. En même temps, peut-on vraiment lui reprocher de vouloir s’offrir un peu de fun dans la saison moisie des Gunners ?
Trophées d’honneur
Wesley Saïd : Aller au bras de fer pour quitter Dijon et rejoindre coûte que coûte Toulouse, voilà donc la vie qu’avait décidé de mener Wesley Saïd, seul homme sur cette planète à ne pas avoir vu venir la descente du Téf’ à cent bornes l’été dernier. Le sens du placement, c’est un art… Celui de l’ex-Rennais lui aura permis de briser son plafond de verre, et d’enfin connaître cette relégation en Ligue 2 qui se refusait systématiquement à lui au DFCO. Qui a dit que le French Flair avait disparu ?
Florent Balmont : Non content d’avoir précipité la fin de saison en Ligue 1, ce foutu Covid-19 aura aussi eu raison de la carrière de Florent Balmont qui a tiré sa révérence en plein confinement. Sans tour d’honneur, ni bouquet de fleurs. Triste pour le bonhomme, un peu moins pour ses adversaires directs enfin débarrassés d’un virus aux symptômes singuliers – douleurs persistantes aux mollets et aux chevilles, sensation d’asphyxie, nerfs à fleur de peau.
Nîmes Olympique : Au vu de leur mercato estival foireux, ça sentait franchement le sapin pour les Crocos. C’était d’ailleurs le cas cet hiver, où Bernard Blaquart faisait peine à voir en conférence de presse. Sauf que Nolan Roux est arrivé, et le miracle a opéré : relégable avec cinq points de retard sur Amiens à mi-saison, Nîmes a gratté quinze points en neuf journées et éjecté le club picard du fauteuil de barragiste avant d’assurer son maintien avec la complicité du Covid-19. On dit comment remontada, en occitan ?
Par Simon Butel