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- LOSC/Toulouse
On n’arrête plus le TFC
A trois points du troisième Lille, le TFC peut recoller au trio de tête cet après-midi au Stadium Nord de Villeneuve d'Ascq. Attention, le très discret outsider toulousain tient en ce moment le rythme le plus élevé du haut de tableau.
Sur les six derniers matchs, le TFC a pris 16 points sur 18 possibles. Une étonnante dynamique. Un rythme de leader. Mieux que le PSG. Mieux que Montpellier. Oui, oui. Quand l’OM plonge, que le Stade Rennais ne sait pas toujours ce qu’il veut, que Sainté pioche, que l’OL se cherche, le Téfécé cartonne. A l’heure du sprint final, des premières fatigues, des doutes, et des ambitions naissantes, l’équipe la plus jeune (24 ans, 1 mois et 12 jours de moyenne) du groupe de tête récite son texte, joue sa partition à merveille tous les week-ends et se positionne. Si certains clubs comptent à tout prix sur le retour en forme de quelques cadres pour repartir de plus belle à l’orée des beaux jours et du printemps naissant, la force toulousaine est à trouver ailleurs, dans son collectif. Défendre bas, défendre bien, défendre ensemble. Se déplacer en bloc, couper toutes les lignes de passe, exploser à la récupération, se partager la joie du buteur, rester discret : les grandes lignes de la doctrine Casanova ressassée depuis quatre saisons sont désormais maitrisées à merveille. Si Christian Gourcuff a pu faire des émules et recueillir des louanges avec son toque lorientais et son projet middle-class bien maitrisé, on peut rendre à Alain Casanova ce qui lui revient de droit.
La meilleure défense contre la meilleure attaque
A Marseille ou à Rennes, chez des concurrents directs, le TFC n’a pas forcément bien joué, mais a gagné. Sans forcer. « A la toulousaine ». Pour ce qui pourrait devenir une marque de fabrique, une signature. Avec un soupçon de réussite et cette force collective qui détonne. D’ailleurs, ce TFC là est peut-être même meilleur à l’extérieur quand il n’a pas à trop faire le jeu et qu’il peut assumer son vrai plan de match. Didier Deschamps ne disait pas autre chose avant la réception des Haut-Garonnais au Vélodrome il y a quelques semaines: « C’est une équipe bien organisée avec de la densité physique et qui va très vite en contre. Elle n’est jamais facile à jouer et encore moins à l’extérieur paradoxalement. Ils sont peut-être un peu plus faciles à jouer chez eux mais, à l’extérieur, ils ont toujours une attitude qui les rend difficile à jouer » . Bloc resserré, intelligence collective, contres bien menés, Toulouse est le stéréotype de l’équipe chiante à jouer. Quelques statistiques étayent le propos. Le Téfécé est la seule équipe d’Europe à ne pas avoir encaissé de but à seize reprises cette saison. Sur les six derniers matchs, les Toulousains n’ont encaissé qu’un but, contre Lorient et la charnière centrale Congré – Abdennour est certainement la plus régulière et la plus fiable de Ligue 1.
Contre l’orgie offensive lilloise, qui après quelques petites productions a retrouvé fière allure avec sept buts passés aux défenses savoyarde et valenciennoise, sans Capoue suspendu, Toulouse devra donc tenir le choc et oser. « Très bien défendre ne suffira pas. La solution ne passera que par le jeu… Une fois le ballon en notre possession, sachons le tenir pour ressortir et aller au bout de nos convictions » , précise Alain Casanova. Si Lille est dans le tempo de ses ambitions d’avant saison -une qualification en Champions League-, Toulouse est lui dans le bonus. « J’espère bien que ce sera super ! Il n’y a aucun souci à affronter le champion de France, qui n’est qu’à trois points, on aurait payé en début de saison pour jouer ce type de match » , annonce l’entraineur toulousain avant d’ajouter: « Il faut que notre objectif soit le jeu, pas l’enjeu » . Sans pression, ambitieux discrets, les Toulousains n’ont jamais été aussi forts.
Par Antoine Mestres