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On était dans un pub de Manchester pour les adieux de Ferguson
La pluie n’a effrayé personne. Manchester avait rendez-vous avec l’Histoire dimanche. Dire adieu à son « parrain » est une tâche compliquée. Mais les Manx ont répondu présent. Et ont tout donné. Parfois trop.
Les maillots rouges étaient de sorties à Manchester. La banane aussi. Dimanche, on fête la der du Sir, de Paul Scholes et le titre à Old Trafford. On fête aussi un peu la défaite de City en finale de Cup contre les « nobod » de Wigan. Mais on ne peut pas tout avoir. « On dit qu’on se ruine en merchandising avec Man United. Mais regarde : on est au mois de mai et je peux toujours porter mon bonnet du club » claironne Phil, la cinquantaine, aux abords du stade. Oui, il fait pas chaud et il pleut à Manchester.
Le pub refoule
Dans les buvettes du stade de cricket, l’Emirates Old Trafford, on se chauffe avec Watford-Leicester. Enfin, on se chauffe… pas trop non plus. « La consommation est limitée à 4 pintes par personne » annonce un écriteau discret à côté du comptoir. Le frenchy Knockaert simule un pénalty à la 94’, l’obtient mais se rate. Contre-attaque et pion pour les hommes de Zola. Fin du match. 3-1 (1-0 à l’aller pour Leicester) et qualification de Watford pour la finale. « ça apprendra aux Français à faire les malins » peut-on entendre. Plus on avance vers le Théatre des Rêves, plus il y a de monde. Des files d’attente de parc d’attraction au kiosque à programme de match ou une autre au Bishop Blaize. Andrea est Italien, et tout trempé à avoir fait le poireau dehors. Il déchante : « Si t’as un ticket, tu vas au stade non ? Et si t’en n’as pas, ben tu vas au pub, non ? Là, je me suis fait refouler du pub parce que j’avais pas de ticket de match. Je comprends pas » . Et autant dire qu’acheter une place au marché noir –on parle de plus de 200 livres- pour rentrer dans un pub, ça fait un peu cher.
L’écran plat des rêves
Autour d’Old Trafford, Steve Bruce est repéré dans le « tunnel de Münich » . Un steward l’aide à se frayer un chemin au milieu des supporters agglutinés autour du joufflu, tous en train de lui refaire une coiffure. Gérard Houllier suit quelques minutes plus tard, bizarrement un peu moins « protégé » . Les fans lui lanceront quelques vannes. Avec respect. Andrea s’est enfin mis à l’abri. Au Trafford, en face du Bishop. « Tu vois là, je suis rentré sans présenter un ticket de match. Un pub quoi ! » . ça sent bon la sueur à l’intérieur. On s’aperçoit que le must du tee-shirt, pour ce match souvenir, c’est celui avec Ferguson en Godfather ou celui avec une célèbre saillie du Sèche-Cheveux : « Mon plus gros challenge, c’était de faire descendre Liverpool de son putain de perchoir. Ça, vous pouvez l’imprimer » (en 2002, dans le Guardian). Un trentenaire venu de Thaïlande est lui aussi très perché, vu en train de prendre une photo de Dwight Yorke… qui passe sur les écrans du Trafford. Explication : « C’est la première fois que je le vois en vrai ! » . Son voisin lui fait alors remarquer qu’il a pris une photo d’un écran plat. « Oui, mais on est tout juste à côté du stade, c’est comme si je le voyais en vrai ! » . Le théâtre des rêves quoi…
« J’ai parié mon ticket, j’ai perdu »
Le Trafford décompresse un peu. Le match… pardon, le jubilé de Ferguson et Scholes a démarré. Le match passe un peu à la trappe. Le but du jeu reste plutôt d’entonner le chant d’un joueur dès qu’il apparaît en gros plan. Shinji Kagawa passe à la moulinette du Radio Gaga des Queen ( « All we need is, Shinji Kagawa… » ). Une vendeuse d’écharpes et de tee-shirts négocie ses bières avec sa marchandise. Et ça fonctionne. A savoir donc : un tee-shirt Godfather Ferguson vaudrait une Foster’s. Dans la cour du Trafford, un petit vieux tout rouge est assis sur une table de pique-nique, et reste pensif. Ou l’alcool l’a bloqué dans cette position. Mais il l’a surtout mauvaise : « J’ai parié mon ticket de match et j’ai perdu. Du coup, mon pote est dans le stade et moi là » . Ce cher monsieur avait parié qu’il finirait d’uriner avant son pote. Raté. « Avec 7 bières en une heure, tu m’étonnes… » . Sympa le pote. Problème d’urine toujours. Un jeune homme qui a peur de se pisser sur les pieds préfère se soulager dans le lavabo. Bon.
« Tits off for Fergie »
Mais le meilleur reste à venir. Peut-être las de chanter à la gloire des joueurs, le noyau des chanteurs décide de lancer un hommage à une brochette de quatre dames, en pleine force de l’âge, arborant le maillot de MU : « Tits off for Fergie, tits off for Fergie ! » . Une paire de boobs tombe. Comme à un concert d’Eminem. Là, le match est le cadet de leurs soucis. Les mecs ont des ailes et aimeraient bien que la brochette complète tombe le « masque » . Les dames n’iront pas plus loin. Rideau. Pas rancunier, les damoiseaux, après une autre commande de bières, terminent le couplet de leur chanson à nichons : « On sait qu’ils sont faux ! On sait qu’ils sont faux ! » . L’adieu de Fergie à Old Trafford est lui bien réel. Le parrain a quitté la famille ce dimanche 12 mai.
Par Ronan Boscher, à Manchester