On était avec Zidane, Dugarry, Lizarazu…

Ça ressemble à une garden party chicos. Mais, loin des clichés, la réception offerte par Pierre Labat est d’une grande simplicité, et très belle. La sincérité en plus. Comme lorsque le cortège de stars arrive groupé autour du mentor, pour la conférence de presse, et la diffusion d’extraits d’une œuvre pédagogique destinée à l’apprentissage du football. Ils sont là, à l’aise, accompagnés de Laurent Blanc, pour lui rendre hommage. Seul Didier Deschamps, souffrant, manque à l’appel.

Vient d’abord l’énumération des titres cumulés sur l’estrade : coupes du monde, d’Europe, intercontinentales, Liga, Scudetti, Bundesliga, Ballons d’Or, etc… le tout pesant aussi 363 sélections en équipe de France ! Et preuve de leur gratitude, les Chamakh, Planus, Chalmé, Trémoulinas, Ducasse, Valverde, Laslandes, Grenet, Dogon, Lucas ou Papin, sont également présents, assis au premier rang. Puis, ce sont souvenirs, remerciements et humeur taquine, qui donnent le ton d’une soirée placée sous le signe de l’émotion, de l’anecdote, et de la vanne à tout va. Et l’occasion pour « Pierrot » de balancer en vrac d’amusantes vérités. « Dugarry ne voulait pas passer professionnel, car il voulait rester avec ses potes, ni travailler le jeu de tête, pour ne pas se décoiffer » déclare-t-il, tout sourire. « A l’époque, j’ai entendu parler d’un certain Vincent Lizarazu, qui jouait attaquant, mais qui était très souvent remplaçant. Quand je l’ai vu à l’oeuvre, j’ai de suite compris que l’on aurait été fou de ne pas le prendre, car il avait quelque chose que les autres n’avaient pas » enchaîne-t-il, dans une fierté mesurée. « On me saoulait avec ce Zidane, que l’on disait très bon. Et c’est notamment Christophe (Dugarry, ndlr)qui s’en chargeait. Très timide à son arrivée à Bordeaux, j’ai vu qu’il ne donnait jamais de coups au ballon. Au contraire, il se dandinait et dansait avec, soit tout l’opposé de Lizarazu » ajoute-t-il, railleur et encore émerveillé.

Juste retour des choses, les joueurs y vont de leur confession. « Il m’a apporté la confiance, m’a rassuré et m’a donné le plaisir de jouer au football. Sans lui et sans sa patience, j’aurais peut être abandonné le football » insiste Dugarry. « S’il n’avait pas été là, ma carrière aurait pu s’arrêter quand je n’étais pas bien, reprend Lizarazu. Il a été un guide pour moi, mais aussi un ami fidèle. Après mes matches en Equipe de France, j’aimais bien l’appeler pour avoir son avis » . Zinédine Zidane : « J’avais vingt ans quand je suis arrivé au club, et j’étais déjà pro, mais « Pierrot » m’a beaucoup apporté quand c’était difficile, tant dans le jeu que dans ma vie d’homme. Je l’ai beaucoup écouté. Ce fut une belle rencontre » .

Tous, unanimement, saluent la « passion » , le « soutien » et la « disponibilité » du dirigeant, à la fois « père spirituel » et « ami » , sans oublier de se… chambrer ! « Duga était, pour moi, plus doué que Ziz, expédie le Basque.Et il aurait pu faire mieux s’il avait voulu. Mais eux-deux étaient des diamants, alors que moi, je n’étais qu’un granit ! » Réponse du Lormontais : « Je n’ai peut-être pas tout fait pour me faire apprécier, avec mon caractère bien trempé, sachant qu’il est vrai que, parfois, je dis des choses, alors que je ferais mieux de me taire » . Zizou préfère tempérer : « Bordeaux reste dans mon cœur. J’adore revenir ici, dans cette famille. Les Girondins m’ont fait progresser pour partir en Italie, et je leur dois beaucoup » . Tous ont donc apprécié l’instant, avant de poser, d’honorer le buffet servi, et la nuit bordelaise…

Par Laurent BRUN, à Bordeaux

* Mémoires d’un formateur passionné , le livre, et Les gammes du football , le DVD.