- Année 2016
- Bilan
On ne les connaissait pas le 1er janvier 2016, maintenant oui
Jeunes, moins jeunes, héros d’un club, d’une sélection, phénomènes éphémères ou prodiges, tous ces joueurs ont fait de 2016 leur année. Certains noms tomberont dans l’oubli, pour ne ressortir qu’au moment d’évoquer des souvenirs. D’autres sont à retenir, car ils feront à coup sûr reparler d’eux dans les années à venir. Retour sur ceux qui étaient encore inconnus au 1er janvier 2016.
1. Will Grigg
« Will Griggs on fire, your defence is terrified » . Celui qui n’a jamais entendu a vécu dans une maison troglodyte coupé du monde pendant toute la durée de l’Euro. Will Grigg, l’égérie de cette chanson, a mis au placard les Cristiano Ronaldo, Gareth Bale, Antoine Griezmann and co, pour devenir sans commune mesure la star de cet Euro 2016. L’exploit est d’autant plus étonnant que l’attaquant de la Green & White Army n’a pas joué la moindre minute de la compétition. Mais avec cette reprise de « Freed from desire » la célèbre chanson des années 90, c’est toute l’Europe qui découvre le buteur de Wigan. Une soudaine notoriété qui n’est pourtant pas imméritée : en 2015-16, le joueur de vingt-cinq ans a terminé meilleur buteur de D3 anglaise avec vingt-cinq réalisations, et a permis à son club de monter en D2. Ce sont ses performances en club qui poussent un supporter des Laticsà lui écrire une ode. On connaît la suite.
2. Marcus Rashford
Mis à part les suiveurs de la réserve de Manchester United, personne ne connaissait Marcus Rashford au 1er janvier. Désormais, l’attaquant anglais fait déjà partie des joueurs les plus bankable du haut de ses dix-neuf ans. Il faut dire que le natif de Manchester a décidé de frapper fort en 2016, très fort. Première rencontre de Ligue Europa ? Un doublé. Premier match de Premier League ? Un doublé. Première sélection avec les Espoirs anglais ? un triplé. Première sélection avec l’Angleterre ? Un but. Premier match en League Cup ? Encore un but. Au passage, l’attaquant de Manchester United s’est offert deux records de précocité : plus jeune buteur des Red Devils en Coupe d’Europe devant George Best et plus jeune joueur anglais à disputer un Championnat d’Europe devant Wayne Rooney. Quant à savoir ce qu’il fera pour son premier match de Ligue des champions, il va falloir patienter encore un peu.
3. Renato Sanches
Si au 1er janvier dernier Renato Sanches n’était déjà plus un inconnu au Benfica Lisbonne après son but des trente mètres le 30 novembre 2015 contre l’Académica Coimbra, pour sa première titularisation sur la pelouse de l’Estádio da Luz, le milieu portugais s’est dévoilé aux yeux du monde en 2016. La première fois en quart de finale Ligue des champions contre le Bayern Munich (1-0, 2-2). Il tape alors dans l’œil des dirigeants du bavarois, qui, ni une ni deux, lâchent un chèque de trente-cinq millions d’euros (+45 millions de bonus) pour le recruter. La deuxième fois en quart de finale de l’Euro contre la Pologne. Pour sa première titularisation avec le Portugal, « Bulo » marche sur les Polonais en égalisant d’une jolie frappe du gauche avant d’inscrire son tir au but. Il ne quittera plus sa place de titulaire jusqu’à la victoire finale contre la France à l’issue de laquelle il remportera le trophée de meilleur jeune de l’Euro. Il faut maintenant se faire une place au sein de l’effectif du Bayern. Une autre paire de manches.
4. Yann Bodiger
« Je sais pas pourquoi, je réfléchis à Bodiger avec son pied gauche. Je sais pas pourquoi, mais j’ai ça en tête » . Lors de la dernière journée de championnat la saison dernière, quand Pascal Dupraz décide de faire entrer en jeu Yann Bodiger à la 66e minute d’Angers-Toulouse, personne ne sait pourquoi. Le milieu toulousain n’a pris part qu’à trois matchs, sur les dix dirigés par le nouvel entraîneur. Il n’a aussi inscrit qu’un seul but en pro, en Coupe de la Ligue. C’est pourtant lui qui s’avance pour tirer un coup franc direct, à dix minutes de la fin de la rencontre. Le ballon termine sous la barre et Bodiger, vingt et un ans, offre ainsi le maintien à son équipe. Sept mois après avoir enfilé son costume de sauveur, le pitchoun a trouvé sa place dans le système de jeu de Dupraz, et a retrouvé le chemin des filets une fois cette saison face au PSG. Tel Eder avec le Portugal, quoiqu’il fasse par la suite, le nom de Bodiger restera gravé dans l’histoire du Téfécé.
5. Ádám Nagy
En 2016, Ádám Nagy remporte la Coupe de Hongrie et le Championnat avec Ferencváros. Convaincu, le sélectionneur allemand de la Hongrien Bernd Storck, l’emmène dans ses bagages pour l’Euro en France. Excellent durant toute la compétition, Nagy n’a toutefois pas fait le voyage retour à Budapest. Courtisé par plusieurs clubs européens comme l’Olympique de Marseille, la pépite hongroise choisit finalement l’Italie et Bologne. Là-bas, Nagy est très vite devenu un titulaire indiscutable au sein du milieu à trois de Roberto Donadoni. Et tout ça, sans l’aide de son pote Zoltán Gera, resté au Ferencváros faire des imitations.
