- Euro 2016
- Evènement
On était aux retrouvailles entre Maradona et Pelé
Diego Maradona qui câline le Roi Pelé, David Trezeguet dans la même équipe que Materazzi dix ans après la finale de Berlin... À le veille de l'Euro 2016, le panthéon du foot se retrouvait à Paris pour un cinq contre cinq mythique. On y était, avec des étoiles dans les yeux.
Cheveux sur la nuque, maillot de Boca sur les épaules, Yacila trépigne derrière les grilles du Palais-Royal de Paris. Avec son beau-frère – qui l’héberge en France -, l’Argentin a traversé l’océan spécialement pour son idole : Diego Maradona. « Diego, je l’ai déjà vu sur les pelouses argentines. Ça reste un Dieu pour une partie de la population. La semaine dernière, j’ai appris qu’il venait à Paris. Alors, je suis venu direct. Je vais profiter de l’Euro, mais s’il n’y avait pas eu Diego, je n’aurais pas été là. Je serais prêt à aller n’importe où sur Terre pour le voir » , lâche le gars de Rosario. Un hincha, un vrai.
Le hic, c’est que Yacila et sa petite tribu ne font pas partie du gratin invité pour assister à l’évènement exceptionnel organisé par la marque d’horlogerie Hublot.
Exceptionnel ? À quelques mètres de là, Hernán Crespo, Rio Ferdinand et autres Fernando Hierro tapent tranquillement la balle en attendant d’autres guests de renom. « Tu me demandes si je préfère rentrer ici ou obtenir un ticket pour la finale de l’Euro ? Mec, j’ai payé un aller-retour d’avion 700 euros rien que pour Maradona » , lance Yacila. Et le Diez d’entrer sur scène en suppléant un homme qu’il a aimé détester autrefois : le Roi Pelé.
All-star game
Pour cette rencontre made in FIFA Street, les deux légendes vivantes du ballon rond ont composé des équipes all-star à l’image de leur carrière: folle, géniale et intergénérationnelle. Côté Maradona, surprise, David Trezeguet et Marco Materazzi font la paire, liés par la classe de Clarence Seedorf.
Face à eux, Pelé a notamment convié un Bebeto affûté, soutenu par Hernán Crespo et sa tignasse poivre et sel. « Participer à cet évènement, c’est super émouvant, nous confie l’ancien buteur de l’Albiceleste. « Des retrouvailles entre Pelé et Maradona… Quelle histoire ! Ça me permet également de revoir quelques potes » , ajoute quant à lui Trezeguet. Si l’ambiance est bon enfant avant la partie, la motivation presque professionnelle des retraités reprend les devants une fois le coup d’envoi donné par Howard Webb.
« Avant la rencontre, les organisateurs voulaient finir sur un nul, mais les joueurs m’ont dit qu’ils donneraient tout pour la gagne » , avoue l’arbitre qui était au sifflet lors de la finale du Mondial 2010. Des déclarations illustrées dés les premières secondes disputées sur le synthétique.
Après l’ouverture du score signée Bebeto, les hommes sûrs de Maradona envoient du jeu et marquent cinq buts coup sur coup. Trezegoal n’a rien perdu de sa finesse : après une barre transversale (tiens tiens), le héros de Rotterdam trouve le petit filet, quand Seedorf place un petit pont tout en douceur sur son acolyte Duda. Ça se chambre entre étoiles du football, à l’image de Ferdinand et Materazzi qui n’hésitent pas à se rentrer dans le lard.
Maradona supersub
Vient la mi-temps, où les joueurs en profitent pour lâcher des autographes. Et, sans se mentir, prendre un peu de repos avec ce soleil étincelant où il leur est difficile de trouver un second souffle. Mort de rire, Clarence Seedorf balance quelques vannes. « Vous voyez, je suis toujours en forme. Mais je ne vais pas reprendre ma carrière pour autant » , lâche-t-il en massant ses cuissots monstrueux. La joute reprend sous les hurlements venus de l’extérieur du Palais. Se mêle aux frénétiques supporters xeneize, une poignée d’opposés au foot business ( « UEFA, cadeau fiscal » , « stop au footage de gueule » ). Mais les tricots (de Boca, de l’Argentine, du Napoli) estampillés du numéro 10 s’agitent de plus belle. Il ne peut s’agir que d’une chose : la rentrée d’El Pibe de Oro sur le terrain.
Ni une ni deux, l’Argentin claque une passe décisive sur son premier ballon touché. Malgré de nombreux kilos en trop, un vilain botox et la complaisance collective, Diego garde la grinta et le regard pénétrant du gamin d’Argentinos Juniors. Qu’importe si les genoux ne suivent pas toujours.
Angelo fait partie de la section napolitaine à Paris. Ancien fidèle du San Paolo, le père de famille parle de l’homme comme d’une divinité. « Maradona, c’est le Napoli. C’est mon héros. Plus qu’une légende, il est devenu mythologique avec les années. (Se tournant vers son marmot) Quand tu auras 10 ans, tu entendras parler de lui » , avant de nous souffler qu’il n’a pas réussi à convaincre sa femme d’appeler leur enfant Diego – le couple se marre. Dans l’arène, les bonnes habitudes ne changent décidément pas. Materazzi s’empresse d’aller mettre une pression dingue sur Webb lorsque Hierro rentre dans l’espace réservé à son gardien pour récupérer le ballon (règle interdite en 5 vs 5). L’arbitre anglais, hilare, cède sous les pression de l’Italien. Ce sera un penalty, que s’empresse de convertir Diegol.
Au bord du terrain, Yacila hurle comme à la Bombonera. Accréditation presse autour du cou et sourire jusqu’aux oreilles, l’Argentin a réussi à gruger l’organisation. Maradona en plante encore un… contre-son-camp (l’égalisation à 8-8). Cette partie ne pouvait se terminer autrement (en dépit de l’annonce de Webb), comme un symbole de cette nouvelle amitié brésilo-argentine. Yacila ne regrette pas d’avoir pété le budget vacances pour cette folie. Parce que « le football, chez moi, c’est pas un sport, c’est la vie » .
Team Maradona : Angelo Peruzzi – Marco Materazzi, Ciro Ferrara, Clarence Seedorf, David Trezeguet, Diego Maradona. Team Pelé : Dida – Fernando Hierro, Rio Ferdinand, Bebeto, Hernán Crespo et surtout… Guy Laurent (manager marketing à l’UEFA).
Par Florian Lefèvre et Eddy Serres, au Palais-Royal