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On était aux 20 ans des Red Tigers
Figure du paysage ultra français, le groupe lensois des Red Tigers fêtait son vingtième anniversaire ce lundi lors de la rencontre entre le Racing et le Havre. So Foot y était.
Juste en face de la gare SNCF de Lens se situe la Loco, un bar où il est également possible de déguster un kebab et autres victuailles. Mais ce rade, c’est aussi et surtout le repère des Red Tigers (RT), le principal groupe de supporters des Sang et Or qui a fêté son vingtième anniversaire ce lundi face au Havre. 20 ans à supporter et défendre les couleurs du RC Lens partout où il se rend, à chanter et poser leur bâche dans toute la France. Et dans toute l’Europe. De Valenciennes à Marseille en passant par Chypre ou Bucarest. Il est à peine 16h lundi, mais une centaine de ces fans du RC Lens s’y est déjà retrouvée pour un apéro d’avant-match. « Normal, on est tous au chomdu » , lance un supporter histoire d’anticiper toute blague vaseuse sur le taux de chômage dans la région. Avant de souffler cette vingtième bougie en Ligue 2 ( « Ça devient une habitude, confie un des ultras. On avait aussi fêté nos 15 piges en seconde division » ), l’ambiance est à la fête à la Loco. Plus les heures passent, plus le contingent augmente. Ça parle de tout et de rien, du tifo de ce soir (mais pas trop), du tournoi de supporters organisé chaque année à Leeds ou Preston, du futsal ( « Il n’y a pas que Paris ! » ), de l’ancien local, de Thiriez le « dictateur » , dixit Iggins, un responsable des RT, et de la répression subie par les ultras et en particulier par les Stéphanois et les Montpelliérains récemment visés. Ça chante avec les six copains italiens de Mantova spécialement venus en avion pour cet anniversaire. Ici, tout le monde se connaît. « C’est une vraie famille, raconte l’un d’entre eux. Certains présents de ce soir étaient déjà là en 1994… »
À 18h30, environ 300 Tigers et sympathisants se préparent à rejoindre le stade Bollaert en cortège. En plus des RT, plusieurs dizaines de supporters lambdas s’incrustent dans la masse. Quelque chose de « vraiment étonnant » pour les ultras, le comportement de ces derniers ayant souvent été pointés du doigt par le reste des fans lensois depuis leur création. Sur le trajet, c’est un joyeux bordel.
Bombas à foison, chants puissants. Les torches sont tellement nombreuses que la rue de la paix (qui n’a jamais aussi mal porté son nom) est complètement enfumée. On n’y voit pas à deux mètres et les forces de l’ordre (accompagnées de la… police scientifique !) sont légèrement débordées par l’ampleur du cortège. « À Lens, on est les rois de la désorganisation ! » , s’amuse un présent. Pour les ultras, c’est une surprise. Initialement prévue pour quelques centaines de supporters au maximum, la marche jusqu’au stade a finalement réuni plus d’un millier de personnes. Et, puisqu’il est utile de le préciser par les temps qui courent, sans le moindre incident. Arrivé au stade, le groupe réalise une dernière photo et s’installe vite dans la Marek, leur tribune, pour préparer les ultimes détails du tifo de ce soir. À la buvette, un supporter du LOSC qui accompagne un de ses potes fan du RCL explique pourquoi il vient à Bollaert : « Les Lillois ont un beau stade, mais, malheureusement, c’est un public de bobos. Certains tentent d’y mettre de l’ambiance, mais c’est compliqué. Ici, c’est différent… Il y a un véritable engouement populaire. »
« Merci Tigers »
Quinze minutes avant la rencontre, les Tigers commencent à dévoiler leur animation. Et force est de constater qu’elle est plutôt originale ! Pour fêter cet anniversaire, les ultras lensois ont eu la belle idée de confectionner un tifo-livre de six pages. À la première voile représentant la couverture d’un bouquin sur leur groupe succède deux doubles pages où sont dessinés plusieurs symboles de leur histoire. Une animation presque parfaite, le dos du livre ayant malheureusement été ramené trop rapidement.
La vidéo de l’animation (à partir de 0’55) :
Quoi qu’il en soit, ça en jette et les Tigers ont quand même l’air satisfait. « C’est une idée qui date d’un bon bout de temps, explique Iggins. Cela a représenté près de six mois de boulot, des week-ends entiers consacrés à sa réalisation. Ce matin, nous avions un rendez-vous à 9h pour commencer à mettre en place le tifo… » Beau joueur, Eurosport, pourtant en bisbille avec ce groupe membre du collectif SOS Ligue 2, offrira même quelques gros plans du spectacle à ses téléspectateurs quelques instants avant la rencontre. Si cette animation a été de grande qualité, en tribune, en revanche, les chants ont un peu de mal à décoller. Les Havrais ouvrent le score peu après le quart d’heure de jeu et les joueurs du Racing galèrent à se procurer des situations dangereuses. L’ambiance s’en ressent forcément même si la Marek ne lâche rien et offre deux/trois jolies gueulantes à son équipe.
À la mi-temps, pas de repos. Une nouvelle animation plus classique se met en place, tout aussi réussie que la précédente.
(crédit vidéo : Bastien Poupat/lagrinta.fr)
Le deuxième acte est stressant, les joueurs nordistes sont brouillons et n’arrivent pas à se procurer d’occasions. Dans le temps additionnel, le RCL se procure un dernier corner et Areola monte. Tout le stade y croit et le milieu malgache Lalaïna Nomenjanahary arrive à placer sa tête dans les filets havrais. Bollaert exulte et le rugissement qui s’élève du bloc des Tigers est impressionnant. L’arbitre siffle la fin du match, mais celui des ultras n’est pas encore terminé. Bien décidés à fêter leurs 20 berges de belle manière, ils offrent à tout le stade un feu d’artifice avant de craquer, avec l’autorisation du club, une cinquantaine de torches sur la pelouse. « Quelque chose d’impensable il y a quelques années, nos relations se sont énormément améliorées ces derniers mois » , précise un membre actif du groupe.
Des « Merci Tigers » claquent dans toutes les tribunes et un vidéo-clip retraçant l’histoire du groupe est diffusé sur les écrans géants du stade. Quelques dédicaces à « TGM » (le seul interdit de stade du groupe, IDS depuis deux ans et ayant encore une année à tirer) plus tard et un léger envahissement de la pelouse par le noyau des Red Tigers, tout le monde remballe. Direction la Loco où la soirée est loin d’être terminée… On n’a pas tous les jours 20 ans !
Par Antoine Aubry avec Leandro Lopes, à Lens