6. Moussa Dembélé
Si Ousmane Dembélé s’est révélé aux yeux des Français en fin d’année 2015 en prenant de vitesse les défenseurs de Ligue 1, le talent de Moussa a, lui, mis plus de temps à traverser la Manche. Alors qu’il marquait déjà quelques buts en Championship avec Fulham, l’attaquant formé au PSG est devenu une vraie machine à marquer depuis son arrivée au Celtic cet été. Triple buteur face aux Rangers lors du Old Firm, l’homonyme du milieu belge de Tottenham a tout de suite su se mettre ses nouveaux supporters dans la poche, s’offrant même un doublé contre Manchester City (3-3) en phase de poules de Ligue des champions. Suffisant pour que Pierre Mankowski le convoque avec les Espoirs le 11 octobre dernier pour un match de qualification en Irlande du Nord. Avant de renvoyer Giroud chez lui et mener le front de l’attaque des Bleus en Russie ?
7. Emre Mor
Arrivé au FC Nordsjælland en 2015, Emre Mor doit attendre le 6 décembre et la réception de Brøndby pour disputer son premier match avec le club danois en championnat. Il ne quittera plus jamais l’équipe, jusqu’à son transfert au Borussia Dortmund contre environ dix millions d’euros. Dans la Ruhr, le jeune ailier de dix-neuf ans continue de régaler par sa vitesse d’exécution et ses crochets destructeurs malgré un temps de jeu réduit du fait de l’énorme concurrence à son poste. Entre-temps, celui qui est né à Copenhague d’un père turc et d’une mère originaire de Macédoine lâche la sélection danoise pour rejoindre la Turquie. Pari gagnant, Fatih Terim le sélectionne pour l’Euro alors que le jeune international ne parle pas un mot de turc. À l’Euro, Emre Mor donne le tournis à la défense croate lors de son entrée en jeu avant de s’offrir un selfie avec son idole Luka Modrić. Allez, encore quelques matchs comme du même acabit et il pourra le rejoindre au Real Madrid, qui a un compte à régler avec les joueurs turcs après les échecs Hamit Altıntop et Nuri Şahin.
8. Aron Gunnarsson
En même temps que sa barbe rousse, l’Europe du football a découvert, en juin, les bras d’Aron Gunnarsson, aussi efficaces pour effectuer les touches, que pour amorcer le fameux clapping. L’emblématique capitaine de la surprenante sélection islandaise a remis au goût du jour la touche longue, capable d’apporter le danger dans la surface de réparation adverse. Son arme secrète, héritée de nombreuses années passées à pratiquer le handball, a été à l’origine de deux buts face à l’Autriche et l’Angleterre. Après avoir été dans la lumière pendant près d’un mois, le hipster des fjords a retrouvé son club de Cardiff et la D2 anglaise. Moins sexy.
9. Kylian Mbappé
Chelsea et le Real Madrid, qui ont essayé de l’attirer beaucoup plus jeune, ne se sont pas trompés. Souvent comparé à Thierry Henry, Kylian Mbappé n’en finit plus d’affoler les compteurs. Auteur de son premier triplé à quelques jours de ses dix-huit ans en Coupe de la Ligue, il est l’un des joueurs de sa génération les plus performants cette saison. Seul Ousmane Dembélé le devance. Comme son ainé de Dortmund (seulement un an les sépare), le prodige de la Principauté attire les plus grands clubs européens. Impressionnés par ses débuts en pro, et par son Euro avec l’équipe de France U19, les Citizens ont tenté de le faire venir pour quarante millions d’euros l’été dernier. Mais les dirigeants monégasques se sont alors refusés à laisser partir leur diamant brut. Si rien ne vient perturber sa bonne lancée, le surdoué du Rocher a tout pour faire aussi bien, voire surpasser le plus célèbre des Titi.
10. Hal Robson-Kanu
Avant le début de l’Euro, hormis les Gallois, les fans de Reading et les adorateurs de la Championship, ceux qui connaissaient Hal Robson-Kanu ne courraient pas les rues. Après avoir passé quasiment toute sa carrière en D2 anglaise, le joueur de vingt-sept ans profite du premier championnat d’Europe de l’histoire de son pays pour se faire connaître. Déjà décisif contre la Hongrie lors du premier match de poule, il trouve la méthode pour se faire un nom, face à la Belgique en quart de finale. Marquer un but à la Johan Cruyff. Celui qui est alors sans club depuis le 30 juin réalise un enchaînement somptueux : contrôle, ballon derrière la jambe d’appui et frappe du gauche pour tromper Thibaut Courtois. Malgré son bel Euro, HRK pointe au chômage pendant plus de deux mois. Aujourd’hui à West Bromwich Albion, le Cruyff d’un soir doit se contenter de bouts de matchs.
Bonus : le DAB, la célébration Drake ou encore le Mannequin Challenge.
C’est bien connu, les footballeurs aiment s’inspirer de la mode et de ce qui se fait aux États-Unis. 2016 n’aura pas dérogé à la règle. Ainsi, Paul Pogba a popularisé en Europe le fameux DAB, marque de fabrique du quarterback des Carolina Panthers, Cam Newton. Antoine Griezmann, de son côté, a repris le mime du téléphone de Drake dans son clip Hotline Bling. Et tous les joueurs de football, de la sélection anglaise à celle du Portugal en passant par le Borussia Dortmund et Layvin Kurzawa et ses potes, se sont amusés à rester figés pour réaliser un Mannequin Challenge. Si ce dernier phénomène s’est déjà estompé, les autres modes vont aussi s’éclipser pour laisser place à de nouvelles célébrations en 2017. Et pourquoi pas populariser la Homer Simpson, tentée par Michail Antonio cette année ?
Maeva Alliche et Steven Oliveira