- Coupe du monde féminine 2019
On était au tirage au sort de la Coupe du monde féminine
Ce samedi à la Seine musicale, Louis Saha et Alex Scott dirigeaient le tirage au sort de la Coupe du monde féminine 2019, du 7 juin à Paris au 7 juillet à Lyon. En compagnie d'Amanda Davies et Denis Brogniart. On est allé prendre la température de l'événement.
Un pouce tourné vers le haut comme un signe de réussite. À 181 jours du coup d’envoi de la Coupe du monde 2019, le 7 juin, le Landerneau du football mondial version féminine se réunissait samedi à la Seine musicale pour le tirage au sort des poules. Et à l’arrivée sur l’île Seguin (Boulogne-Billancourt), aucun participant ne pouvait rater l’imposante sculpture de César. Six mètres un tantinet phalliques acquis à la rentrée par le complexe musical, lui-même inauguré en 2017 par un concert du prix Nobel de littérature 2016, Bob Dylan. Moins de dix kilomètres plus loin, les échanges étaient musclés entre CRS et manifestants catégorie casseurs. Un autre monde. Ici, la sécurité est en costard et les participants les plus bruyants sont les joueuses des clubs invités par la FIFA à garnir la salle de la Seine musicale.
New York Times et main de Dédé
Plus calmes, des journalistes du monde entier garnissent la tribune de presse. Le New York Times est là, de même que la presse japonaise : « Notre équipe est l’une des meilleures au monde, justifie un membre de la délégation nippone. Elle a pour ambition de reconquérir le trophée (le Japon est champion du monde 2011 et finaliste 2015, N.D.L.R.), nous la suivons régulièrement. Nous nous devions évidemment d’être présents pour le tirage. » Ce n’est donc pas pour Denis Brogniart que les Japonais sont venus. Ni pour Amanda Davies, journaliste sportive sur CNN et co-présentatrice ce soir, qui insiste sur le parallèle entre Paris, ville-lumière, et le slogan du Mondial 2019 : « Dare to shine » ( « Le moment de briller » en VF). Comme si le grand tournoi français était celui qui devait définitivement lancer le football féminin vers des sommets de popularité.
En attendant, après un show introductif entre ombres chinoises, hip-hop et freestyle de qualité balle au pied, le plus acclamé des participants au tirage est très nettement Didier Deschamps. Que ce soit l’ancien Mancunien Louis Saha et la Gunner Alex Scott, maîtres de cérémonie, ou encore Marie Bochet, Kaká, Mia Hamm, Michael Essien, Aya Miyama ou Steffi Jones (les mains innocentes), personne ne peut tester le double champion du monde à l’applaudimètre. Il est d’ailleurs le seul à avoir le droit à la parole à son arrivée sur scène. Pour refuser tout conseil à son homologue Corinne Diacre, qui « connaît mieux le football féminin que moi » . Dont acte. En anglais, avec un accent pas forcément là pour faire honneur à ses treize années passées en Premier League, P’tit Louis Saha peut lancer le tirage.
France-Corée du Sud, Angleterre-Argentine, Brésil-Jamaïque
Mais d’abord, un petit tour par la loi. Avec la bonne idée du jour : un clip mettant en scène Alex Scott et ses faux airs de Meghan Markle en maîtresse d’école, chargée d’interroger des enfants sur les règles du tirage. On ne comprend pas toujours tout, mais au moins, c’est mignon. Pour le reste, on peut éventuellement faire confiance à la FIFA pour éviter les « petites magouilles » chères à Michel Platini, et à Didier Deschamps pour chauffer la salle : première boule tirée, boom, la France est sortie. La suite ? Un groupe resserré pour les Bleues (Norvège championne du monde, Nigeria triple championne d’Afrique en titre et Corée du Sud pour le match d’ouverture au Parc des Princes), un bouillant Brésil-Argentine empêché par lesdites règles et remplacé par un politique Angleterre-Argentine, un Brésil-Jamaïque qui promet d’ambiancer Grenoble le 9 juin, ou un choc France–États-Unis possible dès les quarts de finale, au Parc des Princes, si les deux équipes terminent premières de leur groupe.
En zone mixte, la sélectionneur français ne fera pas de révélations fracassantes pour pimenter la soirée : « C’est un groupe relevé, mais quand on voit les 23 équipes qualifiées, je ne m’attendais pas à autre chose, expose Corinne Diacre. L’idée, c’est de finir premières et d’aller le plus loin possible. Le niveau se relève vraiment, l’écart entre les équipes diminue. » Et quand on demande leur avis aux joueuses du FC Rueil-Malmaison… elles n’en ont pas vraiment. Au contraire, Blandine, capitaine des U16 et onze ans de football dans les jambes, confesse ne connaître quasiment aucune équipe et suivre surtout le foot masculin. Pour Marina, Inès, Sarah, Célya, Yousrah, Soline ou Loane, idem. Mais la Coupe du monde sera pour elles l’occasion de s’y intéresser, promettent-elles. Alors, avec leurs comparses de l’Olympique de Neuilly ou de l’Athletic Club de Boulogne-Billancourt, peut-être commenceront-elles à porter des maillots floqués Sarah Bouhaddi, Marie-Antoinette Katoto ou Delphine Cascarino. Il y a encore du chemin à parcourir. Mais l’important, c’est de faire le premier pas.
Par Eric Carpentier