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On fait le Milan, calmement
Mathématiquement dans les clous en étant installé juste en marge du top 4 avant son match en retard face au Genoa comptant pour la 1re journée, le Milan de Gattuso galère à tenir les promesses qu’il avait laissé entrevoir après une fin de saison encourageante et un recrutement aguicheur. Mais reste quand même en embuscade.
Gennaro Gattuso n’est pas un homme habitué à se défiler, à se cacher lorsque le navire tangue. Encore plus quand c’est « son » Milan qui est embourbé dans des eaux troubles et qu’il en est le principal responsable. Les deux échecs successifs face à l’Inter dans le derby (0-1) et contre Betis à la maison (1-2) en Ligue Europa en l’espace de quatre jours n’ont rien arrangé au constat initial, dont le principal intéressé était conscient au micro de Sky Italia : « Nous sommes embarrassants, on ne va pas loin de cette façon. Je suis remis en question ? Oui, c’est vrai. Nous avons perdu le nord. Nous avons beaucoup souffert. Ça a été une prestation très mauvaise. Le derby a été un coup dur. Je vois une équipe perdue et ça me fait réfléchir. »
Un vrai casse-tête
Entre-temps, Milan s’est imposé dimanche face à une Sampdoria difficile à abattre (3-2) et est remonté provisoirement à trois points d’une quatrième place qu’il peut d’ores et déjà ravir à la Lazio ce soir. Car c’est là tout le paradoxe de ce Milan version 2018-2019, qui donne le sentiment de patiner, mais qui réussit quand même à ne pas être totalement décroché. Ce classement plutôt flatteur (5e avec un match en moins), Gattuso et les Rossoneri l’ont plus obtenu grâce à leurs individualités qu’à la qualité de leur football. Gonzalo Higuaín est parti sur un excellent rythme (5 buts en 7 matchs), pareil pour Suso (3 buts et 7 passes décisives en 9 rencontres) et il n’est alors pas étonnant de voir le Milan truster la troisième place du classement des attaques avec 18 réalisations derrière la Juve et le Napoli.
Tactiquement, en revanche, Gattuso tâtonne encore et c’est bien là où le bât blesse. Sa défense, beaucoup trop exposée et loin d’être imperméable en toutes circonstances (13 buts encaissés, 12e défense du championnat), n’est pas suffisamment protégée par un milieu souvent absent lors des phases de repli. Peut-être que le champion du monde italien espérait que Tiémoué Bakayoko, arrivé en prêt de Chelsea cet été, hausse le niveau et comble le manque de qualité du milieu milanais. À en croire Gattuso dès le début de saison, c’est tout le contraire qui s’est produit : « Bakayoko doit apprendre à recevoir le ballon, il doit être mieux au niveau de sa posture. Nous y travaillons, ce ne sera pas facile. » Au-delà du cas Bakayoko, il reste maintenant à savoir si le coach a réellement les moyens de pouvoir faire évoluer Milan au niveau où ses supérieurs hiérarchiques l’attendent.
Gattuso, jusqu’à quand ?
Face à la Samp’ dimanche, la presse italienne n’hésitait d’ailleurs pas à parler de « sauvetage » de Gattuso après la victoire (3-2) et d’une prestation encourageante de ses joueurs. Lequel n’a d’ailleurs pas manqué de les remercier en conférence d’après-match : « Je remercie l’équipe et le club pour le soutien. J’ai demandé à voir onze lions, mais en plus de l’agressivité, nous avons montré de la qualité.(…)Nous devons travailler, continuer à nous améliorer et nous sentir bien ensemble. On ne manque de rien grâce au club. Je ne peux rien dire aux garçons, ils donnent toujours tout ce qu’ils ont. Aujourd’hui, nous étions bons. Parfois, le jeu m’a même plu. »
Face aux Génois, un 4-2-2-2 avec Suso et Laxalt en soutien d’Higuaín et Cutrone (associés pour la première fois au coup d’envoi) a pris avec brio la place d’un 4-3-3 qui affichait ses limites depuis plusieurs rencontres. Même si les vieux démons ne sont jamais loin. Les deux réalisations en dix minutes de Saponara et Quagliarella l’ont rappelé aux Milanais, qui ont fini par s’en sortir. Pour cette fois. Reste que face à un Genoa qui n’a plus gagné depuis trois matchs, Milan peut s’emparer de la quatrième place avec le même nombre de matchs que tout le monde. Et tant pis si tout ne marche pas encore correctement. Car en fin de saison, c’est l’absence ou non de Ligue des champions qui déterminera le futur du club, et surtout celui de Gattuso.
Par Andrea Chazy