- France – U21 – Tournoi national
On était au tournoi national U21 de Ploufragan
Ce week-end, le centre technique de Bretagne basé à Ploufragan, dans les Côtes d’Armor, accueillait la 16e édition du tournoi national U21. Soit 8 équipes d’aspirants pros venues de toute la France disputer l’une des compétitions les plus cotées du genre. Rennes a conservé son titre devant le même finaliste que l’an dernier, Lens, tandis que les Sudistes Marseille et Nice en ont bavé. On vous raconte.
« En Bretagne, il pleut que sur les cons » , raconte un fameux dicton local. La réalité est en fait un peu différente : il pleut que sur les cons – ou les courageux, ou les flemmards – qui n’ont pas su/pu se trouver un abri. En l’occurrence, au stade principal du Centre technique Henri Guérin de Ploufragan, il n’existe qu’une seule modeste tribune couverte pour empêcher de subir les averses qui n’ont cessé de tomber la journée de dimanche (c’est ballot, il a fait un temps magnifique dans le coin les trois semaines précédentes). Pour ceux qui n’ont pas trouvé place dans ladite tribune, il faut donc s’accommoder de la main courante, les pieds dans la flaque et les yeux qui plissent plus souvent pour éviter les bourrasques que le soleil.
En ce 28 juillet, voici donc Ploufragan, dans la baie de Saint-Brieuc. Le grand « V » qui coupe le département des Côtes d’Armor en deux, pour les amateurs de géographie. Et pour ceux qui n’y entravent que dalle, sachez qu’il est là question de la Bretagne, le phare ouest de la France. Dans le coin, traditionnellement, on cultive deux sortes de sportifs : du fada de bicyclette (Bernard Hinault en référence historique, Laëtitia Le Corguillé, vice-championne olympique 2008 de BMX, en repère plus récent) et du footeux. Coincé entre Guingamp et Rennes, le stade Briochin peine certes à exister, mais de très bons joueurs sont issus du secteur. Par exemple, rien que dans l’effectif actuel du Stade rennais, deux joueurs viennent du coin : Julien Féret et Kevin Théophile-Catherine. Avec, pour ce dernier, une préformation dans ce fameux centre technique Henri Guérin de Ploufragan, le Clairefontaine du BZH, qui organise chaque année depuis 1998 son tournoi national U21. Lors des 15 précédentes éditions, quelques fameux joueurs ont foulé la pelouse ploufraganaise : Roux, Saivet, Ben Yedder, Didot, Varane, Anin…
Nice déçoit, l’OM fidèle à sa réputation
Les aspirants pros qui disputent cette année la compétition sont nés entre 1992 et 1996. Ils savent qu’en cas de bonnes performances, ils ont la possibilité de taper rapidement à la porte de l’équipe première. Voire de séduire les quelques recruteurs externes présents sur place. On note d’ailleurs, parmi les partenaires de l’évènement, la présence de Scout 7, une firme qui fournit des outils de supervision de référence pour les professionnels du repérage de footeux. Huit clubs étaient au départ de cette 16e édition : Nice, Rennes, Guingamp et Le Havre dans le groupe A, Lens, Marseille, Lorient et Laval dans le B. La phase de poules avait lieu vendredi et samedi, avant les matchs de classement et la finale dimanche. L’OM, fidèle à sa piètre réputation de club formateur, a terminé dernier de son groupe. Plus surprenant par contre, c’est l’OGCN qui, dans l’autre groupe, a fermé la marche. Les Aiglons, qui venaient à Ploufragan pour la première fois, étaient pourtant annoncés comme de potentiels vainqueurs, eux qui ont fait parler en matière de formation récemment, en remportant notamment la Gambardella 2012.
Les deux centres de formation sudistes se sont donc disputés la dernière place dimanche matin. Résultat : 0-0 au bout d’une heure de jeu (un match dure deux fois une demi-heure), 1-0 pour Marseille aux tirs au but. L’entraîneur niçois Manu Pires a dû se contenter de soulever le trophée du fair-play, ce qu’il a fait en tirant un peu la tronche… Lorient termine 5e, dominant Le Havre 3-1 lors du second match de classement. Dimanche après-midi, place à la petite finale, puis à la grande. Guingamp contre Laval, d’abord. La tribune est déjà pleine, la main courante bien garnie et la pluie a, ô miracle, décidé de se barrer ailleurs, au moins pour un temps. Guingamp, qui n’est qu’à une trentaine de kilomètres de là, a forcément la faveur du public. D’ailleurs, les protégés de Coco Michel et de Lionel Rouxel dominent globalement les débats, mais sans pouvoir réussir à concrétiser leur maîtrise du jeu. À noter tout de même dans les rangs rouge et noir la grosse activité du latéral gauche Vital N’Simba, ex-capitaine de la réserve bordelaise et nouvelle recrue qui pourrait rapidement intéresser Jocelyn Gourvennec pour la A… Côté Tangos, Maxime Hautbois, élu meilleur gardien du tournoi, rassure ses troupes, lesquelles finissent par trouver la faille à 7 minutes de la fin : mauvaise relance guingampaise, contre-attaque adverse rapidement menée et conclue par Sehrou Guirassy. Dans la foulée, Julien Bègue est proche de l’égalisation pour l’EAG, mais son petit lob piqué passe de peu à côté. Jolie performance du Stade lavallois, qui termine donc troisième du tournoi.
Le réservoir rennais de Montanier
Place maintenant à la grande finale, redite de celle de l’an passée entre le Stade rennais et le RC Lens. La sono crache du Fatboy Slim, le barbeuc de la galette-saucisse et la buvette de la mousse. Malgré les gouttes, on est bien et le match est annoncé prometteur. Un papy présent depuis le début du tournoi l’a affirmé : « Ah, c’est les deux meilleurs. Ouais, les deux meilleurs. Les deux meilleurs ! » Il est tellement convaincant qu’on est obligé de le croire… L’Équipe 21 a même décidé de capter cette après-midi bretonne champêtre en direct live. Les Nordistes d’Éric Sikora aimeraient prendre leur revanche par rapport à l’année passée, mais le challenge s’avère difficile face à des Stadistes qui évoluent quasiment à domicile et que les pronostics annoncent favoris, si d’aventure des Chinois ont décidé de miser quelques yuans sur l’issue du tournoi. Peu après le quart d’heure de jeu, Sébastien Salles Lamonge, le plus jeune joueur du groupe rennais, ouvre d’ailleurs la marque d’une puissante frappe sous la barre. Idem après 5 minutes de jeu en deuxième période, avec cette fois Steve Furtado à la conclusion, toujours d’une même praline sous la transversale. Malgré la présence de deux golgoths en défense, l’arrière-garde lensoise galère. La réduction du score de Julien Leghait (2-1) cinq minutes plus tard ne change rien, Rennes garde sereinement son avantage au score et conserve son titre.
Les Bretons raflent aussi les récompenses individuelles : l’attaquant Pierre-Yves Hamel, sorti en finale sur blessure, est élu meilleur joueur et le milieu Ahmad Allée, révélation des matchs de poule, meilleur espoir. En attendant de voir ce dernier éclore en plus haut niveau, on devrait rapidement entendre parler de son grand frère Zana Allée, qui a profité des matchs de préparation de la A pour impressionner son nouveau coach Philippe Montanier. À noter aussi la grosse performance en finale du meneur Maxime Etuin. Des noms qui parlent peut-être déjà aux fans de Foot Manager. Des noms qui parleront certainement bientôt aux fans de la L1.
Par Régis Delanoë, à Ploufragan