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« On ne va pas se plaindre d’être champions du monde… »
Pour sa première liste post-Mondial, Didier Deschamps a décidé de convoquer jeudi l’intégralité des champions du monde de l’été, à l’exception de Steve Mandanda, blessé, et logiquement remplacé par Benoît Costil pour le déplacement en Allemagne et la réception des Pays-Bas. Pour le reste, il faudra attendre.
« Euh, ils ont agrandi la salle ou… ? » Jour de rentrée pour les Bleus : Didier Deschamps a déboulé jeudi au siège de la FFF comme on débarque dans un saloon. Soit en sortant son plus beau sourire, son bronzage d’été et en s’installant tranquillement pour siroter avec plaisir les questions d’une assistance essentiellement venue gratter ses émotions de sélectionneur qui se pointera dans une semaine, à Munich, avec l’étiquette de pilote d’un hors-bord champion du monde en titre. Sinon ? Rien, ou pas grand-chose, et on repassera pour les surprises : comme prévu, Deschamps a décidé de reprendre l’histoire où il l’avait laissée, le 15 juillet dernier à Moscou, et de convoquer la quasi-intégralité des héros de la campagne de Russie. Quasi, car le Marseillais Steve Mandanda, blessé après 65 minutes de compétition le 19 août, à Nîmes, ne peut venir cavaler avec les autres (il viendra malgré tout faire la fête lors de la réception des Pays-Bas, le 9 septembre, au stade de France) et a été remplacé numériquement par le Bordelais Benoît Costil.
Esquive, pirouette et poids
Le foot dans tout ça ? Il n’avait pas sa place, l’heure étant au compte-rendu de vacances et au retour sur terre. Deschamps, au rapport : « Je vais très bien, si j’avais besoin de rassurer quelqu’un… C’est merveilleux, on a pu tous en profiter cet été, mais la vie ne s’arrête pas pour autant. Aujourd’hui, tout ce qui a été fait, toute l’expérience accumulée, ça ne doit être que du positif et les joueurs doivent s’en nourrir. » Aucune question sur l’Allemagne, pas plus sur les Pays-Bas, une esquive sur le dossier Adrien Rabiot – « Je n’ai pas discuté avec lui, mais je n’ai aucune position radicale à son sujet » –, une petite pirouette sur Hugo Lloris, arrêté il y a six jours à Londres à la suite d’un contrôle positif à un test d’alcoolémie, et puis s’en va.
Au fond, le moment était-il choisi pour parler du jeu, du fond ? Non, c’était l’heure des hommes, Didier Deschamps avouant que les semaines post-98 n’avaient « pas été faciles » pour lui et qu’il ne fallait surtout pas mettre cette étoile « sur le dos » de ses joueurs. Pourquoi ? « Parce que les exigences, les obligations restent les mêmes. Ils sont prêts à ça, répond le sélectionneur. Il ne faut pas que ce soit un poids, ni que ça installe une forme de pression quelconque. On ne va quand même pas se plaindre d’être champions du monde… »
« Je n’en dirai pas plus »
Vrai, mais on connaît aussi la musique : depuis le Brésil en 1994, aucun champion du monde n’a réussi à remporter le match suivant la finale gagnée, et le déplacement en Allemagne, la semaine prochaine, pourrait servir de réveil brutal ou, au contraire, de piste de relance pour un groupe dont les éléments n’arriveront pas lundi, à Clairefontaine, dans le même état physique. Forcément, les Bleus seront regardés, scrutés, disséqués : seront-ils plus difficiles à battre ? « Je l’espère… » Ce sera dans tous les cas le rendez-vous bascule, celui des dernières célébrations avant de peut-être voir des mouvements dans le groupe à partir de l’automne. Pour le foot à l’état brut, le jeu, le fond des choses, les schémas, l’animation, il ne faudra pas attendre de révolution : « Le système, c’est un bien grand mot. Finalement, les résultats nous donnent raison et on n’est pas arrivés où on est par hasard… Dans le foot, au-delà du résultat final, il y a deux choses essentielles : l’efficacité offensive et l’efficacité défensive, et on a été meilleurs que tous les autres dans ces domaines. »
Sur un instant, Didier Deschamps a pourtant prouvé qu’il n’avait pas totalement changé, qu’il restait cet homme dont la gêne sur le visage reflète parfois ce que ses mots ne peuvent dire : le sujet Dugarry s’est invité à la conférence de rentrée des Bleus, et le boss a expédié son ancien coéquipier dans les cordes à sa manière, expliquant avoir vécu avec le chroniqueur de RMC « un très grand et bel évènement dans une première vie. Puis, beaucoup de choses se sont passées et aujourd’hui, sincèrement, j’ai tourné la page… Je n’en dirai pas plus. » L’équipe de France appartient aux joueurs : les chiens aboient, la caravane bleue avance. Une vieille histoire.
Gardiens : Hugo Lloris (Tottenham, 104 sélections), Alphonse Areola (PSG, 0 sélection), Benoît Costil (Bordeaux, 1 sélection).Défenseurs : Djibril Sidibé (AS Monaco, 18 sélections), Benjamin Pavard (Stuttgart, 12 sélections), Raphaël Varane (Real Madrid, 49 sélections), Samuel Umtiti (FC Barcelone, 25 sélections), Adil Rami (Marseille, 35 sélections), Presnel Kimpembe (PSG, 3 sélections), Lucas Hernandez (Atlético, 12 sélections), Benjamin Mendy (Manchester City, 8 sélections).Milieux : Paul Pogba (Manchester United, 60 sélections), N’Golo Kanté (Chelsea, 31 sélections), Blaise Matuidi (Juventus, 72 sélections), Steven Nzonzi (AS Roma, 9 sélections), Corentin Tolisso (Bayern Munich, 14 sélections).Attaquants : Ousmane Dembélé (FC Barcelone, 16 sélections), Nabil Fekir (Lyon, 18 sélections), Olivier Giroud (Chelsea, 81 sélections), Antoine Griezmann (Atlético, 61 sélections), Thomas Lemar (Atlético, 13 sélections), Kylian Mbappé (PSG, 22 sélections), Florian Thauvin (Marseille, 5 sélections).
Par Maxime Brigand